FNH N° 1185

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 FÉVRIER 2025

Marché du travail

du nombre de chômeurs de 58.000 personnes. Les jeunes en sont les premières victimes. Le taux de chômage des 15-24 ans atteint un vertigineux 36,7%, en hausse par rapport à l’an- née précédente. Pour les 25-34 ans, il s’élève à 21%. Une vraie bombe sociale. Et pour les jeunes diplômés ? Ce n’est guère mieux. Leur taux de chômage s’élève à 19,6%. Une situation qui soulève des questions sur la capacité du modèle économique actuel à générer des emplois durables et inclusifs. Par D. William L Le rendez-vous manqué ! L’économie marocaine affiche des indicateurs macroéconomiques globalement satisfaisants, avec une croissance en hausse et une inflation maîtrisée. Pourtant, le marché du travail reste sous tension, particulièrement pour les jeunes. ’

se heurte à un plafond de verre, à savoir une croissance qui, malgré ses hauts et ses bas, n’atteint jamais le niveau néces- saire pour résorber le chômage. Les raisons sont connues : une dépendance excessive à l’agri- culture, un secteur industriel qui peine à prendre le relais et un manque d’adéquation entre les formations et les besoins du marché. «Le régime de croissance écono- mique au Maroc demeure inten- sif en capital et, conséquem- ment, peu créateur d’emplois. En témoigne la stationnarité du taux d’accumulation du capital sur les vingt dernières années, avec une contribution constamment posi- tive à la croissance économique, sauf en 2020 du fait du choc sanitaire. Alors que la contribu- tion du facteur travail est relati- vement volatile et peut afficher des valeurs négatives, bien que le taux de croissance du PIB puisse être positif. L’élasticité du travail à la valeur ajoutée, ainsi que le contenu en emploi de la croissance économique demeurent relativement faibles au Maroc» , souligne Alaoui.

économie marocaine se porte bien. Enfin, c’est ce que disent grosso modo les chiffres ren- dus publics récemment par le chef de mission du FMI, Roberto Cardarelli : «l'activité écono- mique aurait progressé de 3,2% en 2024 et s’accélérera pour atteindre 3,9% en 2025, car la production agricole rebondira après les sécheresses récentes, et le secteur non agricole continuera de se développer à un rythme soutenu dans un contexte de forte demande inté- rieure». Croissance en hausse, inflation sous contrôle autour de 2%, déficit budgétaire réduit à 4,1% du PIB en 2024 contre 4,3% prévus… Voilà donc un joli tableau macroéconomique. Et pourtant, il y a un hic. Malgré cette embellie, le chômage continue de plomber le pays. Plus précisément, le taux de chômage a atteint 13,3% en 2024, avec une augmentation

devrait réduire le taux de chô- mage si les actifs occupés main- tiennent leurs emplois. Or, au Maroc, depuis le premier tri- mestre 2023, nous assistons à un recul du taux d’activité paral- lèlement à une hausse du taux de chômage. Il s’agit donc d’une perte nette d’emplois, du fait que les emplois détruits dans le secteur agricole, qui subit un choc d’offre en raison du stress hydrique sévère causé par la série récente de sécheresses, n’ont pas été compensés par les emplois créés par le secteur des services», analyse Hachimi Alaoui, professeur d'économie monétaire et directeur d'équipe de recherche. Une croissance peu créatrice d’emplois Pour absorber l’arrivée massive de jeunes sur le marché du tra- vail, le Maroc a besoin d’un taux de croissance supérieur à 6% sur plusieurs années. Mais avec des performances en dessous de cette barre, le marché de l’emploi peine à suivre. Le problème ne date pas d’hier. Depuis des années, le Royaume

En 2024, le marché du travail a tout de même généré 82.000 nouveaux postes, principa- lement dans les services. Un chiffre encourageant sur le papier, sauf qu’il cache une réa- lité plus nuancée. La plupart de ces emplois sont précaires, mal rémunérés et peu protégés. Loin du CDI rêvé. En parallèle, l’agriculture, qui reste l’un des plus gros pour- voyeurs d’emplois du pays, a perdu 137.000 postes en raison des sécheresses à répétition. Un secteur en crise qui pousse de nombreux ruraux à tenter leur chance en ville, où ils se heurtent à un marché du travail déjà saturé. «En principe, une baisse de la population active

Depuis le premier trimestre 2023, nous assistons à un recul du taux d’activité parallèlement à une hausse du taux de chômage.

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