Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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fonctionnement défensif ou sens de culpabilité), et les dérivés inconscients peuvent se trouver dans le conscient. Cependant, la première topique situait le contenu (et les processus) dans le même système de l'inconscient ( Ucs ) ou dans le système préconscient ( Pcs ) et conscient (Cs) (Gill, 1963 ; Waelder, 1960). Ces observations cliniques mettent en évidence un besoin de redéfinition théorique, ce que Freud avait élucidé lorsqu'il introduit sa théorie structurelle, par laquelle l’appareil psychique est considéré en termes de trois instances/structures : le Ça, le Moi et le Surmoi, différenciés non pas par leur accès au conscient mais par des ensembles stables de fonctions et de forces motrices. Dans la théorie structurelle, la définition du Moi précise qu'il est composé d'une organisation cohérente de processus, tels que le contrôle de la décharge, la censure et les défenses, la pensée et l'épreuve de réalité, allant de la frontière perméable du préconscient à la frontière perméable de l'inconscient. Il est intéressant de constater que l'article de Freud (1915) sur « The Unconscious » (« L'inconscient ») le présageait déjà ainsi : « Freud avait brièvement conçu la pensée préconsciente complexe, mêlée d'infusions d'éléments inconscients », qui s'étendent « d'une frontière perméable du système Ucs à la frontière perméable du système Cs 141 » (Busch, 2015, p. 557) . À l'épicentre du développement de la psychologie du Moi fut la permutation que Freud élabore depuis sa première théorie de l'angoisse à la seconde théorie de l'angoisse. Nous voyons ici que le Moi actif génère un signal d'angoisse en réponse à des dangers anticipés que posent les pulsions sexuelles ou agressives. L’angoisse- signal (« signal anxiety ») est une angoisse traumatique archaïque rudimentaire transformée qui sert à signaler les dangers liés à la perte de l'objet, la perte de l'amour de l'objet, la castration et la perte de l'assentiment intérieur/ « l'amour du Surmoi ». L’angoisse-signal déclenche les défenses, afin de contrer les dangers imminents : « La conception antérieure n’était pas loin de considérer la libido de la motion pulsionnelle refoulée comme la source de l’angoisse ; selon la conception nouvelle, c’était au contraire le Moi qui devait faire les frais de cette angoisse. » (Freud, 1926, p. 161) Le Moi assumait son rôle d'instance exécutive de la psyché, par la gestion du conflit et la formation du compromis. Dans ses derniers écrits sur le sujet, Freud (1940) postule le développement autonome du Moi. Le modèle structurel n'est pas apparu en un éclair et n'a pas non plus remplacé le modèle topographique. Les éléments de la théorie structurelle furent progressivement formulés et anticipés, bien avant 1923. Cependant, Freud revenait souvent à la compréhension topographique des phénomènes psychiques. Ainsi, le développement d'une théorie cohérente laquelle proposait des connexions spécifiques entre les deux théories de l'angoisse – c’est-à-dire, une « théorie unitaire de l'angoisse » (Rangell 1969 a,b) – ou la mise en application des principes de la psychologie du Moi de manière systématique dans la technique psychanalytique, comme par exemple, le principe « d’analyser les défenses » plutôt que de les

141 Citation traduite pour cette édition (N.d.T)

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