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qu'avec le développement d'un esprit psychanalytique, le patient acquiert la capacité de passer de l'inévitabilité de l'action à la possibilité d'une réflexion . Sa méthode de « travailler dans le transfert » s'articule autour de ce qu'Ogden appelait « penser à penser » (« thinking about thinking »). La thèse implicite qui consiste à créer un esprit psychanalytique est que ce qui est accompli dans le cadre d'une psychanalyse relativement réussie est une manière de savoir (way of knowing) , et non pas simplement le fait de savoir. La transformation des mots en actes dans une pensée symbolique et représentative fait partie de l'aide apportée à l'analysant à développer un esprit psychanalytique en termes d'expansion de la capacité à jouer avec les pensées, ce qui dépend de leur représentabilité. En d'autres termes, plutôt que de rechercher des souvenirs enfouis, on cherche à transformer ce qui est sous-représenté en idées représentables. Il s'agit d'un mouvement qui passe du pré-conceptuel (concret) et du pré-opérationnel à la représentation symbolique. Ainsi, avant que toute signification puisse être interprétée, le mécanisme et le contenu psychiques (c'est-à-dire le conflit, la défense, la réparation de soi, les objets intériorisés, etc.) devront être représentés verbalement de façon à entraîner une symbolisation. Les mots et les pensées servent de signes efficaces et structurants pour ce qui est signifié. Les points de concordance entre Busch et Da Rocha Barros laissent ouverte la question de savoir dans quelle mesure Busch s'appuie sur le modèle du contenant-contenu pour expliquer l'émergence de la réflexivité. Dans l'ensemble, cependant, l'émergence de cette perspective rapproche la psychologie du moi de certains aspects des travaux d'André Green, de Betty Joseph et d'Antonino Ferro, entre autres. À partir de l’Ego psychology de Loewald, qui intègre la théorie de la pulsion de Freud et les relations d'objet, Busch (2016) examine de nombreuses dimensions en ce qui concerne la façon de travailler pour développer la « capacité de contenance du moi » au travers du spectre des pathologies, avec toutefois des différences. Dans le cadre des troubles de la personnalité névrotique, de type sévère à modérément sévère, les analystes cherchent à transformer les pensées en signification ; dans le cas des troubles de la personnalité plus sévères, ils cherchent à transformer « l'action langagière » (« langage action » ; Busch, 2013), ainsi que les états d'affect non modulés, en pensées. Le mouvement consiste à passer du langage de l'action au langage de la communication (inconsciente et consciente). Bien que les méthodes utilisées pour contenir des états plus primitifs (tant chez le patient que chez l'analyste) soient plus fréquentes (et plus difficiles) en cas de pathologie sévère de la personnalité, elles se retrouvent également dans le travail analytique avec les patients névrosés. Sur ce point, Busch poursuit et développe les travaux de Loewald (1975) sur « [l’] acte de langage, d’action symbolique […] dans le champ énergétique du transfert ». (Ibid., p. 293), au service des ré- énactions ( re-enactments ). Cette approche concorde également avec celle d'André Green (2000) en ce qu’elle saisit à la fois le rôle de la contenance et de la construction des représentations, à savoir qu’en construisant un espace analytique dans lequel l'association libre et l'écoute psychanalytique sont possibles, l'analyste peut exprimer et relier des idées précédemment catastrophiques, complètement inconnues de la conscience du patient, pour aider celui-ci à créer du sens et à se soulager de terreurs précédemment dominantes mais inconnues.
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