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(Winnicott, 1953, p 12), survient alors chez l'infans le fantasme de créer le sein. Le sein est un « objet subjectif », créée de manière omnipotente par l'infans. Sans cette illusion, écrit Winnicott, « aucun contact n'est possible entre le psychisme et l'environnement » (Winnicott, 1952, p 223). L'expérience de l'omnipotence, de l'illusion est le fondement tant pour le sentiment élémentaire du self que pour une relation créative personnelle avec le monde. L'alternative en est une relation réactive, sur la base de l'adaptation, où « l'impulsion personnelle » et la vitalité sont absentes. Dans cette situation, l'enfant est en relation avec le monde à partir d'une position du faux- self, qui mène à un sentiment de futilité et à un développement frustré de la capacité de formation symbolique et de l'usage des objets transitionnels. La question de la désillusion, de la perte de l'omnipotence et l'entrée du principe de réalité survient plus tard. Sans la phase d’illusion primaire, le processus de la désillusion perd son sens. Selon Winnicott, « la tâche ultime de la mère est de désillusionner progressivement l’enfant, mais elle ne peut espérer réussir que si elle s’est d’abord montrée capable de donner des possibilités d’illusion. » (1953, p 11). L'on peut constater que dans la théorie de Winnicott, au sujet des premiers débuts de la vie mentale, se trouve une sorte de modèle à deux pistes. Puisque les états de non-séparativité de l'enfant alternent avec des états de sentiment naissant de séparativité, une réalisation vague de quelque chose « qui n'est pas moi », surtout quand les besoins ne sont pas pourvus et que l'activité musculaire (que Winnicott associe avec l’agressivité) rentre en résistance. « En effet », dit-il, « le bébé peut éprouver le principe de réalité çà et là et de temps à autre, mais non pas tout en même temps ; c’est-à-dire qu’il garde, à la fois, le souvenir d’objets subjectifs et d’autres souvenirs dans lesquels il existe une relation à des objets perçus objectivement, des objets non-moi » (1962, p. 57). Ainsi, l'infans oscille entre ces deux états, mais encore une fois l'important est que l'infans puisse recevoir des opportunités d'une illusion de créer l'objet, qui est à la base du développement d'un sentiment de self personnel. La fonction du faux self est de protéger le vrai self de l'exploitation et de gérer sa relation avec l'environnement. Winnicott définit ainsi l’organisation du faux self . « A l’extrême : le faux ‘ self’ est établi comme réel et c’est lui que les observateurs ont tendance à prendre pour la personne réelle. Cependant dans les relations de la vie quotidienne, […] le faux ‘ self’ commence à faire défaut. […] le vrai ‘ self’ est dissimulé. […] A un degré moins extrême : le faux ‘ self ’ défend le ‘ self ’ authentique [qui] est toutefois perçu comme virtuel et une vie secrète lui est permise [...] A un degré plus proche de la santé : le faux ‘ self’ a pour but principal la quête des conditions qui donneront au vrai ‘ self’ la possibilité de recouvrer son bien. Si ces conditions ne peuvent être trouvées, il faut alors que se réorganise une nouvelle défense contre l'exploitation du vrai ‘ self’ [...] Dans l’état de santé : le faux ‘ self’ est représenté par toute l’organisation que constitue une attitude sociale polie, de bonnes manières et une certaine réserve. » (1960b, p 142-143). Un aspect, souligné par Winnicott (1949), du faux self et sa fonction prématurée de holding , a lieu lorsque la pensée de la personne commence à prendre la relève pour prendre soin du psyché-soma, alors que chez un sujet sain, c'est à la fonction de l'environnement de le
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