FNH N° 1189 ok-1

VOYONS VOIR

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 MARS 2025

Trump – Poutine

La diplomatie du leurre

Ainsi, dès la première nuit suivant cet échange téléphonique, la Russie a fait pleuvoir 145 drones et six missiles sur l’Ukraine. Parmi les cibles ? Deux hôpitaux, des habitations, des infrastruc- tures ferroviaires… Tout sauf l’énergie. On pourrait presque saluer le sens du détail des stratèges du Kremlin, qui respectent à la lettre un engagement dont ils ont eux-mêmes rédigé les clauses. Pendant que Poutine feint la retenue, exigeant cependant que l’aide militaire occiden- tale à l’Ukraine se tarisse, Trump se pavane en champion de la paix, vantant «un appel très bon et productif», tout en rêvant d’accords écono- miques colossaux. Pendant ce temps, l’Ukraine, elle, compte ses morts et répare ses infrastructures, dans une énième démonstration du cynisme diplomatique à l’œuvre. C’est dire qu’en réalité, cette trêve limitée ne change rien au quotidien des Ukrainiens. Mais

après tout, qui s’en étonne encore ? Trump, dans son approche si singulière de la géopolitique, semble avoir trouvé en Poutine un interlocuteur aussi habile que lui dans l’art du bluff. L’essentiel n’est pas de parvenir à un cessez-le-feu global, mais de faire croire que l’on y travaille. Mais ce qui choque le plus dans cet échange téléphonique Trump - Poutine, ce n’est pas tant le contenu (après trois ans de guerre, on a com- pris que la Russie ne céderait rien sans contre- partie substantielle), mais plutôt la méthode. Kiev n’a pas été conviée à ces discussions. Volodymyr Zelensky, une fois de plus, s’est retrouvé dans la posture d’un président à qui l’on impose des décisions prises ailleurs. Par d’autres. Washington et Moscou discutent, et l’Ukraine découvre ensuite les termes du «deal». Drôle de manière de négocier l’avenir d’un pays en guerre. Dans ce marché de dupes, ce n’est donc pas un cessez-le-feu durable qui se des- sine, mais un futur où l’Ukraine pourrait être contrainte de céder des territoires pour acheter une paix fragile. Et dans cette équation, Kiev a peu d’options : accepter un compromis humiliant ou risquer de se passer de l’aide militaire amé- ricaine que ne pourra suppléer l’Europe dans l’immédiat. Bref, dans cette partie d’échecs entre Washington et Moscou, Kiev semble n’être qu’un pion de plus. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

I l y a des coups de fil qui changent le cours de l’Histoire. Et puis il y a celui entre Donald Trump et Vladimir Poutine, qui, lui, change tout… pour que rien ne change. Mardi 18 mars, les deux présidents se sont offert un long échange téléphonique, d’où il ressort un accord sur une trêve dans la guerre russo-ukrai- nienne limitée aux infrastructures énergétiques. Enfin, un apaisement momentané, taillé sur- mesure pour donner l’illusion du progrès tout en ménageant les ambitions russes. Un «deal» à la Trump : beaucoup de bruit, des annonces clin- quantes et un résultat proche du néant. Le timing de cet appel avait de quoi susciter des espoirs, notamment du côté de Kiev. L’Ukraine, sous pression militaire et diplomatique, a dû s’accommoder de ce que Washington a vendu comme une avancée majeure. En réalité, la Russie s’est engagée à ne pas attaquer les infrastructures énergétiques ukrainiennes… pen- dant trente jours. Un cadeau empoisonné, puisque Moscou conti- nue allègrement de bombarder les hôpitaux, les immeubles résidentiels et tout ce qui n’entre pas dans la définition très restrictive de cette trêve. Par D. William

Trump, dans son approche si singulière de la géopolitique, semble avoir trouvé en Poutine un interlocuteur aussi habile que lui dans l’art du bluff.

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