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DEVELOPPEMENT DURABLE 30

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 MARS 2025

aux énergies renouvelables. Dans ce sens, Sonasid, acteur princi- pal dans ce domaine, œuvre pour cette transition en utilisant 85% d’énergie verte pour produire son acier. Quant au secteur automo- bile, bien qu’il ne soit pas directe- ment concerné dans la première phase du MACF, il pourrait être impacté à moyen terme par l’aug- mentation des coûts des intrants comme l’acier et l’aluminium. Une stratégie nationale pour anticiper le choc de 2026 Face à cette menace économique, le Maroc s’est engagé dans une transition énergétique ambitieuse. L’objectif est double : réduire les émissions domestiques tout en maintenant la compétitivité des exportations vers l’Europe. L’enjeu est de faire de cette contrainte une opportunité de repositionnement stratégique. Selon notre expert, la décarbona- tion du mix électrique est au cœur de cette stratégie. Le Royaume vise 52% d’énergies renouve- lables d’ici 2030 et 70% en 2040. Cela implique une augmentation annuelle de 1.500 MW de nouvelles capacités solaires, éoliennes et hydrauliques, ainsi que le dévelop- pement de solutions de stockage d’énergie et le renforcement des interconnexions électriques avec l’Europe. La modernisation industrielle est également en marche. L’OCP pré- voit 13 milliards de dollars d’inves- tissements dans l’hydrogène vert, tandis que d’autres investisse- ments importants sont également envisagés dans les secteurs de la cimenterie pour encourager l’utili- sation de combustibles alternatifs et dans l’acier pour l’électrifica- tion et le recyclage. En parallèle, la création d’un marché carbone national est envisagée d’ici janvier 2026 afin d’aligner la régulation marocaine avec celle de l’UE et d’alléger l’impact fiscal du MACF. Cependant, pour appuyer ces investissements, des infrastruc- tures industrielles et énergétiques doivent être mises en place pour assurer la conformité à cette taxe de l’UE. Une exigence fondamen-

 Le Maroc mise sur les énergies renouvelables et l’innovation pour adapter son industrie aux nouvelles exigences environnementales de l’Union européenne.

Taxe carbone de l’UE

Plus qu’une année et l'industrie marocaine devra s’adapter au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) de l’Union européenne. Entre défis énergétiques et investissements massifs, le Maroc se prépare à une transformation industrielle sans précédent. Le temps presse pour les industries marocaines

Par Désy M. À

l'approche de l'entrée en vigueur, en 2026, du Mécanisme d'ajus- tement carbone aux frontières (MACF) de l'Union européenne, le Maroc se trouve à un carrefour stratégique. Cette taxe carbone sur les importations européennes impose aux industries marocaines une transition énergétique et éco- logique sans précédent. Si elle représente une contrainte, elle constitue aussi une opportunité pour moderniser l’industrie natio- nale et consolider la place du Royaume sur le marché européen. Ali Amrani, expert en énergies renouvelables et décarbonation et auteur de plusieurs études sur le sujet, alerte sur l’ampleur du défi: «Le Maroc risque de voir ses exportations industrielles taxées à hauteur de plus d’un milliard de

qui pourrait ralentir la croissance du tissu industriel. Certains secteurs sont particuliè- rement sous pression. Les phos- phates et engrais, dominés par le Groupe OCP, constituent l’expor- tation marocaine la plus exposée au MACF, avec une facture car- bone estimée à 425 millions de dollars par an en l’absence d’adap- tation. La conversion à l’ammoniac vert, produit à partir d’hydrogène renouvelable, est une piste sérieu- sement envisagée. Dans le ciment et la construction, l’adoption de biomasse et de technologies de capture du carbone devient une nécessité pour éviter une aug- mentation des coûts. L’acier et l’aluminium devront accélérer l’électrification des procédés de production et recourir davantage

dollars par an si aucune transi- tion n’est amorcée. Cela affectera non seulement la compétitivité des entreprises, mais aussi la dyna- mique d’exportation vers notre premier partenaire commercial, l’Union européenne». Une dépendance énergétique à repenser Le mix énergétique marocain, dominé à 37% par le charbon en 2023, expose les secteurs indus- triels nationaux à des taxes car- bone élevées. L’Union européenne absorbe plus de 60% des exporta- tions marocaines, notamment dans l’automobile, les phosphates, le ciment, l’aluminium et l’électricité. Or, sans une transition énergétique adéquate, ces secteurs risquent de subir une perte de compétitivité

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