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LE FINANCEMENT FÉDÉRAL TOUJOURS INATTEIGNABLE POUR LA MAISON INTERLUDE
rurale et francophone, est encore une fois laissée de côté », a déploré Mme Muriel Lalonde, directrice générale de MIH. « Pour protéger la confidentialité de nos partenaires, nous ne sommes pas en mesure de discuter de projets spécifiques, » a indiqué la SCHL. La SCHL refuse de divulguer le nom des organismes qu’ils ont financés pour ne pas divulguer la location des maisons d’hébergement et des maisons des transition, assurant ainsi la sécurité des femmes hébergées. Pourtant, la SCHL a refusé d’expliquer à la Maison Interlude les raisons de leur refus, l’organisme même qui a fait la demande. C’est d’ailleurs un représentant de la SCHL qui a initié le contact avec MIH au sujet du financement disponible en octobre 2018. En novembre dernier, MIH a encore reçu une mauvaise nouvelle : une autre demande, cette fois-ci visant du financement initial, a été refusée par manque de fonds du programme. MIH a tenté de communiquer par écrit avec le ministre responsable de la SCHL, l’honorable Ahmed Hussen, depuis le mois d’août 2022, mais ses lettres demeurent sans réponse. « Tout ce qu’on demande, ce sont des réponses. On veut comprendre pourquoi notre projet n’a pas été retenu malgré qu’il soit parfaitement ficelé, qu’il soit le plus avancé selon Hébergement Femmes Canada et qu’il réponde à tous les critères que doit prioriser la SCHL », a expliqué Mme Lalonde. MIH est un organisme à but non lucratif, fort de 40 ans d’expérience, qui a su démon- trer l’excellence de ses services de même que sa saine gestion des fonds qui lui sont confiés par le gouvernement provincial. En plus de diriger une maison d’héberge- ment à court terme pour les femmes victimes de violence ainsi que leurs personnes à charge, MIH offre une multitude de services d’approche. Ces services soutiennent les femmes qui souhaitent quitter un milieu violent, mais qui n’ont pas forcément besoin d’hébergement d’urgence. Offerts en français et en anglais, ces services sont donnés dans les six bureaux satellites de l’organisme. Chaque année, MIH accompagne plus de 500 femmes victimes de violence, dans les comtés de Prescott, Russell, Stormont, Dundas et Glengarry. Une pénurie de logements aux conséquences dramatiques Depuis plus d’un an, la maison d’héber- gement MIH affiche complet pratiquement en permanence. Si les restrictions liées à la Covid sont partiellement responsables de cette réalité, c’est surtout la durée du séjour des femmes qui entre en ligne de compte. Même si les femmes sont prêtes à quitter l’hébergement d’urgence, elles doivent y demeurer puisqu’aucun logement n’est disponible pour les accueillir. Aujourd’hui, la plupart des femmes demeurent de six à neuf mois à la maison d’hébergement. Il y a cinq ans, les séjours duraient rarement plus de trois mois. Une maison de deuxième étape aiderait également à amoindrir les conséquences de la pénurie de logements actuelle qui, pour la clientèle de MIH, peut entraîner des conséquences dramatiques.
« Ça demande énormément de courage aux victimes de violence pour nous contacter et demander de l’aide. Si elles le font, c’est qu’elles n’ont aucun autre endroit où aller pour fuir l’abuseur et sont donc extrêmement vulnérables. Lorsqu’on affiche complet, on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour trouver un autre établissement sécuritaire pour ces femmes, mais ce n’est pas toujours possible. Qu’advient-il de ces femmes? Combien de féminicides devront avoir lieu dans notre région avant que les autorités agissent? », a conclu Mme Lalonde. Au Canada, tous les six jours, une femme est tuée par son conjoint ou ex-conjoint. Le 25 novembre 2022, l’Ontario Association of Interval Houses (OAITH) a publié une liste dans laquelle 52 femmes et filles ont perdu la vie à cause d’un féminicide en Ontario, entre 2021 et 2022. De ce nombre, 17 % des victimes de fémi- nicide ont été tuées dans une région rurale. Les femmes victimes de violence en milieu rural sont souvent confrontées à des risques et à des obstacles supplémentaires, notam- ment l’isolement physique et social, les longues distances entre voisins, l’absence ou le manque de transports accessibles, les services limités, le manque d’anonymat, les responsabilités liées aux animaux et au bétail et le nombre limité de logements abordables. Plus de 50 femmes de Maison Interlude House sont présentement en attente d’un logement abordable. Selon la Fondation canadienne des femmes, plus de 6 000 femmes et enfants dorment chaque nuit dans des refuges afin d’échapper à la vio- lence familiale. Les enfants qui sont témoins de violence au foyer présentent un taux deux fois plus élevé de troubles psychiatriques que les enfants issus de foyers non violents. Selon un sondage de 2019 de Statistiques Canada, il existe uniquement environ 124 maisons d’hébergement de deuxième étape au Canada, comptant un total de presque 900 unités. Et pourtant en 2018, près de 80 000 femmes, dont environ 25 000 en Ontario (31%), ont été l’objet de violence aux mains d’un partenaire intime. L’ampleur et la por- tée de la violence conjugale au Canada sont indéniables, et ce depuis des décennies. Les réponses sociétales à ce problème continuent d’être modestes, ne faisant qu’effleurer la surface. La crise du logement abordable est au cœur de cette probléma- tique. L’accessibilité à des logements abor- dables, comme c’est le cas avec ce projet de maison de deuxième étape, permettrait aux femmes victimes de violence conjugale de quitter le foyer abusif et se trouver un logement où elles peuvent vivre à