PORTRAIT
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La belle folie de Sylvie Fréchette FREDERIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca
mésaventures...» Après sa belle prestation à la compétition, pour la figure imposée, la juge brésilienne se trompe de chiffre. Voulant lui donner la note de 9.7, elle lui flanque 8.7. L’erreur attribuable à une mauvaise manipulation relègue la première à la quatrième place. Déçue, Sylvie Fréchette n’a pas pour au- tant voulu jeter l’éponge. Aller jusqu’au bout et continuer à savourer le plaisir de nager. C’était tout ce qui importait pour elle et la suite des événements lui a donné raison. À la surprise générale, elle a réussi à supplanter l’Américaine qui l’a précédait. «J’ai eu plus de 10 que l’Américaine. J’ai gagné le solo, mais pour la médaille, le ré- sultat final est combiné avec la figure impo- sée et je ne pouvais pas rattraper le retard. Alors, à Barcelone, poursuit la nageuse, on m’a remis la médaille d’argent olympique et j’étais sur la deuxième marche du podium.» La médaille d’or retournée Elle a déclaré qu’il s’agissait-là d’un mo- ment intense qu’elle souhaitait à tous ceux qui voulaient vraiment réaliser leur rêve. «C’est toutes mes tripes, c’est mon moi, c’est mon être qui ont été ramassés en un mo- ment de trois minutes 33 secondes qui a été offert au monde.» Cerise sur le gâteau, plus d’un an après les Jeux de Barcelone, le comité Olympique lui envoie une médaille d’or. L’erreur de la juge, qui lui avait fait perdre la première place, ‘‘Il fallait que jeme raccrocheà quelque chose, avoue la sport- ive. Ce petit quelque chose, je l’ai trouvé, c’est nager. Quand je nage, je me sens vivante, je dois nager.’’
venait d’être corrigée. Et dire que tout ne vient pas à point à qui sait attendre? La
belle folie de Sylvie Fréchette aura payé sur tous les plans.
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Sylvie Fréchette, championne olympique de nage synchronisée aux Jeux de Barce- lone en 1992, vit à Saint-Jérôme. Elle était invitée à animer, jeudi dernier, au Club de Golf l’Oasis à Brownsburg, une conférence dans le cadre de la journée des proches aidants. Ayant réussi à surmonter plus- ieurs épreuves et parvenir au sommet de la gloire, le Centre d’action bénévole As- sociation Solidarité d’Argenteuil qui or- ganisait la manifestation, lui a fait appel pour qu’elle partage avec les participants, «ses expériences de vie dans le but d’aider chacun à croire en soi et ses rêves; ce, mal- gré les difficultés.» Mme Fréchette a demandé aux partici- pants d’avoir le courage de penser à eux- mêmes afin de faire des choix qui leur permettront de réaliser leur rêve. Pour y parvenir, elle a une recette, celle de la «belle folie» avec des individus devenus de «beaux fous.» «Moi, je n’étais pas prédestinée, même pas un peu, à devenir championne olympique, témoigne-elle. Vous avez devant vous, une femme ordinaire, qui vient d’une famille or- dinaire du quartier Rosemont à Montréal. Mon petit papa, chauffeur d’autobus pour la ville de Montréal, est mort à 29 ans, alors que j’avais trois ans et demi et mon petit frère quatre mois. Ma mère s’est retrouvée veuve à 26 ans avec deux bébés sur les bras.» En l’inscrivant au cours de natation, cette dernière était loin de penser qu’elle donnait ainsi au Québec une vedette internationale des eaux. Succès et déboires s’enchaînent L’année 1992 sonnait comme l’année de tous les succès et de toutes les mésaven- tures pour la nageuse. À quatre jours de son départ pour les Jeux olympiques à Barce- lone en Espagne, elle découvre, au retour de l’entraînement, le corps de son fiancé qui vient de se donner la mort. Dans les mi- lieux sportifs canadiens, on croyait que, très entamée par le drame, elle annulerait son voyage. «Il fallait que je me raccroche à quelque chose, avoue la sportive. Ce petit quelque chose, je l’ai trouvé, c’est nager. Quand je nage, je me sens vivante, je dois nager. Je décide de partir aux Jeux olympiques. Et si j’avais su que ce n’était pas la fin de mes
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Photo Frédéric Hountondji
Sylvie Fréchette
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