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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020

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prises, réappropriation des appareils produc- tifs dans les secteurs jugés stratégiques… Il n’y a qu’à se référer aux vastes plans de relance massifs mis en place par les princi- paux Etats (2.000 milliards de dollars pour les Etats-Unis, 800 milliards d’euros pour l’Alle- magne) et les blocs régionaux (1.000 milliards d’euros pour la relance dans l’UE), pour s’en convaincre. De grandes ruptures sont ainsi annoncées à l’international, chamboulant tous les dogmes du passé et traçant les contours d’un nouveau monde, où les Etats reprennent désormais les rênes de l’économie et où les excès de l’hyper mondialisation, de l’ultra libéralisme et du libre-échange à outrance seront corrigés. S’agissant de la politique budgétaire duMaroc,

il va sans dire que la mise en place d’une politique d’austéri- té, dans le contexte actuel, serait une véritable catas- trophe économique et sociale pour notre pays. Cela, pour la simple et bonne raison que le principal levier exis- tant pour empêcher

Assurer un certain degré d’autonomie de l’économie devient l’une des principales priorités de l’action publique.

«Le Maroc a besoin d’un plan de relance multidimensionnel…» u Les mesures prises depuis le lancement du Comité de veille économique pour endiguer les conséquences économiques et sociales de la crise liée au coronavirus relèvent du conjoncturel. u Le salut de l’économie nationale, plombée par la crise actuelle, passe par l’élaboration d’un véritable plan de relance multidimensionnel qui s’étale sur plusieurs années. u Tarik El Malki, enseignant-chercheur au Groupe ISCAE et économiste au Centre marocain de conjoncture, expose les principaux axes du plan de relance qu’il défend.

un effondrement général de l’économie reste l’investissement public, et plus particulière- ment la commande publique qui est sa princi- pale composante. Aussi, la mise en place d'un vaste plan d'in- vestissement public volontariste et audacieux (une sorte de Plan Marshal en la matière) de mise à niveau dans les infrastructures sociales de base (secteur de la santé en priorité) et des avancées dans le numérique notamment s’imposent comme une nécessité absolue pour le Maroc. L’un des principaux enseignements de cette crise pour le Maroc serait la prise de conscience de l’urgence et de la nécessité de revaloriser le secteur de la santé, en le débarrassant des dysfonc- tionnements qui en entachent la gestion. Aussi, est-il temps d’aller vers davantage de conformité avec les recommandations de l’OMS en matière de financement de la santé. Cet organisme international recommande la réservation de 12% du budget général (BGE) des États à ce secteur, contre une dotation de seulement 6% allouée actuellement par les finances publiques. À noter que les enquêtes de consommation du HCP font ressortir que les ménages assument 50% des dépenses de la santé, au moment où l’OMS préconise un seuil de moins de 30%. Certes, les 1.826 lits

de la Covid-19, les grandes puissances occi- dentales (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Union européenne) ont rapidement arrêté un certain nombre de grands choix macroéconomiques qui sont désormais connus : fin de l’orthodo- xie budgétaire et monétaire, relance de l’éco- nomie par la dépense publique, activation de la planche à billets, injection massive de liquidités dans l’économie, recours massif à l’endettement public, redéfinition du rôle des Banques centrales, dont certaines sont désor- mais autorisées - dans une grande première - à financer directement les Etats et les entre-

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Selon vous, la crise actuelle relative au coronavirus n'a-t-elle pas remis en cause profon- dément la pertinence des règles de Maastricht, notamment le confine- ment du déficit public annuel à 3% du produit intérieur brut (PIB) et la limitation de la dette publique à 60% du PIB ? Tarik El Malki : En effet, et vous avez raison de le souligner, depuis le début de la crise

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