VENDREDI 29 JUILLET 2022 / FINANCES NEWS HEBDO
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leur ville. Et parfois les ressources humaines étaient insuffisantes, ce qui explique les longs délais pour accéder aux soins ou se faire diagnostiquer. Notre système de santé a commencé à devenir réactif et adaptatif dès le début de la pandémie, grâce à une forte mobilisation des ressources humaines dispo- nibles dans le public, dans le privé ou dans les forces armées. Egalement grâce à une allocation de ressources financières impor- tantes et exceptionnelles qui ont dépassé largement celles du ministère de la Santé, et à une approche transverse qui a impliqué plusieurs ministères, dont ceux de l’Intérieur, des Finances ou de la Défense nationale. La pandémie de la Covid-19 a été une grande leçon pour tous les pays, dont la plupart ont remis en cause leurs approches en matière de santé. Dieu merci, notre pays a fait preuve de résilience face à cette crise sanitaire et à ses conséquences socioéconomiques. Les pertes humaines, bien qu’importantes (près de 16.000 décès), restent très faibles en com- paraison à d’autres pays, y compris les plus développés qui ont déploré des centaines de milliers de pertes. Par contre, les enseigne- ments ont été très riches pour notre pays qui a connu une profonde transformation (travail à distance, digitalisation, livraisons à dis- tance et nouvelle approche de notre système de santé). La pandémie passera, mais ces dernières transformations resteront durables pour de multiples raisons. F.N.H. : Qui dit généralisation de l’as- surance maladie, dit une augmen- tation de la demande de services de santé, de médecins, de médica- ments… Qu’est-ce que cela implique pour le système de santé marocain dans sa globalité ? A. B. : Effectivement, cette inclusion de 22 millions de citoyens supplémentaires se traduira par une forte demande en soins, y compris en hospitalisations, en médicaments et en dispositifs médicaux. Certaines de ces composantes de soins sont très coûteuses, ce qui nécessitera une mobilisation de finan- cements importants. Dans ce contexte, notre approche de ces dépenses doit être celle des dépenses-investissements et non pas de dépenses-pertes. La vie des citoyens et leur santé sont le bien le plus précieux, leur sauvegarde mérite tous les investissements possibles et soutenables. F.N.H. : Ce grand projet nécessite une enveloppe budgétaire consé- quente. Comment réussir le finan- cement d’un tel chantier et quelles sont les prochaines étapes ? A. B. : Je rappelle que pour ce méga-chan-
Le Roi Mohammed VI lors de la pose de la première pierre du site de Sensyo Pharmatech à Benslimane, au Maroc, le 27 janvier 2022.
tier, une enveloppe annuelle de 51 milliards de DH est mobilisée, dont 14 milliards de DH pour la couverture sanitaire universelle et 37 milliards pour la protection sociale, alors que le budget du ministère de la Santé pour les années précédentes n’a pas dépassé les 6% du budget du gouvernement. Maintenant, bien malin celui qui pourra dire si ce budget sera suffisant face aux énormes besoins ou s’il n’y aura pas des dérapages avec des soins injustifiés ou des abus, et si les besoins des citoyens en santé seront satis- faits de manière raisonnable et acceptable. Seul l’avenir nous le dira. F.N.H. : Meilleure gouvernance du médicament et de l’industrie phar- maceutique, un système de santé plus solidaire, promouvoir la recherche scientifique... Autant de finalités que le Maroc compte réa- liser pour atteindre sa souveraineté sanitaire. Comment y parvenir ? A. B. : La souveraineté sanitaire est juste- ment le mot-clé. Il est important que notre pays ait le contrôle sur le devenir de sa population en matière de santé, de médica- ments et de dispositifs médicaux. Cela passe par la substitution des importations par la fabrication locale et le renforcement de cette dernière, mais aussi par la diversification des sources d’approvisionnement dans le cas des produits non fabricables au Maroc. Mais il est impossible d’envisager un secteur de médicaments ou de dispositifs médi- caux dans le cadre de cette CSU, où la libre concurrence ne joue pas. Celle-ci est tou- jours profitable aux patients, aux organismes gestionnaires de l’assurance maladie et aux différents fournisseurs de soins. Or, pour faire jouer la concurrence, il faut une offre riche et diversifiée et celle-ci ne peut avoir lieu s’il n’y a pas d’autorisations de commer- cialisation accordées rapidement aux opéra-
teurs. Malheureusement, les délivrances des autorisations de mise sur le marché (A.M.M.) des médicaments et les autorisations de commercialisation des dispositifs médicaux connaissent un très grand retard et, évidem- ment, le perdant est avant tout le patient. F.N.H. : Le Maroc va se doter d’une usine de vaccins, dont la première pierre a été posée en janvier. Quel serait l’apport de ce projet industriel basé à Benslimane pour le continent ? A. B. : En effet, il y a deux projets concer- nant les vaccins. Il y a celui de Sothema, qui produit déjà les vaccins de Sinopharm, et le mégaprojet Sensyo Pharmatech de Benslimane, avec la production en fil & Finish dans un premier temps et la production pro- prement dite des principes actifs dans un 2 ème temps. Cette unité, qui a bénéficié de finan- cements très importants, est en cours de montage. Ce sont là de véritables éléments de la future souveraineté vaccinale du Maroc et son indépendance en matière d’approvi- sionnements en vaccins non seulement pour la Covid-19, mais aussi pour d’autres patho- logies. De plus, ces projets permettront de réduire la facture à l’importation des vaccins qui ont dépassé rien que pour la Covid-19 les 6 milliards de DH en 2021. Avec cette fabrication de vaccins, le Maroc entrera dans le club très fermé des fournisseurs mondiaux de vaccins, avec une production qui per- mettra aussi de couvrir en grande partie les besoins de l’Afrique. Toutes les réalisations en cours n’auraient pas pu voir le jour sans les orientations Royales de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mais aussi son implication directe et sa supervision de ces chantiers géants. Sa Majesté, que Dieu le Glorifie, a imposé à ces reformes et réalisations un rythme et une cadence jamais atteints par le passé. L’année 2022 sera une année histo- rique pour la santé des Marocains. ◆
La généra- lisation de la protec- tion sociale constituera une totale rupture avec un passé où une bonne partie de la population était soit exclue de l’offre des soins, soit incluse dans un système de santé à deux vitesses.
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