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JEUDI 21 AVRIL 2022
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Le boom digital au Maroc : Oui, mais… I l y a de l'acquis : le nouveau cabinet a ainsi créé un département chargé de la transition numérique. Preuve que la prise de conscience s'est faite, d'autant plus que son périmètre couvre également Par Mustapha SEHIMI Professeur de droit, Politologue
la réforme de l'Administration. Un chantier du digital donc; il faut désormais en faire un levier de développement, comme le rappelle la ministre déléguée Ghita Mezzour. Y a-t-il une stratégie ? L'on parle de «valorisation du secteur numérique, de fédération des acteurs de l'écosystème aussi, de créer à cet effet une dynamique globale». Qu'en est-il au vrai ? En d'autres termes, si les objectifs fixés pour la présente manda- ture jusqu'à 2026 sont bien définis, il reste les conditions et les modalités de leur réa- lisation et, partant, de leur implémentation dans les politiques publiques. Les acquis ne manquent pas, classant le Maroc dans le lot des «champions africains de la tech» , notam- ment dans les domaines suivants : connec- tivité, télécoms, accès à Internet (34 millions d'internautes), e-commerce,... Il s'agit-là de l'un des chantiers vecteurs et transformateurs d'amorçage du nouveau modèle de dévelop- pement (NMD). Un levier de changement. Et de développement. Le numérique ? Il aide à augmenter la confiance entre le citoyen, les entreprises et l'Etat. Comment ? En amélio- rant la relation Etat-citoyen et Etat -entreprise sur la base de procédures simplifiées, clari- fiées aussi, sans oublier une meilleure qualité des services. Digital nation ? Des défis à relever. Le premier a trait à une stratégie de transformation numérique. Elle aura à terme un impact en changeant la société, le mode de vie et les comportements quotidiens. Le numérique est un facteur de production et de compétitivité. Un premier effort a été déployé en direction de la digita- lisation des services publics. La loi date de 2019; elle a tardé quelque peu à être appli- quée. A preuve, il a fallu attendre le début de cette année 2022 pour que des mesures opé- ratoires soient enfin prises : examen de 3.832 procédures dans l'administration publique, publication de 2.700 d'entre elles sur le site «Idarati.ma» , retrait de 800 autres sans base
juridique... Question : comment en est-on arrivé à un tel dysfonctionnement de la ges- tion administrative ? Mystère. Du progrès a été fait et il semble bien qu'une dynamique impulse la transition numérique, tant dans les administrations que les collectivités locales, de manière sans doute différenciée, suivant les domaines, parfois même à «bas bruits» pour certaines d'entre elles. Dans cette même ligne, il faut noter qu'un programme intéres- sant 10.000 personnes a été lancé, qui se propose le renforcement des compétences des fonctionnaires dans le domaine de la digitalisation. D'autres défis sont à relever : la mise à niveau des infrastructures numériques de haut- débit et très haut débit fixe et mobile, avec leur extension à l'ensemble du territoire - le droit d'accès assuré ainsi à tous les citoyens; le développement de plateformes numériques assurant tous les services aux citoyens et aux entreprises; la formation de compétences pouvant porter sur le terrain la transformation numérique; et le parachèvement du cadre légal et réglementaire prenant en compte aussi la souveraineté numérique du Royaume. Enjeu économique L’enjeu est aussi économique. L'industrie numérique représente aujourd'hui pas moins de 25% de l'économie mondiale; les prévi- sions actuelles le rehaussent à hauteur de 40% à l'horizon 2030-2025. Le Maroc doit
redoubler d'effort pour s'insérer dans ce processus. La bonne voie a été empruntée à ce jour. En témoignent plusieurs indicateurs : les 4% du secteur des télécommunications dans le PIB en 2020; le chiffre d'affaires de 35 milliards de DH à la fin 2021; le «boom» de l'offshoring avec plus de 120.000 emplois liés au plan d'accélération industrielle et des investissements de l'ordre de 1,5 milliard de DH. Il faut aussi mentionner le secteur financier qui s'inscrit dans cette même ten- dance. Ainsi, à la Bourse de Casablanca, le secteur tech est l'un des plus performants depuis des années. La mobilisation autour de la lutte contre la pandémie Covid-19 a été un facteur et un vecteur d'accélération et d'élargissement en offrant des procé- dures et des solutions marquées du sceau de l'innovation. Lors de la 14ème édition du Prix national de l'administration électronique «e-mtiaz 2021» , organisée par le département ministériel dédié, certaines administrations se sont distinguées : ministère de l'Economie et des Finances, portail national des collectivi- tés territoriales (ministère de l'Intérieur), CDG, Registre national des garanties mobilières (ministère de la Justice), Service électronique de dépôt des plaintes ministère public), plate- forme diw@nati (administration des douanes et impôts indirects). Le CESE a appréhendé cette problématique dans un récent rapport. Il appelle à la digita- lisation de l'ensemble des procédures admi-
Un pro- gramme
intéressant 10.000 per- sonnes a été lancé, qui se propose le renforce- ment des compétences des fonction- naires dans le domaine de la digitalisa- tion.
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