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ECONOMIE
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 18 & VENDREDI 19 MAI 2023
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◆ A fin mars 2023, le taux de chômage s’élevait au Maroc à 12,9%, ce qui représente un record depuis au moins deux décennies. ◆ Les jeunes sont particulièrement exposés au chômage. ◆ Entretien avec Azzelarab Zaoudi Mougani, enseignant-chercheur et consultant en management - Groupe ISCAE. «Le décalage entre les compétences des demandeurs d'emploi et les besoins du marché du travail entraîne un chômage structurel»
Propos recueillis par M. Boukhari
Finances News Hebdo : La situa- tion du chômage au Maroc est inquiétante à en croire les der- niers chiffres du HCP. Le taux de chômage s’est accru de 0,8 point entre les premiers trimestres de 2022 et de 2023, passant de 12,1% à 12,9%. Quelle lecture en faites-vous et quelles en sont les causes à votre avis ? Azzelarab Zaoudi Mougani : La hausse du taux de chômage au Maroc, comme indiqué par les chiffres du haut-commissa- riat au Plan (HCP), est en effet certes pré- occupante. L'augmentation de 0,8 point entre les premiers trimestres de 2022 et de 2023, portant le taux de chômage de 12,1% à 12,9%, indique une détérioration de la situation de l'emploi dans le pays. Le HCP, dans sa note d’information relative à la situation du marché de travail, montre que cette altération touche pratiquement tous les segments du marché de travail (les hommes, les femmes, les diplômés, les jeunes de 15 à 24 ans dont le tiers n’arrive pas à trouver un emploi…). Les chiffres sur le dossier du chômage font froid dans le dos, notamment lorsqu’on s’aperçoit que ces statistiques du HCP ne se prononcent pas sur la gravité de la situation, puisque le chômage ne concerne que les personnes en âge de travailler et qui cherchent un emploi. On n’y intègre donc pas les per- sonnes découragées ou qui se retirent de cette quête de travail. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette aggravation du chômage au Maroc, notamment : • Croissance économique insuffisante : Malgré le fait que l’activité économique se soit légèrement redressée au premier tri-
Les disparités régionales jouent un rôle déter- minant dans la hausse du chômage, car certaines régions sont confrontées à des diffi- cultés écono- miques plus importantes.
mestre de 2023, affichant une progression de 3% de variation annuelle selon le com- muniqué du HCP, l'économie marocaine ne parvient toujours pas à créer suffisam- ment d'emplois pour absorber l'entrée des nouveaux diplômés sur le marché du travail et répondre aux besoins de la population active. En effet, le snapshot des emplois sectoriels affiche une perte de l’ordre de 247.000 postes d’emploi dans le secteur de l’agriculture, forêt et pêche (8% du volume dans ce secteur), le secteur de l’industrie a perdu 10.000 postes, celui des services affiche une perte de 56.000 postes d’emploi de son côté. Il est à noter que le taux de chômage des diplômés est passé de 18,9% à 19,8% (0,9 point) selon
la même note du HCP. • Disparités régionales : Le chômage varie considérablement d'une région à l'autre au Maroc. Les zones urbaines, en particulier les grandes villes, offrent généralement plus d'opportunités d'emploi que les zones rurales. Les disparités régionales jouent un rôle déterminant dans la hausse du chô- mage, car certaines régions sont confron- tées à des difficultés économiques plus importantes. A cet égard, il est à noter que cinq régions concentrent peu ou prou 71% du chômage. Il s’agit de Casablanca-Settat (26,1%), Fès-Meknès (13,1%), Rabat- Salé-Kénitra (11,9%), Tanger-Tétouan-Al Hoceima (10,5%) et enfin l’Oriental (9,1%). • Le chômage déclaré au Maroc est essen-
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