Retour vers le menu
l'objet. Cette dialectique donne une base valable pour l'exploration des pulsions, souterraines de la vie psychique. Dans son ouvrage « L'intrapsychique et l'intersubjectif en psychanalyse : pulsions et/ou relations d'objet », de 1998, Green postule que : « C’est dans l’entrelacement des intérieurs des deux partenaires du couple analytique que l’intersubjectivité prend corps[...] » (Green, 2000, p.2). Deux champs furent ainsi définis : celui de l'intrapsychique sur l'intérieur, venant des relations entre les parties qui le comprennent et celui de l'intersubjectif, entre l'intérieur et l'extérieur dont le développement nécessite la relation à l'autre. Car là où la structuration psychique est concernée, l'extérieur n'est pas seulement la réalité, mais au cœur même de l’objet, et le symbolise ; il fait, en fait, référence à l’autre-sujet. Ainsi, l'objet est situé à deux endroits : il appartient autant à l'espace interne sur les deux niveaux du conscient que sur l'inconscient et il est également présent dans l'espace externe comme objet, comme autre, comme l’autre-sujet. (ibid, p.3) Les relations intersubjectives se relient à deux sujets intrapsychiques. La force et le sens sont entrelacés et allient leurs effets. Pendant son voyage à New York en 2004, Green souligne que lorsque nous travaillons avec les patients, nous travaillons de sorte à créer des représentations. Les représentations ne sont pas des éléments primitifs essentiels du Ça, ils sont leurs transformations présentes dans le Moi. Le premier pas est la transformation de la pulsion instinctuelle à la représentation inconsciente. La transformation n'est pas spontanée. Elle fonctionne grâce à la rencontre de la pulsion instinctuelle avec l'objet. C'est l'objet qui favorise la création de la représentation inconsciente, la représentation-chose ( thing-presentation, Sachvorstellung ) qui sera transformée en une représentation-mot ( word-presentation, Wortvorstellung ) et qui donne à l'état initial de la pulsion une forme transmissible par le langage. Dans le portrait de la psyché que Green dépeint, le facteur économique des pulsions est essentiel : l'inconscient consiste en un réseau ramifié de dérivés de la pulsion (représentations- choses) en quête d'une voie de décharge. La nature dynamique de ces représentations, qui représentent une forme primaire de la pulsion, les dirige vers une certaine action ou conscience. L'aspect dynamique des pulsions corporelles de l'inconscient, en recherchant toujours une décharge, et déterminant les actions de l’individu, sont la source de résonance clinique quotidienne (Green, 2002). En faisant référence à l'inconscient en tant que non-symbolisé , ce qui n'a jamais été symbolisé y est inclus (c'est-à-dire ce que l'on appelle les « états primitifs » ou les contenus du « refoulement primaire ») ou ce qui est dé-symbolisé , c'est-à-dire dont les liens avec le reste du réseau symbolique ont été rompus (c'est-à-dire ce qui a été refoulé en seconde instance est soumis au refoulement secondaire). Dans les deux cas, ce qui ne peut être mis à l'usage (c'est- à-dire devenir conscient) fera son chemin vers d'autres voies d'expression, avec les deux principales catégories qui en résultent, l'énaction (enactment ) et la somatisation. René Roussillon (2004a,b) plaide en faveur de l' intégration du concept d'intersubjectivité en psychanalyse. Bien qu'il considère que les moyens utilisés par la conception nord-américaine de l'école intersubjective soient réducteurs, il précise que cette notion peut devenir un concept psychanalytique par une approche métapsychologique fondée
322
Made with FlippingBook - Online Brochure Maker