Finances News Hebdo N° 1062

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POLITIQUE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 14 AVRIL 2022

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Maroc – Espagne So much love

◆ En fumant le calumet de la paix, les deux pays ont montré que la coopération bilatérale est trop stratégique pour souffrir de malentendus. ◆ De nouvelles priorités ont été arrêtées dans le cadre d’une approche transparente et concertée.

Les deux pays ont su faire preuve d’in- telligence collective pour surmonter leurs divergences.

par rapport à 2020), tandis que les importations du Royaume en provenance de l’Espagne ont atteint 9,5 milliards d’euros (+29,2%). Ces chiffres repré- sentent respectivement des quotes-parts de 3% et 2,1% de la part mondiale des expor- tations et des importations de l’Espagne. Au total, 17.000 entreprises espagnoles ont des relations commerciales avec le Maroc et 700 sont établies sur le territoire national. L’intensité des échanges bilatéraux fait de l’Espagne le premier partenaire commercial du Maroc. Pour sa part, le Royaume est le troi- sième partenaire économique de l’Espagne, hors Union euro- péenne. Cette dynamique va aller en se consolidant, si l’on se fie notamment à la déclaration conjointe adoptée au terme des discussions entre le Souverain et Pedro Sánchez, qui a dévoilé le nouveau cheminement de la coopération bilatérale. La feuille de route ambitieuse définie comprend ainsi, entre autres, la réaction de la coo- pération sectorielle dans les domaines économique, com- mercial, énergétique, indus- triel, culturel…, la facilitation des échanges économiques et des liaisons entre les deux pays, l’érection en priorité du domaine de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur dans cette nouvelle étape… Sur le plan politique, fini la pos-

ture ambiguë de l’Espagne à propos du Sahara marocain. En abandonnant sa position de neutralité, l’Espagne adhère à une vérité historique : la marocanité du Sahara. Dans la déclaration conjointe, elle «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc ainsi que les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable. A ce titre, l’Espagne considère l’ini- tiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend». De même, d’autres sujets sensibles ont été évoqués, comme notam- ment la réaction du groupe de travail sur la délimitation des espaces maritimes dans la façade atlantique, la gestion des espaces aériens ou encore la coopération dans le domaine des migrations. Cette ambition de don- ner une impulsion autrement plus importante à la coopé- ration entre les deux pays ne se résume pas en des décla- rations d’intention. Bien au contraire. De part et d’autre, il y a une réelle volonté de concré- tiser la feuille route. C’est pour- quoi sera désigné un comité en charge de la mise en œuvre de la présente déclaration, dans un délai de 3 mois. Mais, d’ores et déjà, les pre- miers actes probants ont été

posés, avec le rétablissement des liaisons maritimes de pas- sagers entre les deux pays. Le port d'Algésiras a annoncé la reprise du trafic maritime entre le Maroc et l'Espagne le mardi 12 avril pour les voyageurs à pied et à partir du 18 avril pour les véhicules. Le temps de la raison Actuellement, c’est vraisembla- blement le temps de la rai- son. Les deux pays ont su faire preuve d’intelligence collective pour surmonter leurs diver- gences. Ils ont pu prendre la hauteur nécessaire pour mieux apprécier tout ce qui les unit et réduire ainsi la distance écono- mique et politique. Et il faut dire que le Souverain, de par sa sagesse et sa clair- voyance, aura été le principal artisan de ces retrouvailles. Et Pedro Sánchez l’a bien sou- ligné, saluant «le rôle déter- minant joué par SM le Roi Mohammed VI pour mettre un terme à la crise entre les deux pays». Aujourd’hui, après le coup de froid, l’objectif est désormais d’appréhender le partenariat bilatéral avec un nouvel état d’esprit et de l’inscrire dans une nouvelle dynamique. Sous ce prisme, comme il est dit, «les sujets d’intérêt commun seront traités dans un esprit de confiance, dans la concer- tation, loin des actes unilaté- raux ou des faits accomplis» . Comme le font de vrais amis. ◆

Par D. William

A près une période de brouille diploma- tique qui a assombri les relations bilaté- rales, le Maroc et l’Espagne sont résolus à rattra- per le temps perdu. Les deux pays multiplient les déclara- tions d’amour. Sans retenue. Se libérant des mailles de la pudeur afin de pouvoir appro- fondir et imprimer un autre élan à la coopération bilatérale mul- tiforme. La visite officielle effec- tuée dans le Royaume jeudi dernier par Pedro Sánchez, président du gouvernement espagnol, sur invitation du Roi Mohammed VI, s’inscrit dans cette optique et marque l’ou- verture d’une nouvelle étape du partenariat maroco-espagnol. Lequel a non seulement une dimension économique soute- nue, mais également une cou- leur politique très prononcée. Sur le plan économique, les échanges commerciaux entre les deux pays sont sur une très bonne dynamique depuis une dizaine d’années, avec un taux de croissance annuel moyen supérieur à 10%. En 2021, ils ont atteint un record, s’éta- blissant à 16,8 milliards d’eu- ros, soit environ 180 milliards de DH. Concrètement, selon les données de l’Ambassade d’Espagne à Rabat, le Maroc a exporté environ 7,3 milliards d’euros vers l’Espagne (+14,6%

En aban- donnant

sa position de neutra-

lité, l’Espagne adhère à une

vérité his- torique : la marocanité du Sahara.

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