FNH N° 1185

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 20 février 2025 - 8 DH - N° 1185

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Paiement multi-devises Le CMI booste l’e-commerce marocain L’ONDA prend son envol P. 22/23

P. 11

 Adel El Fakir, DG de l’ONDA

MARCHÉ DU TRAVAIL

Le rendez-vous manqué !

P. 18 à 21

Sécurité routière Le défi d’une adaptation permanente

Courbe des taux Le scénario privilégié par les gérants en 2025

Bourse de Casablanca «Le marché n’a jamais perdu son attractivité»

 Entretien avec Benacer Boulaâjoul, DG de la Narsa

 Entretien avec Yassine Redouane, CEO d’IPF Advisors

P. 10

P. 14/15

P. 32/33

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

SOMMAIRE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 FÉVRIER 2025

26 L'UNIVERS DES TPME

ACTUALITÉ

Editorial

Entretien avec Fatima Zahra Bouazzaoui : Click Doc, «Notre vision est de devenir un acteur in- contournable de la digitalisation médicale en Afrique»

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Voyons voir : Gaza : L’absurdité de Trump, le cynisme de Netanyahu Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo : Encore un record, toujours pas de plafond ? Courbe des taux : Le scénario privilégié par les gérants en 2025

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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

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Paiement multi-devises : Le Centre monétique interbancaire booste l’e-commerce marocain Entreprises familiales : Les neuf règles d’or d'Antoine Mayaud Accès des PME à la Bourse : Un levier stratégique encore sous-exploité Entretien avec Yassine Redouane : Marché boursier, «La Bourse de Casablanca n’a jamais perdu son attractivité» Maroc Telecom : Après les résultats, les investis- seurs jouent le retour à la normale

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Ressources hydriques

Batteries électriques : Le Maroc gagne du terrain 28 DEVELOPPEMENT DURABLE

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A Régime sec !

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u 19 février 2025, le taux de remplissage global des barrages s'est établi à 27,60%, soit 4,64 milliards de mètres cubes. Cette statistique résume, à elle seule, le calvaire hydrique que traverse le Royaume. Avec un recul de 53% par rapport à la moyenne des 30 dernières années, les retenues d’eau atteignent à peine 1,2 milliard de mètres cubes. Et sur cette quantité, seulement 760 millions de mètres cubes ont été alloués à l’irrigation

agricole, soit moins de 14% des besoins en eau des terres agricoles. Les années de sécheresse qui s’enchaînent ne sont pas une anoma- lie passagère, mais la nouvelle norme. Cette sécheresse, devenue chronique, redessine ainsi les contours de l’économie agricole et, par extension, de l’économie nationale. Le secteur agricole, qui représente environ 14% du PIB national et emploie près de 40% de la population active, est directement impacté par cette crise hydrique. Et c’est donc tout un écosystème qui vacille. Le secteur de la production animale, en l’occurrence, est en souf- france. Le ministre de l'Agriculture, Ahmed El Bouari, l'a récemment confirmé : le cheptel national a fondu de 38% depuis 2016. Pour contenir l’hémorragie, le Maroc a misé sur les importations. Au 12 février, 21.800 bovins, 124.000 ovins et 704 tonnes de viandes rouges ont été importées. Conséquence directe : les prix de la viande rouge, qui s'étaient envo- lés ces derniers mois, commencent à se stabiliser, mais restent tou- tefois à des niveaux élevés. C’est pourquoi un programme d’urgence a été lancé, axé sur plusieurs volets : nutrition animale, encadrement technique, préservation des femelles reproductrices, intégration des jeunes ruraux dans la production animale... Une bouffée d’oxygène temporaire, mais pas une solution durable. Malgré un ciel avare et des champs assoiffés, les marchés nationaux restent approvisionnés. Du moins, c’est ce que nous affirme le minis- tère de l’Agriculture, qui assure que tomates, oignons et pommes de terre seront disponibles en quantités suffisantes, notamment durant le Ramadan. Chiffres à l’appui : 5.700 hectares de tomates cultivés, 8.000 hectares pour les oignons et 30.000 hectares dédiés aux pommes de terre. Cela signifie-t-il pour autant qu’il y aura moins de tensions sur les prix ? Pas sûr du tout. Car, chaque année, les autorités assurent que le marché sera bien approvisionné en denrées alimentaires durant le Ramadan. Et chaque année, les consommateurs constatent, impuissants, la flambée des prix. L'équation est devenue familière. Presque lassante. u

SOCIÉTÉ

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Entretien avec Me Omar Mahmoud Bendjelloun: Droit de grève, Un texte qui ravive les tensions sociales Sécurité routière : Marrakech abrite la 4 ème Conférence ministérielle mondiale Entretien avec Benacer Boulaâjoul : Sécurité rou- tière, Le défi d’une adaptation permanente

ECONOMIE

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Conseil de la concurrence : Témoin de la dynamique économique Marché du travail : Le rendez-vous manqué ! Feuille de route pour l’emploi : Anapec, TPME, régionalisation…, une relance ciblée Aéroports 2030 : L’ONDA prend son envol Nador West Med : Un important relais de crois- sance pour Marsa Maroc Sécurité routière : Renault en première ligne pour une mobilité plus sûre

