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le célèbre artiste Alberto Giacometti (1901-1966), né en Suisse, s'est senti « soudainement » libre, en 1946, de créer des figurines de taille réelle et de lancer son nouveau style filiforme de l'après-guerre, qui représente des femmes debout et des hommes en marche. Alors qu'il était encore un jeune garçon, Giacometti avait vu sa mère, qu'il aimait de manière ambivalente, émerger d'un état comateux après avoir frôlé de près la mort, à la suite d'une fièvre typhoïde ayant duré plusieurs mois. Elle était devenue squelettique et ses cheveux avaient blanchi. L'expérience traumatique infantile non assimilée de l'artiste fut réactivée en 1946 quand il revint à Paris et rencontra dans son quartier des survivants des camps de concentration. L'artiste put faire l'expérience du nouveau trauma, celui de voir des personnes à l'orée de la mort par la fièvre typhoïde et il put se libérer des défenses obsessionnelles contre sa propre agressivité, qui l'avaient paralysé depuis le début de la guerre. Giacometti pu constater la différence entre le sadisme réel des Nazis et ses propres souhaits et fantasmes hostiles. La comparaison des images effrayantes de sa mère proche de la mort trente-six ans auparavant, qu'il avait gardées en mémoire, jusqu'à celles de mourants lors de l'après-guerre à Paris, a contribué à l'assimilation des ces mémoires traumatiques antérieures. La révision rétroactive des sentiments hostiles envers des membres de sa famille pendant son enfance lui permettait désormais de les transformer en des icônes de survie sculptées.
IV. CONCLUSION
Les premières observations de Freud selon lesquelles certaines mémoires ont un pouvoir traumatique plus élevé quand elles sont remémorées que lorsqu'elles furent inscrites au départ, l'a conduit à formuler l'une des conceptualisations plus complexes et non-linéaires, la Nachträglichkeit . Les points de vue rassemblés dans cette entrée illustrent l'évolution de la conception du traumatisme, à partir d'un évènement désorganisant de la sexualité infantile, en relation précoce à une nature élémentairement régressive des pulsions, qui restent longtemps en silence, puis trouvent leur expression dans un deuxième temps ultérieur. Si le second temps est qualifié de traumatique, il se révèle après coup que le premier, silencieux, était le véritable temps de l’évènement traumatique. L'histoire du concept lui-même suit un processus similaire en deux temps, tel qu'elle le décrit. En Europe, la psychanalyse de langue française a été dans les premiers rangs de la renaissance du concept. Lacan fut l'inventeur du terme après-coup pour souligner que l'opération de l'après-coup n'est jamais terminée : elle entraîne un effet secondaire. Cela révèle une structure temporelle d'un ordre bien plus élevé que la « rétroaction » ; notamment, « l'après » attend que « l'avant » ait pu assumer sa place légitime. Les auteurs analytiques contemporains francophones précisent de manière plus profonde la dynamique circulaire en spirale de l'émergence-disparition-retour comme formulation dynamique centrale des aspects constructifs des processus psychanalytiques. La plupart d'entre eux se sont concentrés sur le travail réalisé par le processus de l'après-coup sur l'économie traumatique régressive des
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