ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 MARS 2025
Agriculture «Il faut absolument revoir la stratégie nationale»
alimentaires de base. Il reste dépendant de l’étranger. Par ailleurs, on ne doit pas évo- quer la sécheresse pour justifier l’échec du PMV, car il existe plusieurs dysfonctionnements dans la stratégie agricole. Bizarrement, en période de sécheresse, le prix de la viande rouge régresse. Ce qui n’est pas le cas actuellement. Le PMV n’a pas pris en considération que le phénomène est cyclique. On est passé du PMV à Génération Green sans faire une évaluation d’ensemble. Il faut absolument revoir la stratégie agricole natio- nale. Auparavant, les semences locales prédominaient; actuel- lement la plupart sont impor- tées, surtout pour les produits à forte consommation comme les tomates, les oignons ou les pommes de terre. Dans la pro- duction animale, on constate aussi qu’il y a une percée des races étrangères, alors que nous avons des races locales très bonnes comme Sardi, Damane, Timahdid ou Béniguil. Certains choix restent incom- préhensibles. F.N.H. : Le contrat-pro- gramme signé entre l’Etat et les profession- nels du secteur n’a pas donné les effets escomp- tés. Quelles en sont les raisons ? M. D. : Ce contrat-programme avait pour objectif essentiel la promotion de la production locale. Malheureusement, le PMV a accordé une importance aux associations aux dépens des petits exploitants, alors que ces derniers sont le prin- cipal fournisseur du marché en viandes rouges. Ils doivent
Des dysfonctionnements ont marqué la réalisation de la stratégie agricole. Une attention particulière doit être portée aux petits exploitants. Entretien avec Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP).
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo : Y a-t-il un effet de l’annu- lation de l’Aïd Al-Adha sur les prix des viandes rouges ? Mohamed Dahbi : Malgré l’an- nulation du sacrifice de l’Aïd Al-Adha pour l’année en cours, il n’y a pas eu de baisse signi- ficative des prix des viandes rouges. Dans le meilleur des cas, la diminution n’a pas dépassé les 20% pour la viande ovine. Pour la viande bovine, on constate une baisse, sans pour autant revenir à la normale. Mais cette régression devrait se poursuivre car de nombreux éleveurs, et particulièrement les intermédiaires, tentent d’écou- ler leur bétail ou de le réduire pour pouvoir supporter les charges. Toutefois, nous avons noté une fluctuation des prix selon les régions. Il faut aussi souligner que certains bou- chers proposent leurs produits à 50 DH/kg. Il s’agit en fait de la viande de brebis d’Espagne. Cette dernière est très appré- ciée des consommateurs maro- cains aux dépens des autres races importées.
F.N.H. : Certains profes- sionnels émettent des critiques sur l’opération de recensement du chep- tel national. Quel est votre avis ? M. D. : On a relevé des contra- dictions entre les infos avan- cées par Mohamed Sadiki, l’ancien ministre de l’Agricul- ture, et Ahmed El Bouari, l’ac- tuel ministre. Le premier a, au terme de son mandat, affirmé que le cheptel ovin dépasse les 20 millions de têtes, alors que le second a avancé qu’il a baissé de 38%. Je me demande pourquoi la comparaison a été faite par rapport à 2016 et pas avec l’année dernière. Les professionnels du secteur, comme l’Association nationale ovine et caprine (ANOC), ont confirmé que le cheptel est suf- fisant pour observer le rituel de
l’Aïd Al Adha. Ces contradic- tions ont faussé les projections et ont abouti à un manque de confiance chez les profession- nels et les citoyens. F.N.H. : Dans ces condi- tions, faut-il pointer du doigt le Plan Maroc Vert ? M. D. : Depuis le démarrage du PMV, le prix de la viande rouge n’a cessé d’augmenter, pas- sant de 50 DH/kg en 2009 à 80 DH/KG en 2016, pour atteindre le prix record qu’on connaît actuellement. La crise de la filière viande rouge et aussi les problématiques d’autres filières nous imposent de faire une éva- luation objective de la straté- gie agricole. Certes, le Maroc a enregistré de belles réalisations au niveau de l’export, mais il n’arrive toujours pas à satisfaire ses besoins pour des produits
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