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HIGH-TECH

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Applications mobiles : Un marché en route vers les 1.000 milliards de dollars Aux origines du gaming : De pixels en profits

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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal

• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

VOYONS VOIR

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 FÉVRIER 2025

Gaza

L’absurdité de Trump, le cynisme de Netanyahu

V oilà comment une déclaration intempestive et des errements diplomatiques peuvent déstabiliser toute une région, voire être source de chaos. Tout a commencé par cette déclaration tonitruante de Donald Trump début février 2025. Le président amé- ricain, avec sa légèreté habituelle et sa volonté de démontrer sa capacité à imposer sa vision d'un «nouvel ordre mondial», pro- posait ni plus ni moins de déplacer les 2,4 millions d’habitants de Gaza vers l’Egypte et la Jordanie et de confier le contrôle de ce territoire en ruines aux Etats-Unis. Objectif affiché : «reconstruire Gaza et en faire la Côte d’Azur du Moyen-Orient» . Par D. William

sécuritaires de l’Etat hébreu, s’est engagé à «respecter le plan Trump». Cette déclara- tion, bien qu’ahurissante, s'inscrit dans une logique israélienne de longue date visant à modifier profondément la démographie et la gouvernance de Gaza. Après avoir juré d’en finir avec le Hamas et d’écarter l’Autorité palestinienne, le Premier ministre israélien voit dans ce projet une aubaine géopolitique : une Gaza vidée de ses habitants, sans adversaires politiques et transformée en vitrine sécurisée. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, n’a pas tardé à emboîter le pas en

annonçant la création d’une «agence spé- ciale pour le départ volontaire» des Gazaouis. Cette agence, selon le ministère, offrirait un «accompagnement logistique» aux Gazaouis désireux de partir, avec des départs facilités par voies terrestre, aérienne et maritime. Traduction : on chasse les Palestiniens de leur terre en cachetant cette opération du sceau d’un service humanitaire cynique. Dès lors, le terme «volontaire» semble ici d'une ironie cruelle. La visite de Marco Rubio, secrétaire d’Etat américain, en Israël et en Arabie saoudite a confirmé le feu vert de Washington à ce plan surréaliste. Rubio a assuré Netanyahu du «soutien sans failles» des Etats-Unis et évoqué à Riyad la nécessité d’un arrange- ment « contribuant à la sécurité régionale». En langage diplomatique, cela signifie : on avance avec le plan Trump, quitte à froisser un peu le monde arabe. Ce à quoi l’Arabie saoudite s’oppose farou- chement, même si elle n’entend pas com- promettre ses relations avec Washington. Vendredi prochain, un mini-sommet arabe est prévu à Riyad pour formuler une réponse commune. Officiellement, l’Egypte, la Jordanie et le monde arabe en général ont rejeté fermement toute relocalisation de populations palestiniennes, qui revient à leur signifier que leur terre, leur histoire et leur identité sont désormais frappées d’obsolescence. Quant aux chancelleries occidentales, elles ont aussi exprimé leur désapprobation. Mais sans grande conviction. L'Union européenne a dénoncé «une atteinte aux droits fonda- mentaux des Palestiniens», tandis que l’ONU a rappelé l’obligation «d’éviter toute forme de nettoyage ethnique». Mais derrière ces déclarations, aucune mesure concrète n’a été annoncée. Aujourd’hui, il semble bien que Gaza soit le terrain d’une expérimentation diplomatique hasardeuse et, surtout, dangereuse. Car, au final, ce Plan Trump, présenté comme une solution innovante, semble être la recette pour raviver durablement les braises du conflit israélo-palestinien... ◆

L’idée paraît absurde, mais elle est prise au sérieux par Israël. Qui saisit cette opportu- nité avec une ferveur inquiétante, malgré les vives protestations de la communauté inter- nationale et des pays arabes. Benjamin Netanyahu, toujours prompt à oppresser et humilier les Palestiniens sous le fallacieux prétexte de défendre les intérêts

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a annoncé la création d’une «agence spéciale pour le départ volontaire» des Gazaouis.

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

C ommunication F inancière

83, Bd El Massira El Khadra N° 5, Casablanca - Tél (0522) 98.41.64/66. Fax : (0522) 98.40.22 S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH Groupe éditeur de Finances News Hebdo, de Autonews et de la Quotidienne

EXERCICE CLOS LE 31 DÉCEMBRE 2023

BILAN ACTIF

BILAN PASSIF

COMPTE DE PRODUITS ET CHARGES

COMPTE DE PRODUITS ET CHARGES (SUITE)

ÇA SE PASSE AU MAROC

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 FÉVRIER 2025

Bank Al-Maghrib

Lancement du marché à terme interbancaire

B ank Al-Maghrib a annoncé le lancement, le 19 février, du marché à terme interbancaire des swaps de change et des swaps de taux au jour le jour (OIS) indexés sur le MONIA (Moroccan Overnight Index Average). Cette action s’inscrit dans le cadre de l’approfondissement du marché de change initié par Bank Al-Maghrib

