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VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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cette IA ne peut créer une substance informa- tionnelle nouvelle par elle-même. Elle aura tou- jours besoin d'un journaliste pour le faire. Cela démontre de nouveau l'importance de la prise de décision de l'être humain qui reste capital et qui devra le rester à travers le développement de l’IA. F.N.H. : Selon vous, quels sont aujourd'hui les secteurs qui peuvent bénéficier le plus des atouts de l'IA ? B. B. : La grande majorité des secteurs. Le sec- teur de la santé est central, car l'IA va permettre d'augmenter l'accès aux soins de santé, en se basant sur le principe économique qui stipule que chaque nouvelle innovation exerce une pres- sion négative sur le prix de la technologique précédente. Et l'IA est un catalyseur dans cette dynamique. L'IA permettra également d'amélio- rer grandement les capacités de diagnostic. Ce qui est essentiel pour épauler les médecins dans leur travail. La finance est également concernée. Grâce à l'IA, le secteur financier pourra améliorer sa gestion des risques, mais également baisser les coûts de plusieurs milliards de dollars dans les prochaines années. F.N.H. : Avez-vous 2 ou 3 Use case qui peuvent être utiles pour le Maroc dans ce domaine ? B. B. : Il y a un Use case qui concerne le Maroc, mais aussi l'Europe ou encore le reste du monde. C'est qu'il faut disposer d'une «gestion augmen- tée des risques», comme je l'explique dans mon livre «L'intelligence artificielle : notre meilleur espoir». En effet, nous sommes en train de vivre une crise sans précédent à travers le système économique et financier, avec des incertitudes immenses. Par conséquent, il est opportun, comme je le recom- mande souvent, que les autorités de régulation utilisent l'intelligence artificielle pour traiter les données crédit ou marchés des opérateurs finan- ciers supervisés. Effectivement, si des «super régulateurs» dis- posent de ce type de données, génératrices d'in- formations décisives, l'incertitude systémique se verra meurtrie. Ce qui sera plus facile pour le suivi réglementaire, mais également plus efficace pour restaurer une pleine confiance dans le prêt et la relance. Prenons un cas concret. L'IA généralisée chez le régulateur lui permettrait de mitiger le biais des risques de contrepartie, souvent très différents entre les banques. Le risque de contrepartie constitue un élément fondamental pour élabo- rer l'appétit d'une banque dans l’exécution de certaines activités. En effet, sans l'IA, il y a un manque à gagner colossal en termes informa- tionnels pour une supervision totalement réussie.

«Grâce à l'IA, le secteur financier pourra améliorer sa gestion des risques» u Au Maroc, l’exploitation de cette technologie pourrait créer de nombreuses opportunités, notamment dans les secteurs financier ou encore journalistique. u Badr Boussabat, expert en IA, conférencier et économiste, nous apporte un éclairage détaillé.

Dans ce livre, je lance également quelques chan- tiers de réflexion sur ce que devra être le futur de la finance avec l'intelligence artificielle. Chapitre essentiel pour avancer vers un système plus durable et inclusif. F.N.H. : L'IA a bouleversé plusieurs domaines, allant jusqu'au journalisme. Une IA a même réussi à rédiger la semaine dernière un éditorial chez «The Guardian». Comment expliquez-vous cela ? Est-ce une menace ou bien une opportunité à saisir pour le monde de la presse ? B. B. : Je ne pense pas que cela soit une menace pour les journalistes actuellement. Cette IA, qui utilise le GPT-3, et même si étant une techno- logie prometteuse, doit être considérée comme un outil d'écriture pour les journalistes. En effet,

Propos recueillis par K. Aourmi

Finances News Hebdo : «L'intelligence artificielle, notre meilleur espoir» : votre dernier ouvrage est numéro 1 des ventes actuellement sur Amazon France. Parlez- nous en brièvement. Badr Boussabat : Ce livre est un essai positif et non alarmiste dont le but est de proposer un projet de société inclusif par l’utilisation de l’intel- ligence artificielle dans tous les secteurs, jusque dans les hautes sphères publiques. En effet, soucieux des inégalités socioéco- nomiques, je conclus mon livre sur l'élabora- tion d'une Charte universelle de l'IA, dont les caractéristiques sont inclusives et rawlsiennes. Contrairement à des idées reçues, l'IA permettra de réduire les inégalités à travers la société. Si les conditions que j'avance sont respectées.

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