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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020

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taines de retrouver le palier du potentiel de croissance de 2019. Pour 2022, le taux de croissance projeté avec les précautions d’usage dans le cadre de ce scénario serait de 4,1%. S’agissant tout d’abord des secteurs négati- vement impactés par la crise, en dehors de la branche des produits pharmaceutiques, du secteur des télécommunications, des ser- vices non marchands et dans une moindre mesure du secteur du commerce, les autres secteurs subiront les retombées dévasta- trices induites par la crise sanitaire. En effet, le secteur agricole devrait afficher une dimi- nution de sa valeur ajoutée d’environ 3% en raison des conditions climatiques extrêmes caractérisées par une année de sécheresse sévère. Le secteur de l’hébergement et de la restauration figure ensuite parmi les activités les plus touchées, sa valeur ajoutée devrait fléchir d’environ 25%. Selon les résultats d’une enquête réalisée il y a quelques mois par le HCP, 89% des entreprises organisées de ce secteur sont en arrêt d’activité. Les services de transport, aussi bien aérien, fer- roviaire que routier devraient marquer le pas et leur valeur ajoutée globale connaitrait une régression conséquente de l’ordre de -15%. Quant au secteur de l’industrie extractive, il devrait également subir l’impact du repli des marchés extérieurs induit par le mouvement dépressif de l’économie mondiale. Le rythme de sa croissance pour 2020 perdrait de son tonus et pourrait connaitre une baisse très prononcée de l’ordre de -5% si la situation ne s’améliore pas. Dans ce contexte morose, le secteur des industries manufacturières verrait sa valeur ajoutée baisser de 6% au terme de l’année, tandis que nombre de ces activités peinent à trouver des marchés ou sont blo- quées par manque d’approvisionnement en matière première et produits intermédiaires. Alors que d’autres sont complètement à l’arrêt comme la branche principale de l’industrie automobile. Ce qui nécessite une redéfinition intégrale de la stratégie automobile actuelle. Enfin, en ce qui concerne le secteur des BTP, l’un des plus grands pourvoyeurs d’emplois, sa valeur ajoutée serait en baisse de 6,5% comparativement à 2019. Il y a néanmoins plusieurs secteurs d’acti- vité qui ont su tirer leur épingle du jeu et se positionner comme de nouveaux leviers de croissance pour l’économie nationale. A titre d’exemple, on peut citer la fabrication et distribution des dispositifs médicaux, le e-commerce et livraison à domicile, le paie- ment mobile qui peine à décoller au Maroc malgré les efforts consentis par les différents

intervenants publics et privés pour en faire un véritable vecteur de l’inclusion financière. Cependant, le changement de paradigme provoqué par l’actuelle crise sanitaire pour- rait bien être le creuset d’une véritable mise en orbite de ce moyen de paiement. Enfin, le secteur des équipements audiovisuels pour professionnels et les solutions collaboratives présente également d’importants gisements d’opportunités. En effet, la crise de la Covid-19 vient conver- tir aux vertus du télétravail même ceux qui y avaient mis le holà il y a quelques années. Et cela risque fort bien de s’installer dans la durée, même après la disparition de la pandémie du nouveau coronavirus. Parmi les acteurs qui vont profiter de cette évolu- tion inéluctable, on compte les importateurs intégrateurs de systèmes et d’équipements audiovisuels, multimédia et scéniques (néces- saires pour organiser des visioconférences), mais aussi les éditeurs et intégrateurs de solutions digitales de différents usages, à commencer par la communication à distance aux solutions de gestion de file d’attente à distance (qui réduisent le temps d’accueil dans les points de vente à forte affluence), en passant par les différents outils de formation multimédia interactifs (e-learning). En conclusion, la crise de la Covid-19 a révélé la vulnérabilité d'une logistique mondialisée fondée sur le recours par les grandes puis- sances industrielles à des sous-traitants ou des filiales lointaines et souvent concentrées. Depuis le début de la crise sanitaire, des rup- tures d'approvisionnement ont été constatées dans de nombreux secteurs vitaux. Les indus- tries à forte intensité de main-d'œuvre comme l'automobile, les composants électroniques, les biens de consommation et le textile sont particulièrement éprouvées. Dans l'industrie de la santé, la paralysie de la production chinoise couplée à l'explosion de la demande d'équipements médicaux et de protection ont mis à l'épreuve d'un choc exceptionnel les perceptions des fragilités et des risques des chaînes logistiques mondialisées. S’agissant du Maroc, une relocalisation régionale, dans un espace euro-méditerranéen -Afrique en particulier, peut-être une opportunité. Et ce, en termes d'accroissement et de diversifica- tion de la demande, d'intégration des filières de production et de développement de capa- cités d'innovation, notamment dans les sec- teurs de la pharmacie et d’exportation des services de santé. Ces branches semblent être très porteuses au Maroc. Il en est de même des énergies renouvelables ou encore l’économie numérique. u

Selon El Malki, «cet épisode pandémique a mon- tré qu’un système productif résilient, compétitif et à haute productivité est plus en mesure d’absorber les chocs exogènes et assurer un certain degré d’autonomie en situation de crise».

du produit intérieur brut pour 2020 serait de 2 points plus faible en comparaison avec les premiers pronostics qui tablaient sur une reprise plus rapide de l’économie mondiale et d’une Loi de Finances rectificative agressive; le taux attendu aujourd’hui serait de -6,2%. Les pronostics qui se dégagent de la pré- sente révision des scénarii pour les exercices 2021 et 2022 semblent être de bon augure et présagent d’un taux de croissance du produit intérieur brut en termes réels de 5,5% pour 2021. Le résultat pressenti est loin d’être une performance en soi, il constitue un simple relèvement des activités permettant pour cer- L’on assiste à un nouveau monde où les Etats reprennent désormais les rênes de l’économie et où les excès de l’hyper mondialisation, de l’ultra libéralisme et du libre- échange à outrance seront corri- gés.

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