Protection sociale

87% des Marocains couverts par l’AMO L a généralisation de la protection sociale repré- sente un changement structurel dans les politiques sociales publiques et un pilier fon- damental du projet de l'Etat social, en tant que l’un des mécanismes les plus importants de stabilité face aux crises et aux fluctuations conjoncturelles, selon le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami. Parmi les indicateurs de ce progrès, il y a la hausse du taux de la population inscrite au système d'as- surance maladie obligatoire pour atteindre 87% contre moins de 60% en 2020. Par ailleurs, 11,1 mil- lions de citoyens ont bénéficié du système «AMO Tadamon» destiné aux catégories sociales les plus vulnérables, avec une enveloppe annuelle d'environ 10 milliards de dirhams. De même, plus de 3,9 millions de familles ont béné- ficié du programme d’aide sociale directe, avec un coût de plus de 24 milliards de dirhams, selon Chami. L'année 2025 sera une étape décisive dans ce projet de réforme, puisqu'il s'agit de la cinquième et dernière année de mise en œuvre de la loi- cadre, ce qui nécessite d'intensifier les efforts pour consolider les acquis et accélérer le rythme des réalisations. ■

depuis 2018. Un swap de change est une transaction par laquelle deux parties conviennent d’échan- ger une devise contre une autre, puis à procéder à un échange de sens opposé à une date ultérieure. Elle combine ainsi une transaction de change au comptant avec une transaction de change à terme. Cet instrument permet aux acteurs du marché de gérer efficacement leur exposition au risque de change, tout en bénéficiant d’une grande flexibilité et d’une meilleure prévisibilité des coûts. De son côté, l’OIS sur MONIA est une transaction par laquelle deux parties conviennent d’échanger, sur un montant notionnel et une période convenus, un taux d’intérêt fixe déterminé au moment de la transaction contre un taux d’intérêt variable indexé sur l’indice MONIA. Cet instrument est principale- ment utilisé par les acteurs du marché financier pour couvrir leur exposition aux fluctuations des taux d’intérêt à court terme. Il permet également de dériver les attentes du marché concernant l’évolution future des taux d’intérêt à court terme. L’instauration du marché à terme interbancaire permettra, d’une part, aux opérateurs économiques de disposer d’une référence transparente et fiable pour la réalisation de leurs opérations de couverture contre les risques de taux et de change et, d’autre part, de donner une nouvelle impulsion au développement des produits dérivés au Maroc. Ce marché a été mis en place grâce à la contribution active des banques ayant le statut de teneur de marché ainsi que de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD). ■

Ménages

Amélioration globale du niveau de vie entre 2014 et 2022 L e haut-commissariat au Plan (HCP) indique que le niveau de vie des ménages marocains a globalement progressé entre 2014 et 2022. Cette amélioration s’est faite à un rythme soutenu entre 2014 et 2019, avant de ralentir entre 2019 et 2022, période marquée par la pandémie de Covid-19. La dépense annuelle moyenne par ménage est ainsi passée de 76.317 DH en 2014 à 83.713 DH en 2022. En milieu urbain, cette dépense atteint 95.386 DH, tandis qu’en milieu rural, elle est plus faible, à 56.769 DH. Ramenée à l’individu, la dépense annuelle moyenne a augmenté de 15.876 DH en 2014 à 20.658 DH en 2022. Toutefois, en termes de progression en prix constants, elle a connu une hausse de 3,1% par an entre 2014 et 2019, suivie d’une baisse de -3,1% entre 2019 et 2022. ■

Hajj 1446 : Les frais des pèlerins fixés à 63.770 DH

L a Commission royale chargée du pèle- rinage a fixé, lors sa deuxième réunion au titre de la saison du Hajj 1446 H, à 63.770,00 dirhams les frais pour les pèlerins encadrés par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. La Commission, qui a passé en revue les mesures prises depuis sa première réunion, a décidé, après avoir examiné les points à

l'ordre du jour, de rembourser le montant de 1.230 dirhams aux citoyens ayant déjà payé la somme forfaitaire de 65.000 dirhams pour les frais du Hajj, dans le cadre de la liste des pèlerins encadrés par le ministère des Habous et des Affaires islamiques. La Commission a également décidé d’entamer le remboursement de ce montant aux citoyens concernés à partir du lundi 24 février 2025. ■

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ÇA SE PASSE AILLEURS

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 FÉVRIER 2025

Énergie

Royaume-Uni

Japon

Le chômage se stabilise au dernier trimestre 2024

La consommation électrique mondiale devrait augmenter de 4% par an jusqu'en 2027 L a consommation électrique dans le monde devrait augmenter de 4% par an jusqu'en 2027, selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). « Au cours des trois prochaines années, la consommation mondiale d’électricité devrait augmenter d’un niveau sans pré- cédent de 3.500 TWh », précise l’AIE dans son rapport sur l’évolution du secteur de l’électricité dans le monde entre 2025 et 2027. Cette augmentation, explique la même source, est portée par les pays émergents - dont la Chine arrivée en tête - qui représentent 85% des nouveaux besoins en électricité. La demande d’électricité en Chine devrait augmenter en moyenne de 6% par an jusqu’en 2027, selon le rapport, ajoutant que l’Inde, les pays d’Asie du Sud-Est et d’autres marchés émergents devraient également enregistrer une forte crois- sance de la demande, soutenue par l’ex- pansion économique et l’augmentation du nombre de propriétaires de climatiseurs. Alors que de nombreuses économies émergentes connaissent une forte croissance de la demande d’électricité, l’Afrique accuse un retard, d'après l'AIE, basée à Paris. ■

La croissance s'effondre à 0,1% en 2024, malgré un sursaut au 4 ème trimestre L e Japon a vu sa croissance éco- nomique s'essouffler fortement en 2024, avec une quasi-stagnation de son produit intérieur brut (PIB), en dépit d'un sursaut inattendu au quatrième tri- mestre sur fond de rebond précaire de la consommation et d'excédent commercial. Selon une première estimation officielle publiée lundi par le gouvernement, le PIB de la quatrième économie mondiale a progressé de 0,1% l'an dernier en termes réels (corrigés de l'inflation), après une croissance de 1,5% en 2023. Sur le quatrième trimestre cependant, le Japon a enregistré une croissance écono- mique de 0,7%, en sensible accélération par rapport au troisième trimestre (+0,4%, chiffre révisé), et bien davantage que l'anticipation (+0,3%) des experts sondés par l'agence Bloomberg. ■

L e chômage au Royaume- Uni s’est stabilisé à 4,4% au dernier trimestre de l'an- née 2024, même si le marché de l'emploi continue de montrer des signes de ralentissement, a indi- qué, mardi, l'Office national des statistiques (ONS). Les entreprises britanniques ne cessent d'alerter sur l'impact des hausses des cotisations patro- nales, prévues dans le budget du gouvernement travailliste et qui entrera en vigueur en avril, sur l'emploi et les salaires. Dans une enquête publiée lundi, l'institut économique Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD) révèle qu'un tiers des entreprises s'attend à une aug- mentation des coûts de person- nel et déclare prévoir de réduire

les emplois par des licenciements ou en recrutant moins de travail- leurs. La Banque d'Angleterre (BoE) a d'ailleurs averti que la hausse des cotisations patronales augmente- rait le coût de l'embauche de per- sonnel faiblement rémunéré de 5 %, soit plus que pour les travail- leurs à haut revenu, puisqu'elle sera couplée à une augmenta- tion de 6,7% du salaire minimum. Par ailleurs, les chiffres de l'ONS montrent une augmentation des salaires hors primes de 5,9% durant les trois mois terminés en décembre, bien au-delà de l'infla- tion. Un chiffre qui pourrait avoir un impact sur les taux d'intérêt de la BoE, qui voit la croissance des salaires comme un indicateur de pressions inflationnistes. ■

Fiscalité

L’ Union européenne a maintenu inchangée sa liste des pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales. Le Conseil de l’UE, qui représente les 27 États membres, a publié, mardi, une première mise à jour de cette liste, qui contient 11 juridictions de pays tiers, en l’occurrence les Samoa américaines, Anguilla, Fidji, Guam, Palaos, Panama, la Fédération de Russie, Samoa, Trinité-et- Tobago, les îles Vierges américaines et Vanuatu. Cette mise à jour, qui vise à pro- mouvoir « la transparence fiscale et une fiscalité équitable » à l'échelle mondiale, démontre « les effets positifs du dialogue constructif et de la coopération entre l'UE et ses partenaires internationaux », dans la mesure où aucune nouvelle juridiction n'a été ajoutée, a commenté la Commission européenne. Selon l’Exécutif européen, cette nouvelle évaluation enregistre un certain nombre de « développements positifs » dans plu- sieurs de ces juridictions, reflétant « les efforts continus visant à répondre aux sujets de préoccupation en suspens ». ■ L'UE maintient inchangée sa liste des pays non coopératifs

France

L e gestionnaire du réseau de transport d’électricité français (RTE) vient de dévoiler un plan d’investissements de 100 milliards d’euros en vue de rénover le réseau électrique de la France à l’horizon 2040, et l’adap- ter notamment aux enjeux de la transition énergétique. S’étalant sur 15 ans, ce plan est présenté comme une feuille de route indus- trielle à même de « permettre de réaliser les transformations nécessaires au fonctionnement du réseau de transport d’électricité, d’accompagner la décarbonation et la réindustrialisation de la France, tout en renforçant sa 100 milliards d’euros pour rénover le réseau électrique

souveraineté ». Le plan stratégique d’investissements du gestionnaire du réseau de transport d’électricité français s’articule autour de trois grands piliers : « renouveler le réseau et l’adapter au changement climatique, à un climat +4°C en 2100 », « raccorder la consommation d’électricité pour réussir l’électrification du pays et la réindustria- lisation des territoires, et les nouvelles installations de production bas-carbone (renouvelables et nucléaire) », et « renforcer la colonne vertébrale du réseau haute et très haute tension pour accueillir des flux d’électricité plus importants et répartis différemment sur le territoire, tout en limitant les congestions ». ■

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BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 FÉVRIER 2025

Point Bourse Hebdo Encore un record, toujours pas de plafond ?

