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ECONOMIE
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JEUDI 9 & VENDREDI 10 NOVEMBRE 2023
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l'Etat social, mais aura certainement son revers de la médaille. D’après Abdelkhalek Hassini, également pré- sident du collectif «CADOriental Europe», la réussite de ce chantier est confrontée à une série de défis complexes, allant de la lutte contre la corruption à la réduction de la bureaucratie, l'amélioration de la transparence, la responsabilité et la par- ticipation des bénéficiaires. «L'une des principales contraintes à laquelle fait face ce projet réside dans la nécessité de prévenir les fraudes et les abus. Il est donc indispensable de mettre en place des mécanismes de sécurité et de contrôle rigoureux afin de prévenir ces pratiques indésirables. Dans cette optique, une coopération renforcée entre les institutions concernées, ainsi qu'une sensibilisation accrue des bénéficiaires s'avèrent essentielles pour garantir que les ressources allouées par l’aide sociale directe atteignent, effectivement, ceux qui en ont le plus besoin. En outre, la transparence et la responsabilité doivent être au cœur de cette démarche, afin de renforcer la confiance dans le processus et de veiller à ce que les fonds soient utilisés de manière efficiente» , insiste-t-il. Par ailleurs, Hassini relève que la gestion transparente des ressources financières est un aspect essentiel de ce chantier royal, afin d’éviter tout détournement ou mauvaise gestion. De ce fait, la mise en place de mécanismes de suivi et d'éva- luation est une nécessité. «Il est conseillé d'instaurer des outils de gestion finan- cière robustes et de former le personnel chargé de la gestion du programme sur les meilleures pratiques en matière de transparence et de responsabilité. Grâce à ces mesures, le Maroc s'engage à assu- rer une utilisation responsable et efficace des fonds alloués au programme, pour garantir que chaque Dirham investi ait un impact réel sur la vie des bénéficiaires», précise-t-il. Outre ces différentes contraintes, la logistique demeure un défi de taille pour une accessibilité équitable à l'aide sociale directe dans toutes les régions du pays. Dans ce sens, notre interlo- cuteur estime qu’il est primordial de garantir que les bénéficiaires potentiels, notamment ceux vivant dans des zones rurales ou éloignées, puissent facilement accéder aux services et aux prestations prévus par le programme. À cet égard, Hassini indique qu’il est préconisé d'éta-
La réussite de ce chantier est confrontée à une série de défis complexes, allant de la lutte contre la corruption à la réduction de la bureaucratie.
blir des partenariats avec les acteurs locaux, tels que les associations locales, pour faciliter la distribution des aides sociales et garantir une couverture terri- toriale adéquate. La classe moyenne, le maillon faible Le programme d’aide sociale directe constitue une alternative au recours automatique au système d’aide basé sur la compensation. Par conséquent, l’intro- duction de ce nouveau mécanisme exige la mise en place de certaines mesures nécessaires pour préserver le pouvoir d’achat de la classe moyenne qui, elle, ne bénéficiera pas de ce programme. «Actuellement, la caisse de compen- sation accorde aux citoyens une aide indirecte et toutes les couches sociales en bénéficient. Mais avec le lancement de ce nouveau système d’aide, nous allons passer d’une logique indirecte à une logique directe qui cible uniquement les familles défavorisées» , affirme l’éco- nomiste Mohamed Jadri. Et de poursuivre : «Le succès de cette forme d’aide directe nécessite la mise en place parallèle d’une panoplie de mesures. Etant donné que certains pro- duits, comme le gaz butane, ne seront plus subventionnés par la Caisse de compensation, il est donc indispensable d’introduire des mesures pour limiter la spéculation sur le marché. Il faut sensibi- liser les entreprises et les commerçants afin qu’ils n’augmentent pas leurs prix de manière inappropriée» .
Insistant sur le fait que la classe moyenne sera le maillon faible de cette aide sociale puisqu’elle n’en bénéficiera pas, notre interlocuteur estime qu’il est essentiel de mettre en place, dans les années à venir, une série de mesures, telles que la réforme de l'impôt sur le revenu, la défiscalisation des frais de scolarité ou encore l'augmentation des salaires pour la classe moyenne. «Pour réussir l’Etat social, il faut certes renforcer le pouvoir d’achat des familles à faible revenu, mais il ne faut pas exclure la classe moyenne qui demeure le socle de la paix sociale et de la consommation des biens et services au Maroc» , sou- ligne-t-il. Par ailleurs, l’expert fait savoir que l’aide sociale directe va tout de même per- mettre de créer de la richesse et d’amé- liorer les conditions de vie des ménages en situation de précarité. «Le programme d’aide sociale directe va permettre de renforcer le pouvoir d’achat des ménages démunis. De plus, ce nouveau système va contribuer à la promotion du Made in Morocco, car en recevant par exemple une aide d’une valeur de 1.000 ou 1.200 dirhams, un citoyen démuni va certai- nement opter pour l’achat de produits locaux qui sont souvent beaucoup moins chers que ceux importés. En outre, ce programme va conduire à l’augmenta- tion de la demande au niveau national ainsi qu’à la création de postes d’emploi à travers notamment les PME», conclut- il. ◆
Pour réussir l’Etat social, il faut certes ren- forcer le pou- voir d’achat des familles à faible revenu, mais il ne faut pas exclure la classe moyenne qui
demeure le socle de la paix sociale.
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