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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

VENDREDI 18 SEPTEMBRE 2020

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Monétique

u Seuls 4 milliards de DH ont été collectés par cartes étrangères au premier semestre 2020, en baisse de 62%. u Les nouvelles restrictions appliquées à Casablanca sont un nouveau coup dur pour l’activité. L’activité paralysée par la fermeture des frontières L’ activité moné- tique nationale qui, jusque-là, s’est tou- jours distinguée, enregistre cette année son premier accident de parcours. Contexte oblige. Par Y. Seddik

Un très léger frémisse- ment a été enregistré en août avec l'arrivée de quelques étrangers et des MRE qui ont choisi de rentrer au pays.

Les réalisations globales de l’acti- vité monétique, comprenant les opérations de retrait d’espèces sur le réseau des guichets automa- tiques, les opérations de paiement auprès des commerçants et eMar- chands, les opérations de paie- ment sur les GAB et les opérations de Cash Advance par cartes ban- caires, marocaines et étrangères, au Maroc, ressortent en régression de 13,4% en nombre d'opérations et de 9,6% en montant par rapport au premier semestre de 2019. Plusieurs facteurs ont concouru à cette décrue : fermeture des fron- tières, confinement de la popula- tion, baisse de pouvoir d'achat, fermetures des commerces... Mais c'est la branche des cartes étrangères qui a été la plus affec- tée. L'activité touristique, qui représentait 40% des volumes de paiement du CMI (environ 15 mil- liards de DH par an) et 50% de ses commissions, a considérablement baissé. «Dès le 18 mars 2020, avec le départ des touristes et la ferme- ture des frontières, nous avons enregistré une baisse significative des paiements par cartes étran- gères de 90%», nous confie Mikael Naciri, Directeur général du CMI. Cette situation perdure jusqu’à ce jour, «malgré un très léger frémis- sement en août, avec l'arrivée de quelques étrangers (résidant au Maroc et restés bloqués à l’étran- ger) ou de MRE qui ont choisi de rentrer au pays».

Espoir perdu L'ouverture des frontières était un espoir auquel s'accrochaient plu- sieurs secteurs, le tourisme en tête. Mais la pandémie en a décidé autrement. La situation épidémio- logique s'est dégradée en plein été et le gouvernement n'avait d'autres choix que de maintenir le pays sous cloche. «Nous avons tablé sur une ouver- ture des frontières fin juillet. Depuis, nous avons perdu espoir ainsi que nos clients hôteliers, restaurateurs, loueurs de voitures, bazaristes…, toutes les activi- tés exposées au tourisme sont à genoux. Le tourisme national a permis à certains de relever un peu la tête, mais il reste très insuffisant pour combler le défi- cit, notamment à Marrakech, Fès, Tanger et Ouarzazate. Les villes balnéaires ont pu profiter un peu de l'affluence nationale», précise Naciri. Résultats des courses : à date d'aujourd'hui, le Centre n’a collecté que 4,1 milliards de DH par cartes étran- gères, ce qui correspond à une baisse de 62% comparativement

à la même période en 2019. La récente réouverture condition- née des frontières a réjoui les opérateurs touristiques. Ce n'est pas le cas pour le CMI. Son patron ne cache d'ailleurs pas son amer- tume : « Les frontières ont été rou- vertes sous certaines conditions. Mais force est de constater que ce n'est pas l'affluence. Ce sera très compliqué de remettre la des- tination Maroc sur les radars des TO (tour-opérateurs : ndlr) et des touristes. La situation sanitaire, chez nous et chez les principaux pays émetteurs, ne prête pas à l'optimisme, mais nous gardons espoir ». Des modes de distribution en évolution Cela dit, chaque crise est por- teuse de changements (et d'op- portunités aussi). C'est le cas pour l'usage des paiements au Maroc. «Les modes de distribution sont en train d'évoluer vers plus de sans contact, du Click and Collect ou de la livraison. Nos enseignes affiliées s'adaptent rapidement à cette nouvelle donne. Le CMI

accompagne ses clients pour leur offrir toutes les solutions d'encais- sement qui respectent les gestes barrières et qui permettent la continuité du business pour nos clients» , assure Naciri. Parallèlement, du côté de l'ac- tivité des cartes marocaines, le CMI a enregistré une croissance «relativement intéressante» des paiements domestiques, que ce soit en face à face ou en ligne. Mais encore une fois, les nou- velles restrictions à Casablanca sont venues enrayer cette reprise escomptée. «Nous avons enre- gistré cette dernière semaine un tassement assez net de l’activité, principalement dû au couvre-feu à Casablanca, aux dépenses de la rentrée scolaire, mais aussi et sur- tout à la baisse du niveau de reve- nus de nos concitoyens», déplore le patron du CMI. L'analyse faite par le Centre sur les dépenses des porteurs de cartes montre un ralentissement de la consommation (restauration, loisirs, prêt-à-porter), ainsi qu’une baisse des paniers moyens, notamment dans l’alimentaire. u

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