T Nouvelle semaine haussière pour le Masi qui inscrit un nouveau sommet record. Une dynamique accompagnée par des volumes étoffés. oujours porté par la dynamique haussière de ce début d’année, la Bourse de Casablanca a encore inscrit un nouveau plus haut his- torique à 16.452 points, grâce à une progression hebdomadaire de 0,77%. Rien de spectaculaire en soi, mais suffisant pour entretenir cette euphorie bien installée parmi les investisseurs. pétit reste solide, notamment sur les poids lourds de la cote. Maroc Telecom s’est octroyé la plus grosse part du gâteau avec 283 MDH échangés (12,73% des volumes), suivie de près par Attijariwafa bank (204 MDH). Les cimentiers ne sont pas en reste : LafargeHolcim (216 MDH) et Ciments du Maroc (147 MDH) ont largement animé le mar- ché. Par Y . Seddik

Evolution de l'indice Masi depuis début février 2024

Le sentiment dominant ? Un marché qui donne l’impression de marquer le pas, mais qui ne lâche pas prise. Et c’est bien là que réside la force du mouvement actuel. Les inves- tisseurs, bien que plus mesurés à ces hauteurs, ont écarté toutes les raisons de baisser et ont préféré se concentrer sur les éléments de soutien. Résultat : un marché qui continue d’avancer, lentement mais sûrement, avec une conviction que la hausse actuelle n’a pas dit son dernier mot. Si l’indice n’a pas explosé les comp- teurs cette semaine, les volumes, eux, ne connaissent pas la torpeur. 2,5 milliards de dirhams ont changé de mains, dont 2,2 milliards sur le marché central. Preuve que l’ap-

TOP Performances

FLOP Performances

Côté performances sectorielles, les loisirs et l’hôtellerie (+34%) et les mines (+30%) tiennent la corde, portés par un effet rattrapage et un newsflow favorable. À l’opposé, seules les sociétés de financements (-2,50%) et le transport (-1,55%) évoluent dans le rouge en YTD, mais sans réelle pression vendeuse. On reste donc dans une configu- ration où le marché se cherche, mais où personne ne semble vouloir prendre le risque de renverser la tendance. En parallèle, les quelques publica- tions de résultats tombées cette semaine n’ont ni donné envie aux opérateurs d’infléchir leurs paris haussiers, ni refroidi leur enthou-

Rebab Company Maghreb Oxygène Eqdom

-16,92%

+30,22% +13,24%

IB Maroc Managem SMI

-14,39%

-14,27%

+11,81 %

siasme. Maroc Telecom a délivré des indicateurs plutôt conformes aux attentes, tandis que Sanlam, Disway et Marsa Maroc ont joué leur partition. Mention spéciale à Marsa Maroc, qui franchit un cap historique avec 5 milliards de dirhams de reve- nus annuels en 2024. Notons sur un autre volet que CFG Bank, CMGP et Jet Contractors s’ap- prêtent à intégrer le MSCI Frontier Market, un pas en avant pour ces valeurs qui gagnent en visibilité.

En perspectives, le rythme des publi- cations va s’accélérer dans les jours à venir, et avec lui, peut-être, un peu plus de volatilité. Suffisamment pour pousser encore plus haut et inscrire de nouveaux records ? Les haussiers semblent bien décidés à rester aux commandes. Pour l’ins- tant, la mécanique reste implacable: ça ne baisse pas, donc ça monte. Reste à voir si ce mouvement se poursuivra par conviction… ou par manque d’alternative. ◆

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 FÉVRIER 2025

Courbe des taux Le scénario privilégié par les gérants en 2025 L Sur le marché obligataire, les taux longs devraient baisser plus rapidement que les taux courts, provoquant un phénomène bien connu des gérants d’actifs : un aplatissement de la courbe des taux. Par A. Hlimi a courbe des taux décrit la rela- tion entre le rendement des obligations d’État et leur matu- rité. Une courbe classique a une allure ascendante, c’est-à-dire que les bons du Trésor à long terme offrent un meilleur rende- ment que les bons à court terme. Cette différence sert à compen- ser les risques liés à l'incertitude sur une période plus étendue, notamment l'inflation et d'éven- tuels chocs économiques. Plus les incertitudes à long terme sont importantes, plus la courbe est dite «pentue» ou ascendante. En revanche, dans un environ-

taux courts à court terme, en attendant de nouvelles baisses des taux directeurs (un poten- tiel entre 25 et 50 pbs d’ici fin 2025), qui devraient tirer les taux courts vers le bas, alors que sur le moyen terme, vu la pentifi- cation de la courbe sur ce seg- ment offrant des spreads intéres- sants et conférant un potentiel de baisse supplémentaire, une tendance plus marquée serait observée, produisant ainsi un aplatissement de la courbe. C’est le scénario rêvé pour les gérants de fonds obligataires long terme qui ont connu une importante collecte nette en 2024, dépassant les 31 Mds de dirhams. De son côté, et selon Twin Capital Gestion, le marché bour- sier devrait poursuive sa progres- sion en 2025 grâce notamment à un contexte macroéconomique et de marché favorables caracté- risés par deux tendances princi- pales : une poursuite de la dyna- mique de croissance enclenchée grâce à plusieurs grands projets d'investissement structurants dans le pays, notamment en relation avec l'organisation de la Coupe du monde en 2030 et les divers partenariats internationaux récemment conclus (France, pays du Golfe...). Et, deuxièmement, la baisse des taux d'intérêt sur l’an- née 2024 confirmée par la baisse du taux directeur en décembre 2024, justifiée par un apaisement des tensions inflationnistes et une politique monétaire de plus en plus accommodante ainsi que par des finances publiques sous contrôle. «Dans ce contexte, la poursuite de la croissance des bénéfices anticipée pour 2024 (engen- drant des niveaux de PE toujours attractifs) combinée à un envi- ronnement où le marché actions continue de bénéficier d'un arbi- trage de plus en plus favorable (baisse des taux et augmentation du rendement des dividendes), devrait consolider la demande des investisseurs pour le marché actions; une demande qui devrait être renforcée par la forte injec- tion de liquidités suite à l’amnistie fiscale» , conclut le gestionnaire d’actifs. ◆

