Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

Retour vers le menu

III. Ea. La logique inconsciente Comprendre la logique de l'inconscient est pour l'analyste un outil fondamental à chaque instant, elle est l'essence de la psychanalyse. Cet outil est en effet indispensable pour comprendre l'expression psychotique des patients. Freud (1900) fut le premier auteur à étudier la logique inconsciente dans L'interprétation des rêves où il précise ce qu'il a qualifié de ‘processus primaire’, la logique de l'inconscient, qui est constituée de : 1) l'absence de contradiction mutuelle parmi les représentations des différentes pulsions ; 2) le déplacement ; 3) la condensation ; 4) l'atemporalité et 5) la substitution de la réalité psychique à la réalité externe. Freud a continué à développer ce thème dans plusieurs autres textes : « Formulations sur les deux principes du fonctionnement psychique » (1911c) ; « Un cas de paranoïa »; « Le Moi et le Ça » (1923a) ; et « Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse » (1933). Le travail de Freud a incité Matte-Blanco à préciser dans l'ouvrage « The Unconscious as Infinite Sets » (1975) (« L'inconscient en tant qu'ensembles infinis ») que : « La découverte fondamentale de Freud n'est pas celle de l'inconscient, même pas au sens dynamique de ce terme (mise à part son importance) mais celle d'un monde qu'il appela malheureusement l'inconscient – dirigé par des lois entièrement différentes de celles qui gouvernent la pensée consciente. Il ne fut pas le premier à parler de l'inconscient et, dont des connaissances à ce propos s’étaient développées avant lui, mais il fut le premier à faire la découverte de cet étrange ‘Royaume de l'illogique’, soumis, quoique illogique, à des lois précises qu’il découvrit en un extra-ordinaire coup de génie. ». Dans une étude des travaux de Matte-Blanco, Henry Rey (1976, p.491) constatait que : « Matte-Blanco était extrêmement concerné, de ce qui semblait être sa première préoccupation, de la tournure que la notion d'inconscient avait prise dans les écrits de Freud et chez d'autres psychanalystes. ‘L'inconscient’, au départ considéré comme un aspect vivant de la personnalité avec des activités gouvernées par certaines lois, a été reclassé à la simple qualité d'être inconscient ». En ramenant les conceptions de Freud à des propositions mathématiques, Matte-Blanco a développé le concept de la logique inconsciente (bi-logique), gouvernée par deux principes : 1) Le principe de généralisation, selon lequel la logique de l'inconscient, contrairement à la logique du système conscient, ne considère pas les individus comme des unités, mais des membres de groupes toujours plus grands (classes, ensembles). Le déplacement a lieu selon ce principe ; 2) le principe de symétrie, qui requiert de l'inconscient qu'il traite le contraire/revers de chaque relation de la même manière, comme s'ils étaient toujours à l'identique. L'intemporel est une conséquence de ce second principe. Les deux principes opèrent par la condensation et l'absence de contradiction. Il précisa que ce ‘domaine de l'inconscient’ était pour Freud la véritable réalité psychique. Dans ce domaine, l'esprit fonctionne par une bi-logique, par le fonctionnement simultané du principe d'asymétrie en termes d'individus et de leurs différences, qui définit la logique quotidienne et les fonctions de pensée scientifiques, la conscience et le processus secondaire de Freud, ainsi que le principe de symétrie, qui gouvernent le processus primaire freudien. Pour Matte-Blanco, le déplacement est à la base de la projection, de la sublimation, du transfert, du retour du refoulé et de la division des objets. Dans le cas d’un individu en état de déplacement, l'objet vers lequel il opère un déplacement, est conçu comme

236

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker