Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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l'animal et la pulsion humaine, la relation et la continuité entre l'instinct animal et la fonction du Moi humain n'est pas moindre. En ce qui concerne la reconnaissance par Freud, en 1940, d'un développement autonome du Moi, Hartmann l'approfondit et souligne que lorsque la différentiation en trois systèmes psychiques a lieu, chacun d'entre eux distribue (sa propre) énergie psychique. À titre d’exemple de cette différentiation toujours plus fine, Hartmann a dirigé une recherche profonde dans le domaine des conditions « intrasystémiques » qui ont lieu au sein du système du Moi. C'est en tournant son attention sur la compétition qui existe entre les différents intérêts du Moi , ainsi qu'entre les différentes fonctions du Moi , qu'il les décrit en termes de conflits intrasystémiques et les distingue des conflits intersystémiques. Ces corrélations et conflits intrasystémiques , qui soulignent les nombreux contrastes au sein du Moi, doivent être prises en considération à des fins d'évaluation de la force du Moi ou du contrôle du Moi, puisque la force dans un domaine particulier peut devenir par ailleurs l'origine même de la faiblesse du Moi, de même que l’accomplissement de l’adaptation dans un sens peut provoquer des troubles et des déséquilibres dans d'autres. Selon Hartmann, toute définition de la force du moi serait insatisfaisante si elle prenait en compte uniquement les relations avec les autres systèmes psychiques et non pas les facteurs intrasystémiques et les interrelations entre les différentes fonctions du moi. Ce domaine fut déterminant pour les futures études menées par les nouvelles générations de penseurs freudiens comme, par exemple, en témoigne le travail de Leo Rangell (1963, 1969a, b) sur le conflit intrapsychique. Outre les ajouts et les consolidations , par exemple, en ce qui concerne la structure même du Moi (spécifiquement l'activité du Moi et son élasticité ) ; la description en détail d'autres fonctions que les défenses, ou d'autres processus tels que la neutralisation ; le retracement des aspects des défenses dynamiques développementales et adaptatives du point de vue de leur fonctionnalité ; et la mutabilité des pulsions instinctuelles humaines en comparaison à la rigidité des instincts des espèces animales, Hartmann propose des clarifications, comme les éclaircissements apportés au concepts déjà existants de la sublimation, l'identification, l'internalisation et l'introjection, ainsi que la flexibilité d’application de la méthodologie, la technique et le changement psychanalytiques (le « principe d'attraction multiple » ; Hartmann, 1951) ; ou de la psychanalyse comme science. Il propose également des élargissements de la psychanalyse en tant que « champ de vision », dans le sens d'une psychologie normale et générale ; ou vers l'observation directe des nourrissons ; mais aussi il développe des définitions non-linéaires (régressives-progressives) de la croissance, des dimensions relatives au continuum santé-maladie et adaptation- maladaptation : « […] une personne saine doit avoir la capacité de souffrir et d'être déprimée. Notre expérience clinique nous a enseigné les conséquences qui découlent de la propension à faire abstraction de la maladie et de la souffrance, d'être incapables d'accepter pour soi- même la possibilité que survienne la maladie et la souffrance. Il est même probable qu'une part restreinte de souffrance et de maladie puisse faire partie du schéma de la santé, si l'on peut dire, ou plutôt que l'on puisse trouver la santé par des moyens

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