F OCUS AGRICOLE
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JEUDI 17 NOVEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO
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Forage des puits
◆ Avec la sécheresse, les exploitants cherchent à utiliser les eaux souterraines frauduleusement au risque d’être inter- pellés. ◆ Le secteur fortement dominé par l’informel. Les opérations clandestines en recrudescence Face aux restric- tions des autorités et à la demande croissante, les foreurs ont revu à la hausse leurs tarifs.
Par C. Jaidani
L e Maroc fait face à une sécheresse iné- dite. Avec la baisse substantielle des réserves en eau de surface, les agriculteurs n’ont d’autres choix que d’utiliser les eaux souterraines. Les opéra- tions de forage de puits se sont multipliées dernièrement, dont la plupart opérées clandestine- ment. Suite au drame du petit Rayane, décédé en février der- nier, causé par une chute dans un puits, le gouvernement avait mené une vaste campagne de recensement des puits qui a conclu que 91% d’entre eux sont non autorisés. A cet effet, les autorités ont renforcé la vigilance pour enca- drer au mieux ces opérations, d’autant que la faiblesse de l’apport pluviométrique de ces dernières années a fortement impacté la nappe phréatique. Il faut rappeler que les agences
des bassins hydrauliques, sous tutelle du ministère de l’Equi- pement et de l’Eau, accordent annuellement entre 30.000 et 40.000 autorisations. Mais dernièrement, de nouvelles mesures restrictives ont été prises et les professionnels risquent de lourdes sanctions pénales en cas de non-respect des lois en vigueur. Les témoignages recueillis auprès des opérateurs de l’ac- tivité sont révélateurs à plus d’un titre. «Il existe une forte demande pour le forage des puits, particulièrement dans les zones bour. Même si j’ai un carnet de commandes étoffé, seules quelques opérations sont concrétisées. C’est le
même constat relevé auprès d’autres professionnels, et ce à cause de la procédure deve- nue très exigeante. Toutefois, quelques foreurs prennent le risque et procèdent à des forages sans prendre le soin de s’assurer de la disponibilité de l’autorisation» , souligne Hamid Fahili, foreur dans la région de Benslimane. Et de poursuivre : «Les exploi- tants rencontrent différentes contraintes pour obtenir le précieux sésame à cause de plusieurs exigences. A titre d’exemple, la plupart des demandeurs sont des pro- priétaires dans l’indivision et ils doivent recueillir l’aval des autres associés, qui sont le plus souvent des héritiers». En dépit de son effectif réduit, la police de l’eau accomplit un travail colossal pour lutter contre la surexploitation des ressources hydriques et leur utilisation illicite. Khaladi Mostafa, responsable de la police de l'eau à l’agence hydraulique de Benslimane, souligne que «le nombre d’in- fractions est en recrudescence. Nous avons dressé dernière- ment pas moins de 200 PV qui
ont été transférés au procureur du Roi. Outre les forages clan- destins, certains exploitants n’hésitent pas à pomper l’eau des barrages ou des rivières, ce qui est contraire à la loi. Nous travaillons en étroite col- laboration avec les autorités locales pour être alertés sur toutes les opérations fraudu- leuses». Et d’ajouter : «Même les opérations d’entretien ou d’approfondissement des forages de puits déjà existants doivent être préalablement autorisées. Le plus souvent, les contrevenants sont passibles de sanctions par ignorance des clauses de la réglementation en vigueur» . Il est à rappeler que le permis de forage fixe, entre autres, les conditions d’exercice de la profession de foreur, les modalités de déclaration des opérations de réalisation de forage, les éléments que doit contenir la déclaration et les informations que le foreur doit fournir au terme des travaux de forage. Toutefois, ce cadre juridique présente quelques lacunes, notamment au niveau de l’organisation des profes- sionnels du forage. ◆
Quelques foreurs pro- cèdent à des forages sans prendre le soin de s’assurer de la disponibilité de l’autorisa- tion.
Le secteur de forage des puits est marqué par la présence de nombreux opérateurs qui opèrent dans l’informel. C’est pour cette raison que le département de l’Equipement et de l’Eau prépare un texte réglementaire relatif au «Permis de foreur», tel que stipulé dans l'article 114 de la législation dédiée à l’eau. Une telle procédure viendra compléter l'arsenal juridique existant et, partant, barrer la route aux individus exerçant ce métier de manière clandestine. La nouvelle mouture devrait uniformiser les exigences de sécurité, qui diffèrent d’une agence hydraulique à une autre, en fixant notamment des conditions générales d’octroi des permis d'exploitation des puits. L’opérateur concerné doit satisfaire à un cahier des charges bien défini. Il doit prouver ses aptitudes professionnelles et répondre aux exi- gences de qualité et de sécurité au niveau du matériel utilisé. Un cadre juridique pour le métier de foreur
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