nement économique apaisé, les taux longs ont tendance à bais- ser, provoquant un phénomène d’aplatissement de la courbe avec un écart moins important entre taux longs et taux courts. Et c’est cette configuration qui fait consensus auprès des opé- rateurs de marché depuis que l’inflation n’est plus à des niveaux inquiétants au Maroc. «Dans l’environnement macroécono- mique présent, marqué par un apaisement au niveau inflation- niste et sur la base d’un scé- nario de nouvelles baisses des taux directeurs en 2025, les taux d’intérêt devraient poursuivre leur tendance baissière durant 2025» , témoignent les gérants de la société de Gestion Twin Capital Gestion dans une note

aux investisseurs. Les arguments des experts sont nombreux. D’abord, une prévision d’une poursuite de la politique d’assou- plissement monétaire par BAM compte tenu des dernières évo- lutions de l’inflation. Mais aussi compte tenu des perspectives de relance économique envisagées pour 2025. Un autre argument important joue directement sur l’offre et la demande de papier émis par l’État. Il s’agit de la situation des finances publiques, actuellement sous contrôle vu le niveau du déficit public pro- jeté en 2025 (3,5%), ainsi que des marges de manœuvre dont béné- ficie le Trésor (levée à l’internatio- nal et financements innovants...). Dans ce contexte, la société de gestion prévoit une stabilité des

Les taux d’intérêt devraient poursuivre leur tendance baissière durant 2025.

 Le marché boursier devrait progresser en 2025 grâce notamment à un contexte macroéconomique et de marché favorables.

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Paiement multi-devises Le Centre monétique interbancaire booste l’e-commerce marocain Au Maroc, le commerce en ligne s'internationalise à grande vitesse. Avec la toute récente généralisation du paiement multidevises, les e-marchands du Royaume peuvent enfin rivaliser avec les grandes plateformes mondiales. Par Y. Seddik

faires de 20%, en levant l’un des derniers freins à l’achat pour les consommateurs étrangers. Mieux encore, le DCC ne se limite pas à une amélioration de l’ex- périence client. Il constitue aussi une source de revenus addition- nelle pour les marchands via un mécanisme de rétrocession sur les transactions en devises, qui réduit ainsi l’impact des frais liés aux paiements transfrontaliers. «Cette consolidation de notre alliance avec le CMI va non seu- lement offrir une transparence totale aux porteurs de cartes étrangères sur leurs transactions, mais également aider les e-com- merçants marocains à augmen- ter leurs ventes en proposant une expérience d’achat personnalisée et adaptée aux exigences d’une clientèle internationale» , souligne Amine Temsamani, Directeur général de Global Blue Maroc.

Un enjeu stratégique à l’approche des grandes échéances sportives

 Grâce à la DCC, les clients internationaux pourront effectuer leurs transactions en ligne dans la devise de leur choix, en bénéficiant du meilleur taux de change du jour.

Le Maroc enregistre une montée en puissance des paiements numé- riques. En 2024, les transactions par cartes étrangères ont dépassé les 26 milliards de dirhams, affi- chant une progression de 36% sur un an. Cette croissance témoigne d’un potentiel encore sous-exploi- té, mais aussi d’un marché qui évolue vers des standards inter- nationaux. Mais pour capter une plus grande part des flux finan- ciers transfrontaliers, les e-com- merçants devront aller au-delà de la simple intégration technique du DCC. L’enjeu est désormais d’amé- liorer la visibilité des plateformes marocaines sur les marchés inter- nationaux, d’optimiser les parcours clients et d’offrir une expérience d’achat sans friction. En définitive, cette avancée du CMI intervient à un moment clé où le Maroc se prépare à accueillir des événements sportifs majeurs comme la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. Avec l’afflux attendu de visiteurs internationaux, l’optimi- sation des paiements numériques devient un impératif pour accom- pagner cette dynamique et renfor- cer le positionnement du pays sur la scène digitale mondiale. ◆

L

a digitalisation s’accélère, les attentes des consommateurs évo- luent et les acteurs du secteur doivent répondre à un défi majeur: s’adapter ou rester en marge du e-commerce mondial. C’est dans ce contexte que le Centre moné- tique interbancaire (CMI) frappe un grand coup en scellant un par- tenariat stratégique avec Global Blue. Objectif : briser les barrières monétaires et ouvrir les plate- formes e-commerce nationales à une clientèle mondiale grâce à la conversion dynamique des devises (Dynamic Currency Conversion, DCC). Cette nouvelle avancée répond aux exigences des clients étrangers et constitue un levier stratégique pour les e-commer- çants qui souhaitent capter une clientèle internationale, fluidifier les transactions et renforcer leur pré- sence sur le marché global. Il faut dire que l’attractivité du e-commerce marocain ne cesse de croître, portée par une digita-

