Finances News Hebdo N° 1052

JEUDI 27 JANVIER 2022 /

FINANCES NEWS HEBDO

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SPÉCIAL BANQUES

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F.N.H. : Et pour l’industrie du tabac ? Ch. B. : Notre politique d'engagement s'applique également pour cette industrie. Il est vrai qu'elle est souvent associée à des risques de santé. Certes, mais ce n'est pas le seul facteur qui a fait que le groupe s'est désengagé du tabac. C'est aussi un secteur qui emploie énormément d'enfants dans les champs de tabac, alors que notre groupe et la BMCI accordent une importance très forte aux enjeux sociétaux et aux droits de l'Homme. F.N.H. : La gestion des risques liés au climat et à la transition énergétique est-elle intégrée au dispositif de ges- tion des risques du groupe ? Ch. B. : La gestion des risques liés au climat est aujourd'hui parfaitement intégrée dans nos process de financement et d'investis- sement sur l'ensemble de la chaîne. Nous mettions en place, depuis 2013, un plan de déploiement de politiques sectorielles (secteurs qui présentent le plus de problé- matiques en matière d'environnement et de social et sur lesquelles la banque est la plus exposée). D'un côté, nous ne gardons que les projets les plus responsables, et d'un autre, nous accompagnons nos clients dans leur décarbonation et dans leur alignement avec les meilleures normes de leur secteur. Cette organisation en interne permet trois lignes de défense. La première est la ligne de métier. Ce sont les chargés d'affaires en contact avec les clients Corporate et qui ont la connaissance opérationnelle. Ensuite, en 2018, nous avons renforcé cette analyse en mettant les «risques» comme deuxième ligne de défense. Par exemple, un dossier de crédit qui arrive en comité de crédit, et qui n'a pas été évalué sur les aspects ESG, va être automatiquement rejeté. Enfin, la troisième ligne de défense est la «RSE». Nous nous devons aussi d'être garant que l'ensemble des enjeux de développement durable sont bien intégrés sur l'ensemble des processus et des métiers de fonctions de la banque. Le dernier point essentiel est la formation des équipes qui est essentielle pour accom- pagner cette transformation. À notre niveau, nous effectuons beaucoup de sensibilisation interne tout au long de l’année pour aider nos collaborateurs à être plus conscients des enjeux climatiques. D’autres programmes de formation sont également déployés auprès de la force de vente, des services d'achats et ceux du risque pour renforcer leur connais- sance et les aider à identifier, analyser les enjeux en question.

Dès 2012, la BMCI a mis en place une politique RSE autour de quatre grands piliers : éco- nomique, social, civique et environne- mental.

F.N.H. : Bank Al-Maghrib a adressé en mars 2021 au secteur une direc- tive relative au dispositif de gestion des risques financiers liés au chan- gement climatique et à l'environne- ment. Pour quel objectif et quels sont les impacts futurs sur votre stratégie et votre gouvernance ? Ch. B. : La directive publiée par Bank Al-Maghrib est très importante. Elle démontre qu'il y a une véritable prise de conscience des risques financiers qui sont liés au chan- gement climatique encourus par les éta- blissements de crédits. Des risques doivent aujourd’hui être bien mesurés et évalués parce qu'ils peuvent avoir des conséquences non négligeables sur le portefeuille de la banque qui a une vision à long terme avec des financements qui peuvent aller jusqu'à 20 ans. La directive considère deux principaux facteurs de risque : les risques physiques, qui résultent de la survenance d'événements climatiques et environnementaux extrêmes, des inondations, la sécheresse, la tempête qui peuvent se matérialiser en risque de cré- dit, de marché et de risques opérationnels… D'un autre côté, les risques de transition. Aujourd'hui, il y a des changements, aussi bien dans la réglementation que dans les systèmes économiques vers des systèmes plus respectueux. Cela peut entraîner une réévaluation de certains actifs qui sont déte- nus dans les portefeuilles. Et ça se matéria- lise aussi en risque de crédit et de liquidité de marché. Ce qui est très intéressant dans cette direc- tive, c'est qu'elle met l'ensemble du marché bancaire au même niveau. Dit autrement, tout le monde se voit contraint et obligé de prendre en compte ces risques. C’est très important pour faire avancer les choses.

A la BMCI, nous nous étions engagés en amont de la publication de la directive pour renforcer nos procédures internes en lien avec la gestion des risques climatiques. Aujourd'hui, il y a un travail d'envergure qui est réalisé au niveau du groupe pour aligner notre portefeuille de crédits avec l'accord de Paris. C'est un plan ESG ambitieux, qui est en cours de déploiement, qui va renforcer nos analyses et nos reporting ESG. F.N.H. : Pensez- vous que la crise sanitaire a été un point de bascule ou un tournant sur la question de l'urgence climatique ? Ch. B. : Honnêtement, il est difficile de répondre à cette question sans avoir d'études qui prouvent que les gens accordent plus d'importance aux enjeux climatiques. Cependant, nous avons réalisé une étude en interne en mai dernier pour évaluer l'enga- gement sociétal de la BMCI. Nous avons à cet effet demandé à des clients de banques (BMCI ou autres) de classer leurs intérêts. Parmi leurs premières préoccupations, l’on retrouve beaucoup plus les sujets sociaux que les sujets environnementaux. Ces der- niers ne font pas partie de leur priorités. Je pense que les gens qui étaient déjà éco- conscients le sont devenus encore plus avec cette crise sanitaire. Car ils sont avertis et savent qu'il y a un lien très proche entre envi- ronnement et santé. C'est un effet accélérateur pour ceux qui étaient déjà convaincus et un effet neutre, voire négatif sur les climatosceptiques. La crise sanitaire contribue à éveiller les consciences. Par ailleurs, il existe un point commun entre la pandémie et les risques climatiques. Tous les deux sont globaux. Ils ne connaissent pas de frontières. ◆

Les sujets de transition énergétique et de biodi- versité sont aujourd'hui un axe majeur de la politique d'engagement à la BMCI.

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