Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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l’inconscient, que Freud considérait insondable, est essentiellement symétrique , où tout est égal à tout le reste. Cela constitue le ‘mode indivisible’ absolu. La pulsion de mort de Freud peut ainsi être reformulée en la cessation de la pensée : si tout est égal à tout le reste, il ne peut y avoir de pensée. A l'inverse, si dans un état d'asymétrie absolue, tout est différent de tout le reste, et aucune connexion et association n'est possible, les objets sont fermés dans une catégorie d'unicité et aucun processus de pensée ne peut avoir lieu non plus. Selon la conclusion de Matte-Blanco, les processus psychiques peuvent uniquement avoir lieu lorsque les processus de pensée asymétriques et les processus symétriques sont présents. Les concepts que sont le Conscient et l'Inconscient sont reformulés en termes de bi-logique et de stratification de l'esprit. Cela a conduit Matte-Blanco à explorer de manière exhaustive le concept kleinien d'identification projective en termes de logique symétrique. Selon cet angle, l'identification projective est une manifestation bi-logique de la pensée symétrique et asymétrique. Les idées de Matte-Blanco sur la symétrisation et l'infinitisation sont explicitées cliniquement par Erick Rayner (1981, 1995a, 1995b) qui a fondé le Groupe bi-logique de Londres. Son travail d'élucidation et de développement de la théorie des émotions de Matte- Blanco, et de sa théorie de la logique inconsciente, l'a mené à écrire sur la symétrisation dans le domaine des sentiments, où le sujet et l'objet tendent à devenir indifférenciés ou réversibles et où les affects tendent à ’s'infinitiser’. La symétrisation ne peut permettre aucun développement psychique et la conséquence évidente est celle d'un processus d'infinitisation, une répétition sans fin . En exemple d'une infinitisation de la symétrisation, serait le cas des impulsions érotiques qui s'infinitisent sous la pression d'angoisses intenses : un homme impliqué dans une succession de frénésie sexuelle, ou simultanée, avec un groupe de femmes, remplaçant fébrilement les précédentes rencontres passionnées avec la dernière femme de ‘l'ensemble’ par des nouvelles femmes. Après l'extase, lorsque la fusion totale est atteinte, il repart rapidement rencontrer la prochaine femme et à ce niveau de symétrisation, les femmes sont interchangeables. Lui-même se retrouve dans une sorte de trance infinitisée, de type hypnotique, sur la beauté féminine, qui est vécue de manière mutuellement enrichissante. Un examen plus approfondi révèle que cette structure érotique sert d'exutoire vital en raison d'angoisses claustrophobes intenses qu'il éprouve dans ses activités professionnelles et dans sa vie maritale. Mais aussitôt l'extase jouissive terminée, la femme qui y est impliquée devient un autre objet claustrophobique. Une étude clinique de ces infinitisations de symétrisations soulève la symétrie du rôle de la proie et du prédateur qui progressivement mène à l'abandon de la centralité de la frénésie érotique à des relations plus tranquilles et des états d'esprit plus confortables. L'infinitisation est aussi une compulsion de répétition, mais elle porte un lien plus direct avec l'expression instinctuelle, un domaine de non pensée. Le concept de Matte-Blanco de logique inconsciente concerne la strate la plus profonde de l'inconscient, la racine de la psyché, l'inconscient structurel non refoulé, connecté profondément aux sensations somatiques. Dans ce contexte, il est considéré être relié à des conceptualisations telles que celles d'Armando Ferrari (l'éclipse du corps) (Lombardi, 2000) et des processus transformatifs de Bion (1962), qui tous mettent l'accent sur la difficulté structurelle de penser face à la poussée troublante biopsychologique des émotions. La pression

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