Ère magazine, édition août 2022

Attachée à sa ville, Marie Barbey-Chappuis s’engage, par des projets de proximité, à améliorer la vie au quotidien des habitants.

d’équipe, la cohésion sociale. Je veux développer le sport dans l’espace public à travers des projets comme la Canopée (sports de détente et activi- tés de bien-être), que nous avons inaugurée il y a quelques semaines. Je pense aussi à l’Asphalte, à la Pointe de la Jonction, projet plus axé sur les sports urbains pour les plus jeunes. Le sport permet également de promouvoir des valeurs, comme par exemple le civisme. C’est un aspect que j’aimerais mettre en avant durant cette année de mairie. Le sport était déjà important pour vous à titre personnel... J’ai fait de l’athlétisme, beaucoup de ski et de sports de balle comme le football et le tennis. Le sport m’a donné le goût de l’effort. Il m’a fait comprendre qu’il n’y a pas de succès sans travail. Il favorise aussi la mixité, la cohésion sociale. Quand on enfile son maillot, que l’on soit ouvrier ou cadre sup, on appartient à la même équipe et ça, c’est propre au sport. Il y a peu d’autres domaines qui offrent une telle possibilité. Après deux ans de pandémie, on a besoin de projets qui réunissent les gens. D’ici à 2030, Genève devrait investir 300 millions de francs pour la rénovation des installations sportives. Ce chiffre fait partie du plan directeur des in- vestissements de la Ville. Depuis le début de la législature, nous avons déjà fait voter un crédit de 100 millions par le Conseil municipal pour différents projets, notamment le centre sportif des Eaux-Vives et la halle de tennis du Bois-des-Frères. Et un projet pour le tennis de table et le judo avec, en prime, la volonté de soutenir tous les sports et pas seulement les plus médiatisés. Quant aux infrastructures existantes, elles sont toujours plus utilisées, ce

qui est très bien, mais elles sont vieillissantes. Et très énergivores. Il y a donc un réel besoin de moderniser nos infrastructures sportives. Vous dirigez un département où travaillent des policiers, des employés de voirie, un millier de collaborateurs en tout. Un gros challenge ? J’ai commencé en juin 2020 en pleine pandé- mie. On ne pouvait se réunir qu’à cinq colla- borateurs, donc ce n’était pas évident en effet. Mais ce département est très intéressant : nos actions, nos décisions touchent directement la population, je pense à la voirie, à la police municipale, donc à la sécurité de proximité. Je pense à tout ce qui touche l’espace public, comme les terrasses qui provoquent de vives tensions entre les restaurateurs revendiquant la liberté économique, les riverains faisant va- loir leur besoin de tranquillité et la population souhaitant profiter d’une ville animée et vi- vante. C’est un défi quotidien, mais passion- nant, que d’essayer de placer le curseur au bon endroit et de trouver le bon équilibre entre ces intérêts divergents. Avec des réactions excessives parfois et même des menaces sur les réseaux sociaux. J’estime qu’on ne peut pas dire n’importe quoi. Les gens doivent se rendre compte que ce qu’ils disent sur les réseaux peut les engager aussi pénalement. D’une manière générale, je suis assez inquiète de la dégradation du climat politique, de l’augmentation de la violence et des menaces à l’égard des élus. Nous sommes très attachés en Suisse à cette démocratie de proximité qui permet à un président de la Confédération de marcher sur un quai de gare seul sans protection. L’image de Didier Burkhalter a fait le tour du monde. Mais on est en train de perdre ce privilège helvétique.

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Entrée au Conseil administratif de Genève il y a deux ans, Marie Barbey-Chappuis, membre du parti Le Centre (ex-PDC), affiche de belles ambitions pour une ville qu’elle voudrait encore plus belle et plus audacieuse. Vous êtes maire de Genève depuis le 1 er juin. Comment vous sentez-vous dans cette fonc- tion nouvelle pour vous ? Je suis née et j’ai grandi en ville de Genève, j’y ai fait toutes mes études, j’ai tout appris ici ! Donc c’est très émouvant pour moi. Etre Maire, cela veut dire que l’on doit incarner la ville. En termes d’image, c’est une responsabi- lité qui s’ajoute à la gestion d’un département, qui est déjà une tâche très contraignante. Après quelques semaines dans cette fonction, je sens qu’elle donne une plus grande visibili-

té. Et puis être maire c’est avoir la responsabili- té d’assurer le bon fonctionnement du collège. C’est important parce que si le Conseil admi- nistratif fonctionne bien, l’administration fonc- tionne bien également et meilleures sont les prestations que nous délivrons à la population. Quels sont vos projets pour cette année particulière ? Le ou la maire a la possibilité de développer des projets propres. Pour ma part, ce sera en lien avec le sport dans l’espace public. Le sport fait partie de mon département, il y a donc une certaine logique à ce que je mette en évidence cette politique publique. Mais j’estime avant tout que le sport a été trop négligé par le passé et qu’il peut véhiculer des valeurs très impor- tantes : le goût de l’effort, la discipline, l’esprit

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août 2022 - èremagazine

èremagazine - août 2022

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