Retour vers le menu
s'appliquent également au processus primaire de mentation , une fonction de l'hémisphère droit (Galin, 1974 ; Joseph, 1996) de l'esprit inconscient. Efrat Ginot (2007) a examiné comment les styles implicites d'attachement, dans leur encodage neuronal, trouvent leur expression répétée tout au long de la vie et se réalisent par l'énaction. Elle postule que les énactions ( enactments) sont des manifestations intersubjectives de schémas d'attachement neuronalement encodés, acquis dans le contexte des relations primaires. Ceci est un exemple pour illustrer comment les zones apparemment non connectées, et dans ce cas l'intersubjectivité, l'attachement et la neuroscience, s'entrecroisent inévitablement et s'illuminent les uns les autres. Rassembler les études neurobiologiques développementales et les études psychanalytiques développementales, a permis à Otto Kernberg (2015) de mettre en relief la complexité dynamique des premières semaines et premiers mois de la vie, dans lesquels les affects « affiliatifs » et les pulsions liés à l'attachement, le lien par le jeu (play-bonding ) et la stimulation érotique, nourrissent l'attention intense portée à l'autre. L'une des conclusions potentielles pointent sur des volontés non-linéaires bidirectionnelles d'unité (double) symbiotique et de différentiation de soi et de l'autre, qui débutent pendant les premières semaines de la vie . Les investigations neurobiologiques effectuées semblent affirmer le point de vue potentiellement inclusif : le cerveau droit serait le centre dynamique d'un système esprit-corps affectivement chargé, latéralisé, inconscient dont l'auto-organisation, la croissance et le développement se déroulent dans un contexte intersubjectif de volontés bidirectionnelles d'unité et de différentiation par rapport à l'autre. L'une de ces zones où cela se manifeste potentiellement dans la situation psychanalytique est une zone d'énaction préverbale, où les connexions hémisphériques du cerveau droit facilitent la communication inconsciente préverbale, une précondition pour un nouveau travail de symbolisation et de représentation. Spécifiquement en Europe , un autre point de contact entre le caractère central de l' intersubjectivité dans les études développementales et cliniques est venu de la recherche neuroscientifique effectuée par Giacomo Rizzolatti , à Parme (en Italie), sur les neurones miroir (Rizzolatti et al. 1996, Rizzolatti & Craighero 2004). La découverte des mécanismes miroir a ouvert un nouveau scénario permettant de comprendre comment nos actions, mais aussi nos sensations et émotions se développent dans une dimension centrée sur le nous : lorsque nous observons une personne en action, par une sensation, par une émotion, nous la comprenons en réutilisant les mêmes circuits neuronaux qui raccordent notre expérience de première personne avec cette action, sensation, émotion. Ce mécanisme fonctionnel commun – la « simulation incarnée » (Ammaniti & Gallese 2014, Gallese 2015) nous procure un fondement neurobiologique pour ancrer le soi dans le corps, en accord avec l'affirmation de Freud, selon lequel : « Le Moi est avant tout un Moi corporel ; il n'est pas seulement un être de surface mais lui-même la projection d'une surface […] Le Moi conscient est avant tout un Moi corps. » (Freud S. (1923/1981).
339
Made with FlippingBook - Online Brochure Maker