Ère magazine édition août 2025

C’est pour cela que vous vous adressez à des gens plus jeunes avec votre dernier roman La très catastrophique visite du zoo ? Absolument, il m’a paru important de parler aux gens qui ne lisent pas encore, parce que j’ai la conviction que tout le monde aime lire mais ne le sait pas toujours. J’ai rencontré beaucoup de gens qui ne lisaient pas et qui, tout d’un coup, ont ressenti cette alchimie par- ticulière qui surgit quand on rencontre un livre qui nous parle. C’est quelque chose de très fort, plus fort que le téléphone et les séries TV ! J’ai eu envie de parler aux enfants pour essayer de les attirer sur la voie de la lecture le plus tôt possible, parce qu’il n’est jamais trop tôt pour devenir un lecteur. Ni trop tard d’ailleurs ! Quand vous parlez livre, vous pensez livre papier ? Oui, parce que la lecture sur papier implique un travail de l’esprit différent que celui de la lecture sur écran. Quand on lit sur papier, notre cerveau est capable de se concentrer de façon beaucoup plus intense. Avec les e-mails, les documents de travail, on lit déjà suffisamment en mode digital.

Joël Dicker, vous avez 40 ans cette année, vous avez le temps d’y réfléchir, mais est-ce qu’un écrivain prend sa retraite ? Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je ne pense pas que je prendrai un jour ma re- traite. Quand j’étais enfant, je ne savais pas que je deviendrais écrivain – la notion de métier m’échappait encore – mais j’avais la conviction que j’écrirais toute ma vie. En faire mon métier n’était pas une évidence, mais le fait d’écrire en était une. Et c’est quelque chose que je continuerai toujours. On vous dit angoissé à l’idée du temps qui passe. Vous pensez à votre vieillesse ? Cela vous fait peur ? Je ne pense pas tellement au temps qui passe en me voyant vieillir, je pense au temps qui passe en voyant les autres évoluer, changer ou disparaître. En voyant aussi les enfants grandir. C’est vrai que la vie est courte, mais la question est avant tout de se demander ce que l’on en fait ! Mais vous arriverez à 150 ans, comme les arbres du parc Bertrand de votre enfance, n’est-ce pas ? J’espère bien... et peut-être même plus, qui sait ? Dans ce cas, vous allez écrire encore combien de romans, pensez-vous ? C’est impossible à dire. Vous venez de me prêter encore cent dix ans de vie, donc j’espère que tout ce temps en amènera encore beaucoup... Sinon je m’ennuierai !

QUESTIONS EXPRESS À JOËL DICKER Votre retraite idéale ?

Ecrire. Sans pression. Tranquillement. Que faites-vous d’une heure de libre? Du sport, en général. La personnalité avec qui vous rêvez de partager un dîner ? Il est mort, mais j’aurais aimé rencontrer l’écrivain autrichien Stefan Zweig. A quoi ressemble un été parfait pour vous ? Ecrire au bord de la mer. Un souvenir marquant de vos vacances d’enfance ? Les plages du Maine aux Etats-Unis.

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août 2025 - èremagazine

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