Carillon_2018_01_18

la glace à -20 degrés. On n’avait pas d’autre choix que d’aller jouer au hockey. C’est ça qu’on aimait faire. Il n’y avait pas de jeux électroniques. » Le petit qui joue dans la cour des grands « J’ai commencé en tant que gardien de but, une position que j’ai occupée jusqu’à l’âge de 12 ans, se rappelle Yvan Joly. Puis, j’ai décidé de m’essayer comme joueur à l’attaque et ça a marché. À 13 ans, j’ai commencé à jouer avec des joueurs de ligue d’hommes. Ils m’ont laissé jouer et j’ai beaucoup appris en jouant avec ces gars-là, comme Richard Martel, Richard Morris, Bernard Laberge, Denis Gagnon, André Bougie et d'autres », s’est souvenu M. Joly. L’homme est fort reconnaissant et estime qu’il n’aurait pas été loin sans eux. « Après, quand j’ai atteint le niveau professionnel, j’ai su que ces gars-là aussi avaient du talent pour jouer dedans, parce qu’ils étaient très intelligents. J’ai appris d’eux et je me disais que le hockey était fort à Hawkesbury », s’est-il réjoui. À 15 ans à peine, il jouait déjà pour les Hawks de Hawkesbury. Ces derniers avaient remporté toutes leurs rencontres dans la catégorie Junior B pour se rendre en finale où ils ont d’abord gagné à l’aller face à Morrisburg, qui a pris le dessus au match retour. « En ce temps-là, les arénas étaient pleins à craquer. C’était vraiment du bon temps. Il y avait six autobus qui étaient venus de

Hawkesburypournous soutenir àMorrisburg pour la finale. C’était incroyable. » Fulgurante percée dans les 67 d’Ottawa Il s’est révélé un redoutable ailier droit dont les brillantes prestations ne passaient jamais inaperçues. Chasseurs de têtes, recruteurs et autres éclaireurs l’ont vite détecté. Il a finalement été déniché par les 67 d’Ottawa. « Je n’étais pas gros. J’étais tout petit. Je pesais 155 livres et mesurais 5 pieds 8. Pour me faire repêcher par ce club-là, je ne le croyais pas. J’étais petit, trop petit », n’arrive- t-il toujours pas à s’expliquer. S’il finit par trouver undébut d’explication, c’est pour noter que sa force résidait dans la rapidité. «Mon atout, c’était dans la vitesse. C’était incroyable ! » Celui qui l’avait repêché pour jouer au sein des 67 d’Ottawa, Brian Kilrea, aujourd’hui âgé de 83 ans, a poursuivi sa carrière jusqu’à 75 ans, devenant ainsi le plus vieil entraineur de la Ligue junior majeure de l’Ontario. Par le fait même, il détient le record du nombre de parties pendant lesquelles il a été l’entraineur. Dans cette formation phare, Yvan Joly, qui avait 15 ans, multipliait toujours les prouesses. L’entraineur anglophone ne parlait pas un mot du français. C’est là que le jeune francophone a appris la langue de Shakespeare. Il a en poche un diplôme de 12 e année et a toutes les raisons de considérer que les 67 d’Ottawa représentaient pour lui une vraie école. « C’est dans le hockey,

Yvan Joly avec Guy Lafleur, joueur étoile à l’époque des Canadiens de Montréal. —photo fournie

avec eux, que j’ai appris à parler l’anglais », a-t-il rappelé. Le jeune hockeyeur a passé quatre années bien comptées dans l’organisation avec plusieurs belles actions au bout du bâton. L’un de ses meilleurs souvenirs est cette partie contre les Spitsfire de Windsor, qu’il avait dynamités à Ottawa, en marquant à lui seul cinq buts. Il a terminé son passage dans les 67 d’Ottawa en tant que troisième meilleur compteur de tous les temps, ce qui a été fêté à Ottawa. Yvan Joly chez les Canadiens de Montréal Yvan Joly n’a pas mis un point final à sa carrière de hockeyeur avec les 67. II est allé encore plus loin, loin de l’Ontario, loin du Canada. Il s’est d’abord ouvert royalement les portes dumythique Canadien deMontréal, qui l’a repêché en 1979 pour un contrat de trois ans. À l’époque, l’équipe dominait les séries en régnant presque sans partage sur la Coupe Stanley. C’est alors qu’Yvan Joly fera les frais du proverbe selon lequel « le bonheur des uns fait le malheur des autres », car bien que repêché, il n’avait pas de place. Il a alors été envoyé enNouvelle-Écosse afin d’évoluer au sein de l’équipe des Voyageurs de Halifax, un club affilié aux Canadiens de Montréal. Malgré ses belles performances, on ne le faisait pas monter. Il a commencé à déchanter avec les Canadiens qui semblent lui avoir laissé, à analyser ses propos, ses pires souvenirs dans le hockey. « Là j’aurais pu avoir la chance de me sauver avec les Canadiens, mais c’était

raté. J’ai toujours joué pour avoir du plaisir, mais quand tu es si proche de jouer dans la grosse ligue et de ne pas y arriver, c’est dur à accepter. Dans les mineurs quand j’étais dans le club ferme, les Voyageurs de Halifax, j’ai compté 43 buts en 76 parties. Ils ne montent pas non plus, c’est quoi le problème », fulminait M. Joly, que la rafale du hockey a éloigné de ses parents à l’âge de 13 ans. Carrière internationale Déçu de constater qu’avec les Canadiens de Montréal, nul n’est prophète chez soi, le natif de Hawkesbury décide d’aller monnayer ses talents hors de son pays. Direction l’Europe d’abord. Il pose ses valises en Italie pour un an et ensuite en Suisse pour six mois. Après y avoir fait une belle expérience, il amis le cap sur les États-Unis et a évolué dans la ligue américaine aux côtés des Main Mariners. Avec ce club-école de New Jersey, Yvan Joly a remporté la Calder Cup America en 1984. À la fin de sa carrière là-bas, Yvan Joly est revenu au pays. Il a été entraineur pendant une quinzaine d’années des Hawks de Hawkesbury, des Panthères de Saint-Jérôme et des Éperviers de Contrecœur. Ainsi les jeunes ont pu bénéficier de ses immenses connaissances en matière de hockey. Il a aussi représenté durant deux ans Équipe Canada junior en Suède en 1977-1978 et 1978-1979 en Finlande. Lui, qui au départ ne s’est jamais imaginé un instant pouvoir gagner une partie de sa vie dans ce sport élevé au rang de religion au Canada, a réalisé à la fin de sa brillante carrière 398 points, 183 buts et 215 passes.

Yvan Joly signant son contrat avec les Canadiens de Montréal. —photo fournie

Le Carillon, Hawkesbury ON.

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Le jeudi 18 janvier 2018

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