lisation accélérée et une montée en puissance des paiements en ligne. Mais pour séduire une clien- tèle étrangère et capter davan- tage de devises, encore faut-il lever certains freins. L’un des obs- tacles majeurs restait la gestion des devises, une contrainte qui compliquait l’expérience utilisateur et réduisait le taux de conversion des transactions. Grâce à la DCC, les clients internationaux peuvent désormais payer dans leur mon- naie d’origine, avec un taux de change affiché en toute transpa- rence. Une flexibilité qui, selon les études internationales, répond aux attentes de 76% des consomma- teurs qui préfèrent voir et régler leurs achats en devise locale. «Cette nouvelle fonctionnalité va permettre aux e-commerçants d’améliorer l’expérience d’achat au profit de leurs clients interna- tionaux et de renforcer leur com- pétitivité sur le marché mondial, d’autant plus que les études inter-

nationales ont démontré qu’envi- ron 76% des consommateurs préfèrent voir et payer le mon- tant exact de leur achat dans leur propre devise, ce qui se traduit par une meilleure satisfaction client et une réduction des frictions lors des transactions», explique à ce sujet Rachid Saihi, Directeur général du CMI.

Des gains commerciaux tangibles

Ce service, déjà éprouvé sur les terminaux de paiement élec- tronique (TPE) du CMI, s’étend aujourd’hui au digital, pour cou- vrir une large palette de devises telles que l’Euro, le Dollar améri- cain, la Livre sterling ou encore le Yen japonais. L’introduction du paiement en devise locale pour- rait transformer la dynamique des ventes en ligne au Maroc. Selon les benchmarks internationaux, cette option permettrait aux e-commer- çants d’augmenter leur chiffre d’af-

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6. Une gouvernance efficace et équilibrée Un autre point crucial consiste à bien distinguer pouvoir exécutif et pouvoir stratégique. Trop souvent, les familles confondent leadership opérationnel et détention du capi- tal. Or, pour éviter une centrali- sation excessive des pouvoirs, il est nécessaire d’instaurer un équi- libre entre plusieurs instances : un conseil de famille, un conseil d’ad- ministration et un comité exécutif aux rôles clairement définis. 7. Prendre soin de la cohésion familiale Au-delà de la performance écono- mique, la pérennité d’une entre- prise familiale repose sur la solidité de ses liens internes. C’est pour- quoi il est recommandé d’organi- ser régulièrement des événements intergénérationnels, de proposer des formations sur la gouvernance d’entreprise et d’intégrer progres- sivement les jeunes aux décisions stratégiques. 8. Organiser une transmission progressive et réfléchie Un des pièges fréquents est d’at- tendre trop longtemps avant de céder la direction. Or, comme le sou- ligne Antoine Mayaud, «il vaut mieux partir trop tôt que trop tard». Ainsi, la transmission doit être anticipée et structurée en plusieurs étapes : tester les successeurs pressentis sur différents projets, leur confier des responsabilités croissantes et les former à la gouvernance. 9. Transmission patrimoniale et succession managériale Enfin, il est fondamental de ne pas confondre héritage et direction opérationnelle. En effet, si tous les héritiers doivent avoir accès à la transmission patrimoniale, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils doivent diriger l’entreprise. Parfois, il est plus judicieux de confier la gestion à des professionnels externes, tout en conservant un rôle d’actionnaire actif ou de membre du conseil de surveillance. En guise de conclusion, Antoine Mayaud illustre cette philosophie par une métaphore évocatrice : «Le sillon n'est droit que si les deux chevaux avancent à la même vitesse». ◆

 Antoine Mayaud (C), membre de l’Association familiale Mulliez, dévoile neuf principes fondamentaux pour assurer la pérennité des entreprises familiales.

Entreprises familiales Les neuf règles d’or d'Antoine Mayaud Lors d’une conférence organisée par SFM Conseil, Antoine Mayaud, membre de l’Association familiale Mulliez (AFM) – un puissant groupement d’intérêt économique rassemblant plus de 1.000 membres et pilotant une fortune professionnelle estimée à 28 milliards d’euros –, a partagé son expérience sur les ressorts de cette réussite. Par Y. Seddik

riat au sein de la famille permet non seulement de renouveler les idées, mais aussi d’éviter la stagnation. 3. Se doter d'une vision claire et partagée Pour éviter les divisions internes, il est impératif de définir une orien- tation commune. C’est pourquoi la famille Mulliez a mis en place un processus rigoureux : tous les sept ans, elle se projette à vingt ans pour établir des objectifs stra- tégiques partagés. Ce travail de planification contribue non seu- lement à renforcer la vision col- lective, mais aussi à instaurer une dynamique cohérente. Comme le souligne Antoine Mayaud, «il n'y a de bon vent que pour celui qui sait où il va». 4. Dialogue et transparence Une gouvernance familiale efficace repose avant tout sur une commu- nication sincère et constructive. À cet égard, il est essentiel d’ins-

taurer un climat où les sujets sen- sibles peuvent être abordés sans tabous. En effet, la transparence ne doit pas seulement concerner la gestion financière, mais aussi les ambitions et attentes de chacun. De plus, en période de crise, la bienveillance est de mise, tandis qu’en période de succès, l’exi- gence doit prévaloir.

