Finances News Hebdo N° 1063

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 AVRIL 2022

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Confidences Coupez, c'est dans la boîte ! ◆ Discussion au long cours avec le réalisateur de la série «L’Maktoub», Alaa Akaaboune. Le cinéma, le réel et sa réalisation, il se raconte en mêlant humour et gravité.

chance, mais plutôt le résultat de beaucoup d’efforts de toute une équipe technique et artistique. F.N.H. : Al Boyout Asrar, Dayer El Buzz, Ezzaima, Disk Hyati, Ghoul, Sa3a fi l’Jahim, L’Maktoub en une dizaine d’années d’immersion dans le bain des séries ! On ne peut pas dire que vous êtes très prolifique. A. A. : Prolifique ? non ! J’aime choisir mes projets et mes colla- borateurs … Une fois que c’est fait, l’expérience est beaucoup plus enrichissante. F.N.H. : Pourriez-vous rap- peler, en substance, l’argu- ment de «L’Maktoub»? A. A. : L’argument pour voir L’Maktoub ?! Elle est faite par une équipe où tout le monde voulait offrir le meilleur aux téléspectateurs marocains (et faire en sorte que ma petite sœur laisse tomber les séries turques au profit des séries maro- caines). F.N.H. : Quelles craintes ressentiez-vous lors de son tournage ? A. A. : La même crainte de chaque tournage : perdre le contrôle. Au début de chaque tournage (série), on a une vision partagée (scénariste, producteur et réalisa- teur). Du coup, il ne faut jamais perdre le nord, toujours tracer vers le but - cette vision - et que toute l’équipe soit à bord. F.N.H. : La série «L’Maktoub» rencontre un franc succès populaire. Cela vous a-t-il surpris ?

A. A. : Le succès de la série «L’Maktoub» ou une autre série me surprendra toujours… Aujourd’hui, le téléspectateur marocain a le choix de voir tout ce qu’il veut et quand il veut (ramadan ou en dehors du ramadan). Ainsi, la compétition et très très agressive et personne n’est à l’abri de passer inaperçu (sourire). F.N.H. : Avez-vous une idée sur le taux d’audience que recueille cette série ? A. A. : J’ai lu que nous avons fait 9,6 millions : c’est magnifique ! Imaginez 9.600.000 de personnes devant leurs télés pour voir le tra- vail d’une équipe de presque 100 personnes (sourire). Sans oublier YouTube !! F.N.H. : Percevez-vous des changements dans le ciné- ma marocain ? A. A. : Concernant les change- ments dans le cinéma marocain, ce n’est pas quelque chose d’actualité ! Le cinéma, comme toute chose, change avec le temps. Il y aura d’autres imageries, d’autres histoires à raconter avec d’autres rythmes…, tout va chan- ger d’ici demain ! J’essaie, dans ma démarche, de ne pas réfléchir à ce que je veux faire comme film, comme une partie d’un ensemble, mais plutôt de quelque chose à part (qui peut être visionné par n’im- porte qui et n’importe où, sans lui expliquer le contexte ou l’origine : quelque chose d’universel). F.N.H. : Ne trouvez-vous pas que la qualité n’accompagne pas toujours la quantité ? A. A. : Quantité/Qualité ?! Je pense que tout le monde préfère le petit

Propos recueillis par R. K. H

Finances News Hebdo : Bernard-Henry Lévy disait que «le cinéma ne montre pas le monde, il le pro- duit…». Partagez- vous cette opinion ? Alaa Akaaboune : Je ne connais pas Bernard Henry Lévy… ou pro- bablement j’ai oublié. C’est qui ? (rires). Le cinéma ne montre pas le réel vu que chacun vit le réel dif- féremment, et c’est sûr que notre reproduction du réel en tant que cinéaste sera sûrement différente l’un de l’autre. F.N.H. : Ma seconde ques- tion s’adresse au réalisa- teur que - foncièrement - vous êtes : beaucoup uti- lisent souvent l’expression «réalisateur» sans savoir ce qu’elle recouvre exacte- ment. Pourriez-vous éclairer notre lanterne sur ce point ? A. A. : Un réalisateur est tout sim- plement la personne qui dirige les outils et le savoir-faire des autres pour raconter son histoire ! Diriger des comédiens, un chef opérateur, un ingé son, et d’autres départe- ments…. Parfois, certains réalisa- teurs ne sont pas trop calés tech- niquement; cela n’empêche qu’ils ont une sensibilité qui leur permet de s’exprimer et de raconter ce qu’ils veulent (surtout s’ils sont bien entourés). Je pense au début du réalisateur japonais Takeshi Kitano. F.N.H. : La série en général a le vent en poupe en ce mois de diète, remarque-t- on. Est-ce exact ? A. A. : Ce n’est pas un coup de

resto géré par une mamie qui fait des plats uniques de je ne sais quoi (rires). Mais, il faut faire la file, attendre longtemps pour récupérer son plat…et c’est toujours en petite quantité. La même chose pour le cinéma, tv et le reste. N’empêche qu’il y a moyen de faire de la bonne industrie (l’équivalent d’un bon bur- ger gourmet et des frites maison). F.N.H. : Sur quels critères se fondent, selon vous, les res- ponsables des chaînes dans leur sélection des œuvres ? A. A. : Les critères pour choisir les séries ?! Je ne sais pas … Mon rôle commence une fois que la boîte de prod me propose une série. Si je partage leur vision, je fonce jusqu’à la diffusion ! F.N.H. : Et pour finir, qu’est- ce qu’il faut pour faire une bonne série ? A. A. : Pour faire une bonne série, il faut d’abord aimer ce métier, être passionné surtout, être sur le pla- teau de tournage pour l’unique et la seule bonne raison : faire kiffer au téléspectateur ce moment devant sa télé ! ◆

J’essaie, dans ma démarche, de ne pas réflé- chir à ce que je veux faire comme film, comme une partie d’un ensemble, mais plutôt de quelque chose à part.

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