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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 8 JUILLET 2021
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très difficiles, les limitations de change, etc. L’Etat doit faciliter les procédures et encoura- ger la création des start-up. Des mesures sont prévues dans la charte d’investissement, mais cela traîne depuis des années… Il est peut-être préférable de considérer le chantier start-up de manière indépendante. F.N.H. : Où en êtes-vous, actuellement, au niveau des réalisations de la feuille de route de l’APEBI ?
A. Z. : Aujourd’hui, nous travaillons étroitement avec le ministère de l’Economie verte et numérique. Je suis fier de la dynamique collec- tive entamée et la confiance que nous porte le ministre. Ce dernier, et avec le support de ses équipes, nous accorde une écoute particulière. Des
Amine Zarouk : «Le digi- tal est un mouvement universel et irréversible sur le plan économique, sociétal et culturel».
projets concrets sont en cours de réalisa- tion. Nous sommes aussi en discussion avec de nombreuses Fédérations sectorielles pour accompagner la transition digitale des écosys- tèmes économiques du pays. Nous avons une année chargée devant nous afin de convaincre toutes les parties pre- nantes, vraiment sans exception, de prendre le train (à très grande vitesse) du digital. A ce jour, nous avons entamé quatre chantiers majeurs avec des actions concrètes : accom- pagner l’attractivité économique et industrielle du pays à travers une véritable marque digitale marocaine. Aussi, accompagner la régiona- lisation avancée, en créant un écosystème d’innovation digitale, intégré verticalement et horizontalement (État, collectivités, universités, entreprises privées, start-up). Nous avons à cet effet signé des conventions avec six CRI et avons initié l’ouverture d’antennes régionales de l’APEBI, avec une logique adaptative aux besoins des territoires. Investir le noyau culturel en institutionnalisant le digital dès le plus jeune âge et en créant un diplôme national spécialisé en la matière. Enfin, créer des mécanismes innovants de financement pour soutenir et accélérer l’inno- vation digitale. F.N.H. : Quelles appréciations faites- vous de l’évolution du chantier e-Gov au Maroc ? A. Z. : L’Etat marocain a quand même fait aboutir de nombreux projets digitaux, notam- ment au service des citoyens et du tissu éco- nomique (Douane, documents administratifs, communication citoyenne, plateforme de vac- cination, etc.). Cela dit, la digitalisation de l’Administration ne doit pas être opportuniste. Elle doit s’inscrire structurellement dans le mode de conception des politiques publiques. Le digital ne doit
pas être dépendant des hommes. La volonté de transformation doit émaner d’un modèle de gouvernance, régulé par des lois et des décrets. Le cas échéant, les projets de digitali- sation n’arriveront pas à leur pleine capacité et seront donc coûteux, voire inefficaces. L’APEBI propose plusieurs solutions : adoption de la e-signature et sa généralisation, généra- lisation des bureaux d’ordre digitaux, mise en place de l’identifiant unique, accompagnement de l’éducation digitale des fonctionnaires, etc. Tous ces sujets ou marchés sont conditionnés par des décisions publiques et/ou politiques telles que l’Open innovation, le PPP, plan de transformation digitale, Digital First, etc. Cela dit, nous devons rester réalistes, patients et persévérants. La transformation digitale n’est jamais aisée, surtout pour l’Administra- tion : « cela équivaut à changer la roue de la voiture sans s’arrêter ». La précipitation dans le numérique et le digital est un poison coûteux et dangereux. F.N.H. : La fuite des cerveaux est un véritable fléau. Avez-vous réfléchi à des mécanismes susceptibles de retenir les compétences marocaines qualifiées dans le secteur IT ? A. Z. : Je n’aime pas beaucoup le terme rete- nir. Nous devons plutôt intéresser nos compé- tences. Le marché du digital est libre et mon- dialisé. Nous ne pouvons pas empêcher des personnes à penser leur émancipation profes- sionnelle sur un territoire. Cela dit, l’enjeu est crucial. Nous pouvons agir sur l’amont et l’aval. D’abord, en démultipliant le nombre d’ingé- nieurs sur le marché du travail. Nous devons être ambitieux. Si nous produisons aujourd’hui 4.000 ingénieurs par an, nous devrions peut- être en produire 12.000. Puis en aval, les entreprises marocaines doivent mieux organi-
ser leur stratégie de recrutement, mais sur- tout leur manière de gérer les carrières. C’est la même configuration qu’une industrie : si elle n’est pas suffisamment compétitive face aux concurrents mondiaux, elle meurt. Si une entreprise n’est pas compétitive en matière d’offre de compétences, elle meurt aussi. Les pouvoirs publics ont également une res- ponsabilité : encourager le recrutement de jeunes talents et créer des incentives pour des profils rares et de pointe. L’APEBI est très sensible à ce sujet. Nous travaillons d’ailleurs étroitement avec le ministère du Travail et des syndicats pour préparer les compétences du futur, que ce soit en termes de formation, de production ou encore de transformation. F.N.H. : La digitalisation est une culture. Sommes-nous prêts à rele- ver le défi du digital ? A. Z. : Le digital est un mouvement univer- sel et irréversible sur le plan économique, sociétal et culturel. Sans l’humain, le digital n’a aucun sens. Sans une culture mature et responsable du digital, celui-ci pourrait même s’avérer contre-productif. La décision et le courage politique sont les ingrédients de base. Puis, le défi devient culturel : l’Open innovation, autrement dit, investir dans le digital plutôt que dépenser. Le Digital First, le digital comme levier prioritaire et non optionnel. Par analogie, si certaines politiques publiques ou législations sont aujourd’hui soucieuses de l’environnement, elles devraient également être soucieuses du volet digital et numérique. Enfin, on peut identifier le Trust by design : faire confiance pour gouverner ou gérer une organisation. ◆
La transfor- mation digi- tale est consi- dérée comme un levier déterminant pour la com- pétitivité des entreprises et leur pérenni- sation.
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