A l’échelle individuelle, que peut-on faire pour protéger les ressources en eau ? Un geste simple par exemple : ne jamais jeter ses mégots de cigarettes dans les bouches d’égout. Un seul mégot suffit à polluer jusqu’à 500 litres d’eau. A Genève, il y a plus de 76 000 regards, soit autant de sources potentielles de contamination des cours d’eau, car plus de la moitié ne sont pas raccordés aux stations d’épuration. Quels sont les grands défis qui vous attendent ? Le changement climatique est évidemment un enjeu majeur. Il entraînera des périodes de sécheresse plus fréquentes, ce qui pose la question de l’accès à l’eau potable, mais aussi à l’eau pour l’agriculture et les loisirs. Même si Genève est relativement privilégiée, rien n’est inépuisable. Par ailleurs, la lutte contre les pollutions, notamment les micropolluants, est un défi croissant qui nécessite des inves- tissements importants en épuration et en prévention. Enfin, il faudra aussi nous préparer à des événements extrêmes, comme les crues et les inondations, qui risquent de devenir plus fréquents.
L’eau a toujours été au cœur de vos activités professionnelles. Pourquoi ? C’est une vocation. Mon père était ingénieur en génie civil, chef des travaux publics de La Chaux-de-Fonds où il était responsable de l’épuration des eaux. J’ai grandi dans un en- vironnement où le service public et la ges- tion de l’eau étaient présents. Et puis, comme on le dit souvent, l’eau c’est la vie. Protéger l’eau c’est donc protéger la vie. Ce qui me passionne, au-delà de l’aspect technique du métier, c’est surtout de contribuer au bien- être général en garantissant un accès à cette ressource si précieuse. Vous avez consacré vingt-deux ans de votre vie à l’humanitaire. Le CICR vous a notam- ment envoyé en Erythrée, au Rwanda, en Irak, au Pakistan, au Nigéria et en Palestine. Avec quels objectifs ? On imagine souvent que l’aide humanitaire consiste à distribuer des bouteilles d’eau. La réalité, c’est que nous intervenions pour maintenir ou réhabiliter des services essen- tiels : approvisionnement en eau, électricité, santé. Dans chaque guerre, l’eau est aussi une victime. Les infrastructures sont fragiles et dès qu’elles sont touchées, tout s’écroule. Quand la Croix-Rouge internationale arrive, la prio- rité est de remettre en fonction ces réseaux de distribution pour que la population puisse tout simplement survivre. Une gourde avec un filtre à charbon ne suffit pas à répondre aux besoins. Il faut collaborer avec les autorités locales et les compagnies d’eau pour assu- rer un approvisionnement minimal, via des forages, pompes, conduites et produits de désinfection. Et le traitement des eaux usées ? Malheureusement, ce n’est pas la priorité. Il est très rare de réussir à maintenir des infrastruc- tures d’épuration fonctionnelles en zone de conflit. C’est dramatique car les eaux usées se déversent dans l’environnement avec un impact à long terme. On manque de temps et de moyens pour préserver les milieux naturels et c’est grave puisque si la nature n’est pas protégée, les ressources en eau vont se détériorer et ça aura tôt ou tard un impact sur les populations concernées.
QUESTIONS EXPRESS À GUILLAUME PIERREHUMBERT Votre retraite idéale ?
Me promener dans la nature, à pied ou à vélo et profiter d’un environnement sain et préservé. D’où l’intérêt de faire du bon boulot maintenant ! Que faites-vous d’une heure de libre ? J’ouvre un bouquin. La personnalité avec qui vous rêvez de partager un dîner ? Probablement Vladimir Poutine, s’il acceptait de répondre avec sincérité à mes questions. Mais c’est sans doute une déformation professionnelle liée à mon ancien job ! A quoi ressemble un été parfait pour vous ? Une journée de pêche en famille au bord d’un petit lac au nord du Québec. Pas d’électricité, pas d’internet. Juste la paix. Un souvenir marquant de vos vacances d’enfance ? La découverte du Musée d’histoire naturelle de Genève ! C’était lors d’un séjour chez mes cousines de Plan-les-Ouates.
août 2025 - èremagazine 18
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