1. Impliquer les conjoints Contrairement à l'idée reçue selon laquelle les conjoints doivent rester en retrait, Antoine Mayaud prône leur intégration active. En effet, leur apport est double : d’une part, ils injectent une vision extérieure qui enrichit la réflexion stratégique et, d’autre part, ils jouent un rôle clé dans la transmission des valeurs entrepreneuriales aux jeunes géné- rations. Ainsi, en étant associés aux prises de décisions, ils contri- buent à limiter les tensions et à garantir un dialogue familial plus fluide. 2. Encourager la création L’un des écueils majeurs des entreprises familiales réside dans l’attente implicite que les descen- dants reprennent automatique- ment l’affaire. Or, cette pression peut s’avérer contre-productive et pousser certains jeunes à se détourner de l’entreprise familiale. À l’inverse, favoriser l’entrepreneu-

5. Formaliser par écrit les règles de gouvernance

L’absence de documentation écrite est souvent une source de conflits familiaux. Pour pallier ce risque, il est recommandé d’établir une charte familiale détaillée. Ce document, qui précise les règles d’entrée et de sortie du capital, les engagements des actionnaires et les principes de prise de décisions stratégiques, sert de cadre struc- turant. Ainsi, il garantit que chacun comprend et respecte les règles du jeu, limitant ainsi les éventuelles divergences.

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Accès des PME à la Bourse Un levier stratégique encore sous-exploité

Actuellement, il représente une part modeste de la capitalisa- tion boursière, avec seulement six entreprises cotées. Par ailleurs, des initiatives ont été prises en collaboration avec des institutions comme l’AMMC et la CGEM pour faci- liter l’accès des entreprises industrielles au financement boursier. L’objectif est de ren- forcer leur compétitivité et de soutenir la croissance éco- nomique en diversifiant leurs sources de financement. Si ces mesures ont été saluées, leur impact reste limité pour l’instant face à la réticence per- sistante des dirigeants d’entre- prises, particulièrement ceux issus de structures familiales, qui appréhendent l’ouverture de leur capital. Un constat par- tagé par Yassine Redouane, CEO d’IPF Advisors, qui sou- ligne que «beaucoup de PME perçoivent encore la cotation comme une contrainte, notam- ment en raison des exigences de transparence et de gou- vernance. Pourtant, ces obli- gations sont avant tout des leviers de structuration et de pérennisation pour leur déve- loppement». La crainte d’une dilution du contrôle, renforcée par les fortes exigences en matière de transparence et de com- munication financière, freinent considérablement la volonté des dirigeants de franchir le pas de la cotation, maintenant ainsi un taux d’introduction des PME encore marginal sur le marché boursier marocain. Pourtant, l’introduction en Bourse constitue une alterna- tive au financement bancaire et permet, entre autres, aux PME de bénéficier d’un accès à un réseau plus large d’investis- seurs, tout en accroissant leur notoriété… «L’introduction en Bourse permet aux entreprises non seulement de lever des fonds, mais aussi de gagner en crédibilité et en visibilité. Une entreprise cotée attire natu- rellement davantage d’investis- seurs et de partenaires straté- giques», conclut Redouane. ◆

Malgré des dispositifs attractifs, les PME marocaines restent frileuses face à la cotation. Entre avantages financiers et contraintes de transparence, comment lever les freins et dynamiser leur présence en Bourse ?

Par Gh. Bennani

 L’introduction en Bourse permet aux PME de bénéficier d’un accès à un réseau plus large d’investisseurs, tout en accroissant leur notoriété…

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eprésentant plus de 98,5% des entreprises du pays, les très petites et moyennes entreprises (TPME) participent à hauteur de 34% au PIB et génèrent près de 73% des emplois déclarés à la CNSS entre 2016 et 2023. Pourtant, leur accès au financement reste limité, ce qui freine leur croissance et leur compétitivité. Face à cette contrainte, la Bourse de Casablanca a multiplié les ini- tiatives pour faciliter leur cota- tion. Ainsi, en partenariat avec l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), elle a mis en place un dispositif spé- cifique visant à encourager leur introduction en Bourse. Lancée en 2021, l’initiative «Offre PME» s’inscrit dans cette démarche

et ambitionne de lever les obs- tacles financiers et administra- tifs en instaurant une réduction de 50% des frais d’introduc- tion, la mise en place d’un gui- chet unique pour simplifier les formalités ainsi qu’un accom- pagnement personnalisé com- La crainte d’une dilution du contrôle, renforcée par les fortes exigences en matière de transparence et de communication financière, freinent considérablement la volonté des dirigeants de franchir le pas de la cotation.

prenant des formations et des conseils stratégiques. Plus récemment, le ministère de l’Industrie et du Commerce et la Bourse de Casablanca ont intensifié leurs efforts pour encourager la cotation en Bourse des entreprises indus- trielles, avec un focus parti- culier sur le secteur agroali- mentaire. Des protocoles de partenariat ont été signés afin de sensibiliser les acteurs éco- nomiques aux opportunités offertes par le marché financier et de leur proposer un accom- pagnement adapté. Le secteur agroalimentaire, qui génère un chiffre d’affaires conséquent et joue un rôle clé dans la sou- veraineté alimentaire du pays, est particulièrement concerné.

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