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terminologique de « Ich » au «Moi» (« ego ») de Strachey vise la constance, mais au détriment de la terminologie de Freud : son aspect double s'y perd. Dans certains cas, Freud (1930a,b) assimile le self avec « je ». Dans l'ouvrage Malaise dans la civilisation , il utilise le terme « Selbst » pour « Self » ainsi que « Ich » dans une même phrase. Par exemple, dans l'original en allemand : « Normalerweise ist uns nichts gesicherter als das Gefühl unseres Selbst, unseres eigenen Ichs. » (Freud 1930b, p. 423). La traduction en anglais de Strachey se lit ainsi : « Normally, there is nothing of which we are more certain than the feeling of our self, of our own ego. » (Freud, 1930a, p. 65) 182 . Par ailleurs, pour Freud, le soi équivaut à la personne entière. Dans ses écrits au sujet du Ich malade (Freud 1940a,b), il écrit que : « Das kranke Ich verspricht uns vollste Aufrichtigkeit, […] wir sichern ihm strengste Diskretion […] » (Freud 1940a, p. 98). La traduction en anglais de Strachey se lit ainsi : « The sick ego promises us the most complete candour […] we assure the patient of the strictest discretion 183 […] » (Freud 1940b, p. 173). Une autre page dans l’Abrégé de psychanalyse , décrit le self comme un aspect de Je, lorsque Freud précise : « […] wenn das Ich einer Versuchung erfolgreich widerstanden hat, etwas zu tun, was dem Überich anstössig ware, fühlt es sich in seinem Selbstgefühl gehoben […] » (Freud 1940a, p. 137). Dans la traduction anglaise de Strachey, nous avons : « […] if the ego has successfully resisted a temptation to do something which would be objectionable to the superego, it feels raised in its self-esteem 184 » (Freud 1940b, p206). Dans le même texte (Freud 1940a, b), résumant les idées explicitées dans ses écrits précédents (Freud 1914), Freud fait un contraste entre Ichliebe et Objektliebe (Freud 1940a, p.71), visiblement l'amour de soi ( self-love ) en contraste à l'amour d’objet ( object-love ). La traduction anglaise de Strachey donne cette interprétation « the contrast between ego-love and object-love » (Freud 1940b, p.148) 185 . Cette traduction, qui rend l'ambiguïté confuse, pourrait avoir influencé à ce que Hartmann la corrige par la séparation conceptuelle progressive du Moi par rapport au self, et du self aux représentations de soi ( self-representations ), une séparation qui, bien qu'elle soit responsable d'autres développements conceptuels, pourrait avoir en même temps complexifié la démarche de conceptualisation des relations entre les fonctions du Moi impersonnelles d'une part et la subjectivité, d'autre part. Selon Kernberg (1982, p. 898), cette stricte délimitation pourrait avoir contribué au retrait du self de la métapsychologie, et ce faisant l'appauvrir, pour 182 N.d.T. Citation en version anglaise traduite par « […] normalement, rien n'est plus stable en nous que le sentiment de nous-mêmes, de notre propre Moi. » (Revue française de Psychanalyse, t. VII, n° 4, 1934, p. 692, et t. XXXIV, nº I, 1970, p. 9) 183 Citation en version anglaise traduite par : « Le moi malade du patient nous promet une franchise totale, […] De notre côté, nous lui assurons la plus stricte discrétion... » (Freud S., 1938, Abrégé de psychanalyse, Paris, PUF, 1992, p.41). 184 Citation en version anglaise traduite par : « quand le moi a pu résister à la tentation de commettre une action réprouvée par le surmoi, son amour-propre s'en trouve flatté et sa fierté s'accroît, comme s'il avait réalisé quelque gain précieux. » (Freud S., 1938, Abrégé de psychanalyse , Paris, PUF, 1992). 185 Citation en version anglaise traduite par : [les instincts, opposés l'un à l'autre, de conservation de soi et de conservation de l'espèce], ainsi que ceux, également contraires, d'amour de soi et d'amour objectal » (Freud S., 1938, Abrégé de psychanalyse , Paris, PUF, 1992).
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