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F OCUS AGRICOLE

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VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Culture du quinoa Résultats positifs pour les projets pilotes L e climat semi- aride du Maroc est l’une des princi- pales contraintes pour le dévelop- u La plante est préconisée pour les régions arides avec un sol moins fertile. u Elle assure une marge nettement supérieure par rapport aux céréales. Par C. Jaidani

priées comme l’arboricul- ture. Mais cette initiative rencontre des difficultés importantes, notamment le montant de l’investisse- ment engagé et la maîtrise de la technique de conduite des plantations, d’où l’idée d’investir dans des cultures plus résilientes à la séche- resse, faciles à déployer et qui peuvent être adaptées à tous les types de sols. Dans ce cadre, l’OCP et l’Université Mohammed VI Polytechnique ont lancé dernièrement une opéra- tion pilote pour promou- voir le quinoa à Rhamna et Youssoufia. Le choix de ces 2 régions n’est pas le fruit du hasard; elles sont connues pour leur climat aride et un sol peu géné- reux. Le projet a rencontré un grand succès : le rende- ment à l’hectare a atteint 25 quintaux, alors qu’il ne dépasse pas en moyenne les 10 quintaux pour le blé.

Le quinoa est un produit de niche qui reste peu connu tant chez les agri- culteurs que les consom- mateurs marocains.

pement du secteur agri- cole. La fluctuation des apports hydriques, selon les saisons, donne des ren- dements parfois en deçà de la moyenne. Une bonne partie des cultures étant de type bour, les planta- tions sont intimement liées à la pluviométrie, ce qui pousse les paysans à pra- tiquer essentiellement la culture des céréales et des légumineuses. Conscient de ce constat, l’Etat a, dans le cadre du Plan Maroc Vert, procédé à un vaste programme de reconversion des filières les plus vulnérables et les moins rentables, comme la céréaliculture, en privilé- giant d’autres plus appro-

Rappelons que, déjà, en 1999, une autre expérience a été menée par le dépar- tement de l’Agriculture à Khénifra et qui a donné, elle aussi, de bons résul- tats. Outre le volet expérimen- tal, il fallait passer au stade de l’exploitation à grande échelle en vulgarisant la culture auprès des fellahs. « Dans un contexte maro- cain marqué par des sécheresses récurrentes

les 70.000 DH, alors que pour le blé, elles se situent en moyenne à 8.000 DH. Au-delà de l’aspect pro- duction et de rentabilité, les exploitants se trouvent confrontés à des difficultés en matière de commercia- lisation. « Le quinoa est peu connu auprès des agriculteurs et des consommateurs. C’est un produit de niche au Maroc. Il lui faut une vaste campagne de pro- motion. Plusieurs fellahs sont conservateurs dans leur mode d’exploitation. Ils sont méfiants envers tout ce qui est nouveau et ne veulent pas prendre de risque. Il est donc per- tinent d’assurer un circuit de commercialisation adé- quat pour leur produit afin de leur donner confiance », souligne Fatima Alaidi, présidente de l’association Annajah, basée dans la région des Rhamna. ■

assujetties à un coût de production agricole en perpétuelle augmentation et une faible rentabilité de plusieurs exploitations, la réflexion devrait être pous- sée vers l’urgence de trou- ver des solutions pérennes. La culture du quinoa pour- rait être une solution à long terme pour valoriser les terrains agricoles maro- cains, avec un taux de rentabilité très important », affirme Abdelaziz Rhezali, expert en agronomie, qui a mené des recherches sur le produit. En effet, la marge que procure le quinoa est très intéressante et les charges sont en général bien maî- trisées. Les coûts enga- gés pour la culture de ce produit sont en moyenne de 8.000 DH/ha dans le bour, et passent à 11.000 DH/ha dans les régions irriguées. En revanche, les recettes peuvent atteindre

Le quinoa est une plante qui existe depuis 5.000 ans en Amérique du Sud. Ce n’est pas une céréale, mais il est plutôt proche des betteraves ou des épinards. Il est conseillé par les nutritionnistes pour ses qualités nutritives. Riche en pro- téine, fibres, minéraux et oligo-éléments, notamment en fer, manganèse, cuivre et potassium, comparé à la majorité des autres céréales, il possède tous les acides aminés essentiels. Le quinoa est fortement préconisé pour prévenir les maladies cardiovasculaires, le diabète ou certains cancers. Ces apports nutritionnels seraient un atout de taille pour encourager sa culture à grande échelle dans le Royaume. Des qualités nutritionnelles confirmées

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