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P olitique

Nouveau gouvernement Premiers pas poussifs Le gouvernement multiplie les faux pas, avec ceci de particulier qu’il accuse de sérieuses carences en termes de communication. En ces temps troubles, Aziz Akhannouch s’illustre particulièrement par un silence bruyant.

C ’

était à une époque pas si lointaine que ça. Quelques mois avant les

à se demander si Akhannouch incarne vraiment la fonction. Le costume de chef de gouvernement est-il taillé à sa mesure ? Cherche- t-il encore à prendre ses marques ? Des impairs… Loin de nous l’idée de mettre en doute la volonté d’Aziz Akhannouch de gérer au mieux les affaires du Royaume. Mais il y a le discours et la méthode. D’où toutes nos interrogations. Car si ce que nous voyons depuis quelques semaines est le style de gouver- nance qui va ponctuer cette légis- lature, alors c’est très mal parti. Rappelons quand même quelques faits saillants qui ont d’ores et déjà marqué ce mandat gouvernemen- tal : d’abord, le chef du gouver- nement a relevé de ses fonctions Nabila Rmili, une semaine seule- ment après qu’elle a été nommée ministre de la Santé. Remplacée par le ministre sortant Khaled Ait Taleb, elle se consacre désormais à la mairie de Casablanca, à la tête de laquelle elle a été élue le 20 sep- tembre dernier. La décision de céder son fauteuil ministériel a été cependant du fait de Rmili, nous a-t-on officiellement fait savoir, puisqu’elle s’est rendu compte qu’elle ne pouvait concilier

législatives de septembre 2021. Le leader du Rassemblement natio- nal des indépendants (RNI) sillon- nait les quatre coins du Royaume pour haranguer les foules. Ses dis- cours mobilisateurs, sa verve et son allant ont captivé les citoyens. Ses convictions profondes, son cha- risme et ses promesses ont fini par séduire l’électorat marocain. Aziz Akhannouch est alors devenu chef du gouvernement, le vendredi 10 septembre 2021. Passant d’oppo- sant au sein d’une majorité désu- nie et divisée à chef d’orchestre d’une campagne électorale menée avec panache, pour finir maître des céans, héritier d’un pouvoir exé- cutif tant convoité, mais si lourd à porter. Etre une figure importante dans une coalition gouvernementale est une chose, mais la diriger, c’est tout autre chose. Troquer la chemise de chef de parti pour celle de chef de gouvernement, pour ne pas dire chef de 34 millions de Marocains, est en effet loin d’être aisé. Au point qu’aujourd’hui, 3 mois après sa nomination et 60 jours après avoir formé son équipe, l’on se surprend

la «charge de travail» trop impor- tante de maire de Casablanca et « les multiples engagements et le suivi quotidien que nécessite le sec- teur de la santé, surtout en cette période de pandémie». Dans cet imbroglio politique, l’on retiendra qu’avant d’être remerciée, Rmili a essuyé une véritable volée de bois vert de la part d’une opinion qui s’est indignée de son cumul de mandat. A-t-elle servi de bouc émissaire ? Certainement, parce que d’autres membres du gouver- nement ont également une double casquette : l’actuel chef de gouver- nement est aussi maire d’Agadir, la ministre de l’Habitat, Fatima-Zahra Mansouri, maire de Marrakech, ou encore Abdellatif Ouahbi, maire de Taroudant. Ensuite, les autorités ont pris de court tout le monde en annon- çant l’obligation du pass vacci- nal 48 heures avant son entrée en vigueur, s’économisant un débat qui allait être passionné et passion- nant au sein du Parlement. Ce n’est qu’après les vives tensions engen- drées par cette décision qu’un

FINANCES NEWS HEBDO / HORS-SÉRIE N°42 80

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