19
ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 14 AVRIL 2022
www.fnh.ma
elles inadéquates aux conditions clima- tiques du Maroc. La pastèque, la banane, l’avocat ainsi que les fruits rouges ne sau- raient s’inscrire dans une logique durable dans le contexte d’un stress hydrique de plus en plus important et d’une pluviomé- trie de plus en plus imprévisible. Enfin, les alertes concernant les risques qui planent sur notre sécurité alimentaire n’ont pas manqué durant ces dernières décennies. Des déséquilibres entre l’offre et la demande ont été à maintes reprises constatées, de même qu’une flambée des prix de certains produits agricoles en interne, en raison d’une préférence des producteurs pour l’export jugé plus ren- table. L’erreur est humaine autant dans la vie de tous les jours qu’en politique. Mais persé- vérer dans l’erreur pendant des décennies ne peut procéder que d’une incompétence chronique. Ce que Najib Akesbi exclut fer- mement, soit d’intérêts particuliers qu’il s’agit de préserver des fois au détriment de l’intérêt général.
Il en résulte qu’il est peut-être temps désormais d’œuvrer activement en vue d’un changement de paradigme, en repensant la question de la souverai- neté alimentaire à une échelle nationale et régionale comme le propose le Pr. Akesbi, en partant du bas vers le haut. Soit du besoin concret de la popula- tion marocaine, afin d’en déduire une politique agricole adéquate et durable, capable de nous émanciper à terme de la dépendance vis-à-vis de la volatilité des marchés et des aléas de la géopolitique. Mais, dans l’immédiat, la diversification des sources d’approvisionnement en céréales et la constitution d’importants stocks stratégiques demeurent la priorité. Espérons qu’à l’image de la récente crise sanitaire qui exhuma le principe de «souveraineté sanitaire» , cette crise autant géopolitique qu’économique sera l’occasion pour nous d’opérer un saut qualitatif vers une plus grande souve- raineté alimentaire, au profit de tous les Marocains. ◆
nomiquement et culturellement adaptées à leur situation unique». La souveraineté étant au fondement de ce principe, le taux de profit, la rentabilité et la liberté du marché ne sauraient donc nous dicter les politiques à suivre. Car, comme le soutient Najib Akesbi, «la sécu- rité alimentaire a un coût mais n’a pas de prix !» . De même, cette liberté n’est au fait l’apanage que des grands producteurs agricoles. Quant aux petits, leur liberté se résume à ne pas mourir de faim. Deuxièmement, l’orientation fortement appuyée en faveur de l’export n’a pu, malgré les immenses sommes dépen- sées depuis des décennies, en plus des avantages fiscaux, atteindre ses objectifs, comme le rappelle Najib Akesbi. En effet, la balance commerciale des produits agri- coles frais est jusqu’à aujourd’hui défici- taire à hauteur d’environ 10 milliards de dirhams, soit l’équivalent d’1% de notre PIB. De même, ces cultures orientées vers l’export sont pour bon nombre d’entre
La question fondamentale n’est pas celle des stocks ou de la crise actuelle, mais de notre capa- cité à couvrir nos besoins alimentaires les plus fonda- mentaux.
Made with FlippingBook flipbook maker