Carillon_2018_01_11

... la crise du verglas

que les génératrices devaient être payées comptant, je lui ai demandé s’il pouvait porter les 35 000 $ US au compte dema carte de crédit », relatait au Reflet Lucie Lapointe, au fait, celle qui a financé les génératrices de la municipalité. Élan de solidarité À ce déchaînement du froid, les populations ont opposé une solidarité sans faille. Le député provincial Jean-Marc Lalonde amené des démarches pour trouver 7000 cordes de bois en provenance de Thurso et les moyens pour les transporter. Il a rencontré les maires de Hull et d’Aylmer qui ont proposé de faire une collecte de bois de chauffage, un don des citoyens de l’Outaouais québécois. Son homologue du fédéral, Don Boudria, a vu sa maison de Sarsfield prise au piège de la noirceur durant près d’une semaine. Il a tenu lui aussi à souligner la chaîne de solidarité que la crise a suscitée, sans oublier

les 650 soldats dépêchés dans l’Est ontarien. « Le sinistre que l’on connaît en ce moment est certainement un des plus grands vécus au Canada. À preuve, c’est le plus grand déploiement de l’armée canadienne en temps de paix. Ça demande qu’on travaille tous ensemble, et je lèvemon chapeau non seulement à l’armée canadienne, mais aussi à tous les bénévoles de la région », avait-il souligné. Les soldats étaient à la disposition des autorités civiles et d’Hydro. Leur mission consistait, entre autres, à transporter des marchandises aux centres d’hébergement, aider à évacuer l’eau accumulée dans les sous-sols ou assister les policiers qui devaient visiter les résidents chez eux. Les pompiers avaient été eux aussi à l’avant-plan dans cet élan de solidarité. Ceux de Saint-Isidore, par exemple, avaient demandé l’aide du Service de Hawkesbury parce qu’ils étaient exténués.

FRÉDÉRIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca

Hydro-Hawkesbury avait mis les bouchées doubles pour pouvoir épargner lamunicipalité. Mais entre-temps les choses se sont compliquées pour la société. Sa deuxième source d’alimentation, qui était à Cornwall, avait cessé de fonctionner, atteinte par le froid. « On s’est affairé à étendre l’alimentation à toute la ville à partir de notre seule alimentation qui restait (…). On n’avait par contre pas la capacité de fournir l’électricité aux industries, ou encore si on avait connu un froid intense », avait rapporté Robert Bergevin, directeur général d’Hydro- Hawkesbury à l’époque. Il n’a pas manqué de saluer la bonne collaboration des grandes industries qui ont accepté de fermer leurs portes le temps de la crise. Le fournisseur d’électricité avait toutefois admis que « si jamais il y avait une autre tempête de verglas, les conséquences seraient certainement astronomiques. » Le sort des agriculteurs Les agriculteurs, surtout les producteurs laitiers, avaient payé un lourd tribut durant la crise du verglas dans la région. Plusieurs ne possédaient pas de génératrices et avaient de la difficulté à faire la traite des vaches. « On partage une génératrice pour cinq fermes. Ce n’est pas assez, les traites se font seulement aux 15 ou 18 heures, se plaignait Jean Brabant de la septième concession de Caledonia. Ce n’est pas bon pour le pis des vaches. Il y a danger de mammites. On ne peut pas nettoyer convenablement les appareils. Mais en plus, ce n’est pas propre. Les vaches ont la queue dans lamerde. Il n’y a pas de ventilation, et c’est impossible de nettoyer comme il faut », Du côté d’Embrun, une bénévole a tout de même réussi à limiter les dégâts pour les agriculteurs. Elle les a aidés « à mettre lamain sur un bon nombre de génératrices pour les dépanner ». Le numéro du journal Le Reflet, publié le 11 février 1998, rapportait l’histoire Lucie Lapointe, de Lapointe Developments. Lorsque celle-ci a réalisé que lamunicipalité n’était pas assez équipée en génératrices, elle a passé un coup de fil à sa tante demeurant en Pennsylvanie. Celle-ci a réussi à trouver un contact dans l’état de l’Iowa ayant plusieurs dizaines de génératrices en stock. «Mais le hic là-dedans, c’est qu’il faut une traite bancaire de 75 200 $ US pour obtenir les 20 génératrices demandées et que toutes les institutions financières sont fermées (dont la Banque Royale, où se trouvait le compte de la municipalité). C’est alors que Lapointe Developments, avec enmain une lettre d’appui de la municipalité, n’hésite pas à faire ouvrir la Caisse populaire, avec laquelle elle fait affaire, et se fait avancer les fonds de son compte d’affaires », était-il écrit dans le journal de l’époque. Un peu plus tard, lamunicipalité décide d’ajouter cinq génératrices à la commande. « Comme le camion était déjà en route et

