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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020

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consommation. Il faut bien évidemment activer plusieurs autres leviers, dont le levier fiscal, mais aussi appliquer des incitations pour à la fois augmenter la capacité de la consomma- tion nationale et proposer une offre solide. Toutefois, il est important de ne pas prendre la consommation comme un point non lié au reste. Pour nous, l’ensemble de la riposte pour relancer l’économie amène à la mise en place de plusieurs éléments qui font partie d’une stratégie transverse et multidimen- sionnelle, et la consommation n’est qu’un de ces éléments-là. F.N.H. : Selon-vous, quel rôle peuvent jouer l'Etat ainsi que le privé pour booster la consommation nationale ? B. F. F. : Même si elle impose la mise en place d’un Etat social et volontariste, la reprise économique ne peut se faire sans l’implication des acteurs du privé. C’est pour cela que nous avons appelé à l’établissement d’un pacte national pour les investissements qui puisse regrouper l’ensemble des acteurs concernés et faire en sorte de s’affranchir de l’économie de rente et favoriser davan- tage la prise de risque. Aujourd’hui, il y a un cadre qui encourage la rente de situation par manque de moyens incitatifs permettant aux entreprises d’investir. Nous pensons donc qu’il faut mettre en place un nouveau «pacte d’investissement», qui mène vers de l’investissement national productif avec les mêmes standards d’incitations offerts aux investisseurs étrangers. F.N.H. : Vous avez parlé de la créa- tion des Assises de la consomma- tion. Quelle sera la valeur ajoutée de cette initiative en faveur de la consommation nationale ? Et quelles seraient les parties prenantes à ce débat ? B. F. F. : Il y a des associations de consom- mateurs qui œuvrent de manière individuelle et détachée d’une réflexion institutionnelle. Elles agissent bien évidemment dans leur but de principe qui est de soutenir les consom- mateurs, mais cela doit dorénavant se faire sous un parapluie institutionnel, surtout dans un contexte de pandémie et de récession, où le consommateur est au centre de la relance. Il est donc nécessaire d’instaurer un cadre institutionnel qui pourrait passer à travers des «Assises de la consommation», et qui regrouperaient l’ensemble des acteurs de la consommation, dont les producteurs, les consommateurs, les syndicats, les opéra-

Pour Brahim Fassi Fihri, il faut réflé- chir à des produits 100% made in Morocco pour per- mettre à l’offre expor- table maro- caine de se renforcer.

Dans la logique de continuité d’ouverture en cette période de reconfiguration des chaînes de valeur et d’approvisionnement mondiales, le Maroc a un rôle majeur à jouer, parce qu’il a une expertise et un historique en matière industriel qui sont incontestables. Cette capacité doit être mieux déployée afin de garantir l’émergence d’une indus- trie nationale résiliente dans des secteurs à forte valeur ajoutée, non seulement dans des métiers innovants, mais aussi dans des secteurs plus classiques et locaux pour permettre à la production marocaine d’être plus compétitive et de ne pas forcément continuer à accorder un avantage concur- rentiel aux produits issus de pays comme la Turquie ou l’Egypte. Développer davantage la production industrielle nationale nous per- mettra d’atteindre de réels gisements de croissance. Pour donner un exemple, le Maroc est le premier exportateur mondial de poissons en conserve, or nous ne produisons pas les boîtes de conserve, nous les importons… Ce qui est paradoxal ! Dans ce contexte particu- lier, il faut donc réfléchir à des produits 100% made in Morocco, pour in fine permettre à l’offre exportable marocaine de se renforcer. Nous avons un certain nombre d’opportuni- tés, une crédibilité ainsi qu’une capacité à innover, et nous bénéficions également d’un positionnement géostratégique qui parle en notre faveur. Le Maroc a vocation à être un acteur majeur dans la nouvelle relocalisation qui se dessine, j’en suis convaincu. u

teurs économiques et les différentes asso- ciations de protection du consommateur. Puis, et pourquoi pas, converger vers une «Agence nationale de la consommation» qui aurait comme rôle de dessiner la stratégie de développement de la consommation des produits made in Morocco. F.N.H. : Dans une optique de relance économique toujours, il serait plus judicieux d'encourager certains sec- teurs plus que d'autres, notamment ceux à forte valeur ajoutée, créateurs d'emplois et qui ont des retombées directes ou indirectes sur d'autres activités. Qu’en pensez-vous ? B. F. F. : Le Maroc a construit et déve- loppé un avantage compétitif conséquent en matière d’industrie innovante et novatrice, notamment dans l’automobile et l’aéronau- tique. De ce fait, il est devenu un acteur régional incontournable dans ces métiers mondiaux majeurs. Le Maroc a construit et déve- loppé un avantage compétitif conséquent en matière d’indus- trie innovante et novatrice, notamment dans l’automobile et l’aéronautique.

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