Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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préliminaire était nécessaire en psychologie, pour que les psychologues puissent contribuer à leurs développements ultérieurs (Lagache, 1961). Jacques Lacan avait une vision très différente de la relation entre la psychanalyse et la psychologie : il pensait que les deux disciplines étaient irréconciliables. Il était opposé à l'approche phénoménologique de l'intersubjectivité, en faisant valoir que ce point de vue ne faisait que décrire la relation avec un autre semblable : il ne faisait que rester dans l'ordre de l'imaginaire et neutralisait l'altérité radicale de l'inconscient. Pour Lacan, la notion clé est le sujet, pas la subjectivité : le « sujet de l'inconscient » est précédé par le langage. Le sujet est gouverné par l'ordre symbolique, un ordre duquel le sujet tente de s'échapper par les formations imaginaires du Moi, parmi lesquelles la subjectivité. Pour Lacan, le terme inconscient concerne l'idée même de savoir comment conceptualiser le sujet. Toute son œuvre concerne en conséquence l'étude du sujet inconscient . Bien que la définition selon Lacan du sujet ne soit pas la base unique de tout le rejet contemporain des approches relationnelles de l'intersubjectivité, la plupart des arguments contre se situent néanmoins autour du fait que la découverte de l'inconscient freudien a généralement déclenché une perturbation dans la notion de la subjectivité. Une telle approche révèle une forme de suspicion à l'encontre de la perspective phénoménologique en psychanalyse. III. Ccb. Description métapsychologique de l'intersubjectivité : La théorie de la séduction généralisée de Laplanche Jean Laplanche a mené plus clairement et plus loin la position de Lacan sur le « réel traumatique » dans le domaine intersubjectif, en mettant l'accent sur les messages énigmatiques dont les origines sont au-delà du langage, transmis de mère à nourrisson avant qu'il en ait la capacité de les comprendre. Le noyau énigmatique pose un défi aux explications finales et ne peut sans cesse qu'être traduit et retraduit tout au long d'une vie. La relation analyste-patient est ici fondamentalement asymétrique et analogue à la dissymétrie primaire que le patient a vécue dans son enfance. En substituant l'idée de refoulement de Freud à celle de traduction, Laplanche (1999b, 2011) a ouvert la voie sur une explication intersubjective de la constitution de l'inconscient. Dans la communication normale entre un adulte et un enfant, l'adulte transmet des messages énigmatiques en raison de l'inconscient de l'adulte. L'enfant traduira ces messages aussi bien que possible. Ce qui est perdu dans la traduction constitue l'inconscient de l'enfant. Laplanche propose un point de vue original de la source « interhumaine » de la vie psychique. Pour Laplanche, la métapsychologie n'est pas une conception de l'âme : elle doit rendre compte de l'action thérapeutique de la psychanalyse clinique. La théorie de Laplanche est fondée sur la primauté de l'autre – les adultes ou enfants plus âgés qui historiquement et concrètement donnent des soins à l'enfant – dans la

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