Voilà 20 ans, le temps s’arrêtait sur une bonne partie de l’Ontario et du Québec, du fait de la crise du verglas avec son lot de foyers plongés dans le noir, sans eau ni électricité, et son cortège de poteaux brisés, d’arbres déracinés, de branches cassées et de chaussées impraticables. Une région bouleversée titrait tout simplement Le Carillon il y a 20 ans. La manchette était surmontée de clichés de poteaux cédant sous le poids de la glace avec des fils traînant par terre, de véhicules de l’armée et de soldats prêts à toute éventualité. Une des photos est celle du premier ministre de l’Ontario, Mike Harris, l’air abasourdi par la scène qui s’offre à lui. Une autre photo montre le premier ministre canadien, Jean Chrétien, se prenant la tête à deux mains devant l’ampleur du drame. Rien n’a échappé à l’époque à la curiosité de nos journalistes déployés dans toutes les principales régions de l’Ontario et du Québec touchées par le sinistre. Le Carillon ainsi que certains de nos autres journaux ont été témoins de cette crise sans précédent. Nous vous proposons un retour sur ces jours sombres où la glace avait pris le contrôle de la région. Des foyers dans le noir Plus de 5000 poteaux étaient tombés dans l’Est ontarien et la situation demeurait plus grave dans les zones rurales. Embrun, Russell et Limoges ont dû attendre plus d’une semaine avant d’être rebranchés. Quant aux résidents de Saint-Eugène, Sainte-Anne-de-Prescott, Fournier, Riceville, Dalkeith, Glen Robertson, Dunvegan, Glen Sanfield, Maxville, North Lancaster, Apple Hill et Green Valley, ils ont dû attendre deux bonnes semaines avant de retrouver le courant. La situation n’était pas meilleure à South Lancaster, Moose Creek, Martintown, Saint-Isidore, Casselman, Lefaivre, Chute- à-Blondeau, Monkland, Greenfield et Curry Hill, où l’on a vécu également des jours dans le noir. Parmi les plus chanceux figuraient les résidents de Bourget, Hammond, Saint- Pascal-Baylon, Saint-Bernardin, Treadwell. L’attente n’avait pas été si longue pour eux avant d’avoir de l’électricité dans les foyers. Hydro au front « La Ville de Hawkesbury a presque complètement évité les conséquences de la tempête de verglas qui s’est abattue sur la région la semaine dernière, principalement grâce au fait qu’elle est alimentée en électricité par deux sources principales », écrivions-nous dans Le Carillon dumercredi 14 janvier 1998. Si certains résidents ont manqué d’électricité dès le samedi 6 janvier et que d’autres pannes ont affecté une partie ou l’autre de la ville dans les jours subséquents, en gros, la ville a évité la tourmente.

Les arbres avaient cédés sous le poids de la glace comme en témoigne cette photo prise devant la tour d'eau de Hawkesbury.

Le maire de Hawkesbury à l'époque, Lucien Berniquez, remercie les soldats venus en renfort aux sinistrés.

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le jeudi 11 janvier 2018

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