Finances News Hebdo N° 1074

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 29 JUILLET 2022

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spreads stables et bas entre les taux italiens et allemands. Cette opération de rachats de dettes a donné lieu à une création moné- taire colossale, avec là encore pour impact à long terme, une déprécia- tion de la valeur de l’Euro. Enfin, la crise du COVID-19 vient parachever cette fuite en avant monétaire. Pour éviter un effondre- ment de l’économie réelle et une envolée des taux sur les dettes sou- veraines, la BCE décide d’accélérer la dynamique de rachat des obliga- tions d’Etat, afin de permettre aux différents gouvernements de mettre en place des politiques de soutien aux entreprises et aux ménages, puis par la suite des politiques de relance. Ainsi, entre 2019 et 2020, le taux de croissance de la masse moné- taire est passé de 5 à 12%. Cette progression est la plus rapide et la plus importante depuis la création de l’Euro. Aux Etats-Unis, sur la même période, la masse monétaire a crû de 25% ! Croire que cela ne va pas à terme générer de l’inflation, voire de l’hy- perinflation, relève de la pure folie. D’autant plus qu’en face, les éco- nomies européennes sont sorties exsangues des différentes politiques de confinement. Une situation exa- cerbée par la désorganisation des chaînes d’approvisionnement à l’échelle mondiale et les surcoûts au niveau du transport de fret. Résultat des courses : une inflation rampante commence à s’installer en Europe, aux Etats-Unis, puis de plus en plus un peu partout dans le monde à partir de début 2021, avant d’être exacerbée à partir de février 2022 par le conflit en Ukraine, qui ne fut qu’un simple catalyseur. Mais contrairement à 2012, date à laquelle les dettes souveraines euro- péennes étaient déjà très élevées, en 2022 elles ont atteint des niveaux tout simplement insoutenables à terme. A titre d’exemple, la dette italienne est passée de 126% du PIB en 2012 à 150% en 2022. En France, elle est passée de 90 à environ 115% en 2022. Tout cela dans un contexte de réces- sion économique globale, d’une inflation totalement hors contrôle, d’une crise énergétique sans précé-

dent, d’un Euro qui dégringole face au Dollar (la parité est désormais atteinte pour la première fois en 20 ans) et d’une BCE confrontée à un choix cornélien : sauver l’Euro en rehaussant de manière importante les taux directeurs, au risque de pro- voquer une envolée des taux sur la dette italienne, ou sauver les dettes des pays du Sud en maintenant un

taux directeur bas et en achetant massivement des obligations d’Etat, au risque de perdre l’Euro, qui risque de casser la parité face au Dollar, et à s’effondrer littéralement. Un futur pas très lointain nous le dira Le problème est que comme rien n’est prévu dans les statuts pour per-

mettre à un Etat de sortir de l’Euro, le seul moyen d’y parvenir est de quitter l’UE. Voilà peut-être une occasion historique de repenser une nouvelle Europe, plus respectueuse de la sou- veraineté des Etats membres, plus autonome stratégiquement vis-à-vis des Etats-Unis, plus réaliste écono- miquement, et surtout plus démocra- tique. ◆

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