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par l'interprétation et la reconstruction. Pour Loewald, le transfert est un corollaire intrapsychique de l'interpersonnel, qui recapture les profondeurs perdues, permettant de changer les « fantômes » (les complexes inconscients) en des ancêtres (une structure psychique bien intégrée) par une étape de « démon » transitionnel (le transfert régressif). Selon ce point de vue, le transfert est crucial pour la santé, pas uniquement pour ce qui relève de la pathologie. Ce processus conduit à l'expérience intégrative tant désirée ( longed for ), conceptualisée comme une tendance inhérente développementale et clinique qui vise à l’intégration. L’activité organisatrice de l’intériorisation en tant qu’inclination développemental et clinique, est centrale dans les travaux de Loewald. Dans ce cadre, il recontextualise de nombreuses modalités psychologiques/pulsionnelles en termes d'activités organisatrices. Loewald réaffirme le caractère central du complexe d'Œdipe pour tout travail clinique, par le biais d'une nouvelle définition du stade œdipien en soulignant l'émergence de la capacité d'autoréflexion, de la responsabilité personnelle, et de l'individualité : la capacité d'être un individu. L'objet, les relations d'objet et le self – dans le sens analytique intrapsychique – n'existent pas avant le stade œdipien. De plus, dans une discussion affinée au sujet du parricide et de l'inceste, il rassemble le narcissique et le préœdipien directement dans le noyau œdipien. Autant de résonances avec la formulation de la position dépressive de Melanie Klein en ce qui concerne l'emphase sur la culpabilité et la réparation, et avec celles de Kohut et de Winnicott en ce qui concerne le caractère symbiotique et transitionnel de l'expérience œdipienne, telle que Loewald l'a définie. La version d’ Otto Kernberg , en termes de la théorie des relations d'objet dans le cadre du modèle structurel de Freud et de la psychologie du Moi de Hartmann, est depuis les années 1970 en cours de développement. Dans sa formulation, les représentations du soi et de l’objet sont liées par des dispositions affectives. La focalisation qui se pose ici est sur les conflits précoces qu'éprouvent les individus atteints de pathologies limites ( borderline ). Dans cette approche, les relations d'objet sont des organisateurs essentiels du Moi (Kernberg, 1976) et les unités d’affect- self -objet ( self-object-affect units ; Kernberg, 1976), en tant que déterminants primaires des structures générales de la psyché (Ça, Moi, Surmoi). Dans son article « Self, Ego, Affects and Drives » (« Le self, le Moi, les affects et les pulsions » ; Kernberg 1982), Kernberg clarifie sa vision sur le développement et la formation de la structure psychique, et propose une modification de la théorie dualiste de la pulsion. Lorsqu'il définit le self en tant que structure intrapsychique qui prend naissance dans le Moi ( Ich/I ) et y est nettement enchâssée, Kernberg reste proche de l'insistance implicite de Freud selon laquelle le self et le Moi (Ich/I) seraient liés de manière indissoluble . S'adressant au développement des représentations du self et de l’objet les plus précoces, Kernberg intègre les conclusions de la neurobiologie contemporaine, ainsi que les études sur le développement de l'infans, avec sa reformulation de la théorie dualiste de la pulsion à la lumière des relations entre les affects et les pulsions. C'est ainsi que les nombreux affects font partie du système motivationnel primaire, qui relient les représentations du self et de l’objet progressivement différenciées et intégrées avec des affects qui de façon progressive se regroupent dans des pulsions libidinales ou agressives. Dans ce modèle, les affects sont les éléments de base ou les composants des pulsions. Pendant les 30 années suivantes, Kernberg continue, met à jour et affine son travail d'intégration.
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