Finances News Hebdo N° 1063

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 AVRIL 2022

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Dégradation des perspectives économiques pour 2022 L e Fonds monétaire international a actualisé ses prévisions éco- nomiques pour 2022 et 2023, laissant apparaître une tonalité plus pessimiste. La croissance Par Omar Fassal *

mondiale est revue à la baisse pour 2022, passant de +4,9% à +3,6%. Cette dégra- dation concerne aussi bien les économies avancées (baisse de +4,5% à +3,3%) que les pays émergents (de +5,1% à +3,8%). Aux Etats-Unis, le tour de vis de la FED, qui augmente ses taux pour contenir l’inflation, va peser sur la croissance. Elle a été revue à la baisse, passant de +5,2% à +3,7%. En Europe, la guerre en Ukraine et l’inflation qui pèse sur la consomma- tion ne sont pas sans conséquence : revue à la baisse de la croissance de +4,3% à +2,3%. Même l’Asie émergente est en ralentissement : croissance de +5,4% contre +6,3% auparavant. Seule exception : l’Afrique, qui maintient son dynamisme, avec une prévision inchan- gée à +3,8%. Autre marque s’il en fal- lait du dynamisme africain : alors que la croissance mondiale devrait stagner entre 2022 et 2023 à +3,6%, l’Afrique est l’une des seules régions au monde où la croissance devrait repartir à la hausse en 2023 pour s’inscrire à +4,0%. Ces perspectives économiques laissent apparaître une croissance inférieure de -2% par rapport à son niveau potentiel au sein des économies avancées, et inférieure de -4% au sein des économies en voie de développement. Et pourtant, malgré le fait que la croissance soit infé- rieure à son rythme structurel, la majorité des Banques centrales n’ont eu de choix de resserrer leur politique monétaire, avec tous les risques que cela comporte, en vue de réussir à maîtriser l’envolée de l’inflation. Ces nouvelles prévisions viennent confirmer encore une fois que la surchauffe de l’inflation est un phéno- mène mondial qui ne fait pas d’exception. La prévision pour les économies avan- cées fait plus que doubler pour passer de +2,3% à +5,7%, et il en va de même

Pour le Maroc, le FMI prévoit désor- mais une crois- sance de +1,1% contre +3,3% pré- cédemment.

Il faut noter que ces prévisions du FMI ont été construites avec l’hypothèse d’un baril de pétrole à 107 dollars en 2022, en ligne avec le prix actuel du Brent qui se situe à 108 dollars. Le FMI anticipe une détente l’année prochaine sur le prix du pétrole, en prenant comme hypothèse de travail un baril de pétrole qui baisserait à 93 dollars en 2023. Plusieurs défis à l’horizon risquent de ralentir la croissance économique. D’abord, il y a l’endettement cumulé pour faire face à la pandémie, aussi bien par les Etats, les ménages que les entreprises. La dette globale est passée de 225% du PIB à 250% en 2020. Si l’on considère uniquement la dette pri- vée (entreprises et ménages), la hausse fut plus marquée dans les économies avancées (+15 points pour le ratio Dette / PIB) que pour les économies émergentes (+7,5 points). Au sein des économies avancées, la dette des ménages a pro- gressé après plus d’une décennie de consolidation de leur dette suite à la crise financière de 2008. En effet, la dette des ménages est passée de 87,5% du PIB en 2009 à 72,5% en 2019, puis cette baisse progressive fut brisée à partir de 2020

pour les économies en voie de dévelop- pement, où l’inflation passe de +4,9% à +8,7%. Le resserrement monétaire est d’ailleurs déjà bien avancé. Aux Etats-Unis par exemple, le taux d’intérêt réel (taux nomi- nal diminué de l’inflation) sur le 10 ans est sur le point de redevenir positif. Il a aug- menté de -1% en février 2022 à -0,04%, en raison de l’envolée des taux. Autre indicateur, le stock mondial de la dette gouvernementale dont les rendements réels sont négatifs, continue de baisser. Il est passé de 14 trillions de dollars en début d’année à 2,7 trillions. Cette baisse s’explique par le recul de la dette à rendement négatif aussi bien aux Etats- Unis qu’en Allemagne. Le stock de dette négative de cette dernière est passé de 7 trillions de dollars en décembre - ce qui représentait la quasi-totalité de la dette allemande -, à seulement 400 milliards. Aujourd’hui, seul le Japon reste surtout concerné. En effet, la dette japonaise représente dorénavant 80% de la dette à rendement négatif au niveau mondial. La Banque du Japon n’a toujours pas annoncé de resserrement de sa politique monétaire.

L’Afrique est l’une des seules régions au monde où la croissance devrait repar- tir à la hausse en 2023 pour s’inscrire à +4,0%.

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