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développement, d'autres ont lieu tout au long de la vie, qui peuvent engendrer des degrés différents de psychopathologie. Comment le conflit se manifeste varie selon les niveaux de développement, la psychopathologie et les facteurs culturels. Les psychanalystes de l'enfance considèrent aussi que le conflit développemental est normal, prévisible et généralement transitoire (Tyson & Tyson, 1990). Ces conflits proviennent des forces maturationnelles normatives spécifiques et propres à la phase, que l'enfant traverse et qui le met en conflit par rapport à son environnement. Lorsque l'internalisation de la demande externe a eu lieu, ce conflit développemental spécifique se résorbe pour laisser la place à une autre étape de structuration et du développement de la personnalité (ibid, pp. 42-43). III. B. Les perspectives psychologiques du Moi Les modèles psychanalytiques qui donnent davantage de poids au conflit sont ceux qui soulignent le rôle du Moi et des pulsions, comme la théorie « classique » et la psychologie du Moi. Le conflit a reçu davantage d'importance de la part de l'héritière contemporaine de la psychologie du Moi, appelée la théorie moderne du conflit. Les théoriciens de la théorie moderne du conflit partent de la théorie structurale de Freud, afin de se focaliser sur la formation de compromis, entre les dérivés pulsionnels, les angoisses, les défenses et la pression du Surmoi. Le compromis est la conséquence du conflit. Les compromis, comme les conflits, sont partout, puisque chaque aspect de la psyché est conçu pour se structurer autour de la formation de compromis : c'est à dire autour du conflit. Pour les théoriciens de la théorie moderne du conflit, le développement psychique est considéré davantage comme une séquence de formations de compromis plutôt que par la structure tripartite classique de Freud (le Ça, le Moi et le Surmoi). L'objectif de la cure psychanalytique est d'aider le patient à reconnaitre ses conflits inconscients et de comprendre, par l'insight, la manière dont il se défend contre les dérivés pulsionnels, fondés sur les craintes inconscientes qui proviennent de l'enfance. La tâche de l'analyste est de structurer une situation psychanalytique qui facilite l'émergence du conflit inconscient et des défenses, de manière la plus claire possible, et d'interpréter ce contenu inconscient au patient, afin de l'aider à effectuer des formations de compromis plus adaptées (Abend 2005, 2007; Arlow 1963; Brenner 1982, 2002; Druck et al 2011; Ellman et al 1998). A l'origine, la psychologie du Moi était d'avantage associée à Anna Freud, Heinz Hartmann, et ses collaborateurs Ernst Kris, David Rapaport, Erik Erikson et Rudolf Lowenstein. De nombreux autres ont effectué d'importantes contributions d'impact technique et d'influence sur les théories postérieures. Parmi eux l'on peut nommer R. Waelder, O. Fenichel, E. Jacobson, M. Mahler, H. Nunberg, J. Arlow, C. Brenner, L. Rangell, H. Blum et bien d'autres. L'un des psychologues du Moi qui a porté un intérêt indéfectible au conflit, Jacob Arlow (1987), reformula les propos d'Anna Freud, Ernst Kris (1950) et Heinz Hartmann (1939), en précisant que : « L'on peut définir la psychanalyse comme une vision de la nature humaine du point de vue du conflit » (p.70). Dans son ouvrage critique sur la psychologie du Moi et la théorie structurale contemporaine, Blum (1998) soulignait que la psychologie du Moi était « une appellation inappropriée pour une théorie structurale, et par conséquent, qu'une
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