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Pour Winnicott , l'objet (sujet en conflit à part entière) joue également un rôle essentiel dans la naissance d'un appareil psychique qui fonctionne, qui soit capable de faire la distinction entre fantasme et perception. L'objet gère cette transformation et construction au travers de deux moyens principaux d'interaction avec l'enfant. Il y a premièrement, ce qui est « trouvé- créé » dans l'offre empathique, au bon moment, de la mère qui apparait exactement quand l'enfant en a besoin. Puis, la « survie » de l'objet à être « utilisé » en tant qu'objet des pulsions aide l'enfant à différencier ses désirs de la réalité externe. Winnicott (1960 b, p. 141) affirme que pour l'enfant les pulsions instinctuelles et les affects sont tout autant étrangers au Moi qu'un coup de tonnerre. Par une négociation réussie de deux catégories d'interactions que sont le « trouvé-créé » et « l'utilisation de l'objet » (1953, 1969), l'enfant assujette progressivement la pulsion et la distingue des forces environnementales. Ainsi le caractère particulier de la « rencontre » entre l'élan spontané, dirigé sur l'objet de l'enfant, et la « réponse » du parent, façonne littéralement, si l'on peut dire, l'expérience intrapsychique du sujet . Avant que la pulsion puisse être ressentie comme faisant partie de soi-même, elle doit bifurquer par la réaction de l'autre externe ; de cette façon, et plutôt que d'être simplement « innée » la pulsion , pour Winnicott , est essentiellement « construite » dans la relation avec l'autre. Selon le point de vue d’ André Green (1997), la pulsion est la matrice du sujet, comme dans la théorie freudienne, le Moi survient de l'interaction/affrontement entre les pulsions et le monde externe. Green a suppléé au concept winnicottien de « présence (maternelle) optimale » sa propre conceptualisation de « l'absence optimale » qui favorise les processus de symbolisation et de représentation. (La dialectique de l'intrapsychique et de l'intersubjectif, selon Green, sera spécifié ci-dessous.) La reformulation ambitieuse des « Nouveaux fondements pour la psychanalyse » de Laplanche (1989b) apporte une autre vision de la relation entre l'objet et la pulsion. Laplanche (1999a) critique la nature « ptolémaïque » de la vision freudienne qui situait la psyché individuelle au cœur de sa destinée. Laplanche, quant à lui, considère que la « situation anthropologique » fondamentale de la petite enfance est complètement décentrée par la « primauté de l'autre » , faisant de la petite personne une « copernicienne » dans sa révolution autour de l'adulte. La drastique asymétrie entre l'adulte et l'infans sur laquelle Laplanche met l'accent, en raison de son immense conséquence pour la structure psychique de l'enfant, repose sur le fait que l'adulte est un être sexuel et doté de parole et d'un inconscient, alors que le nourrisson n’est ni sexuel ni capable de parler et n'est pas encore divisé intérieurement. A peine deviné par l'intuit de l'adulte, le déclenchement de sa sexualité infantile inconsciente se réalise dans l'intimité primaire avec le corps de l'enfant. Cette sexualité inconsciente « contamine » les échanges intimes avec l'infans sous forme de « messages énigmatiques » que l’enfant n'a pas le moyen cognitif, émotionnel ou corporel de décoder et qui créé des fantasmes pulsionnels et inconscients éprouvés par l’enfant sous forme de pression interne de se donner une « traduction ». Pour Laplanche, cette sexualité infantile, énigmatique par nature, n'est pas innée mais implantée par l'autre réel, bien que la réalité qui compte (dans un dérivé fortement critique et une refonte de Lacan) est la réalité du « message », une tierce réalité que Laplanche ajoute aux réalités psychiques et matérielles freudiennes. Ainsi la sexualité, pour Laplanche (entendant par là médiée par le fantasme) provient de l'autre et est « autre » ( other ), aliénée et
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