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contemporaine du moi, celle de Bion et de la pensée post-bionienne et d'autres théoriciens britanniques et nord-américains des relations d'objet, ainsi que de la tradition française. Ils proposent une vision bidimensionnelle de la mentalisation qui intègre plusieurs niveaux de contenance : les niveaux descriptifs de tolérance à l'affect (impulsion perturbatrice/énaction, impulsion modulée/investissement cathartique, externalisation, appropriation et abstraction/association réflexive) d'une part, et les modalités distinctes de représentation des canaux d'expression de la pulsion et de l'affect (action somatique et motrice, imagerie, parole/verbalisation) d'autre part. Ce cadre complexe influence à la fois la capacité du patient et celle de l'analyste à écouter, à contenir de manière transformative et à construire les structures psychiques, en particulier chez les patients du spectre borderline. Il passe du réflexif au réfléchi, du fonctionnement présymbolique et pré-représentatif au fonctionnement représentatif et symbolique, et des conflits intra-systémiques (au sein du Moi) aux conflits inter-systémiques (entre le Ça, le Moi et le Surmoi). Cette conceptualisation présente également de nombreux points communs avec la traduction de Wilma Bucci (1994) entre les domaines expérientiels non symbolisés, inconsciemment symbolisés et verbalement symbolisés, ainsi qu'avec les travaux ultérieurs de Mauro Mancia (2006). En 2006, le psychanalyste et neurologue Mauro Mancia cherche à intégrer les neurosciences et la biologie moléculaire à la théorie psychanalytique de l'inconscient non refoulé, qu'il considère comme le noyau du moi et où sont conservées les relations primaires entre la mère et l'enfant. Il considère que le corrélat neurobiologique de ces premières expériences pré-symbolisées et pré-psychiques correspond au réseau de « l'organisation morpho-fonctionnelle », qui précède le développement complet de l'hippocampe, le centre des mémoires autobiographiques affectives. L'inconscient non refoulé peut être ramené à la surface dans l'analyse grâce à la « dimension musicale » du transfert, caractérisée par la voix (son intonation et son rythme) et la prosodie du langage. Les rêves peuvent transformer symboliquement des expériences présymboliques et préverbales, de sorte qu'elles peuvent être mises en mots et en pensée sans même que l'on s'en souvienne. Cette reconstruction permet au patient à la fois de les évoquer et d'y penser, même s'il n'en a pas le souvenir. Mancia soutient que ce modèle intégratif, qui s'appuie sur une pluralité de perspectives, notamment celles de Freud, de Klein et de la recherche contemporaine sur le développement et la neurobiologie, est conforme à la théorie de la pensée de Bion (1962a, b ; 1991) : l'approche clinique fondée sur cette intégration facilite le développement et l'intériorisation de la fonction α de la psyché, de manière à conférer un nouvel ordre aux éléments β pré-psychiques qui l'atteignent. Cette démarche fait suite à la tentative antérieure de Mancia (1981) qui consiste à relier l'activité du système nerveux central aux concepts de Bion (1963) relatifs au « contenant-contenu » et à la « fonction alpha ». Il ajoute : « Selon Bion, les fonctions de la psyché sont en fait opérationnelles au sein des fonctions neurobiologiques qui permettent aux opérations mentales de s'organiser et de se manifester. Cela est particulièrement vrai pour la fonction alpha du rêve, dans la mesure où elle peut être considérée comme faisant partie d'une activité neurobiologique qui, pour reprendre les termes de Bion, agit comme un « contenant » permettant l'organisation des processus de pensée ». (Mancia, 1981, p. 450) 54 .
54 Citation traduite pour cette édition, N.d.T.
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