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faire. La psyché est « séduite » par l’esprit (l’intellect), à l’écart de la relation intime que la psyché avait au début avec le soma. « Il se développe, dans ce cas, une dissociation entre l’activité intellectuelle et l’existence psychosomatique » … [avec une] « tentative de la part de l’individu de résoudre son problème personnel en utilisant un intellect brillant, le tableau clinique qui en résulte a ceci de particulier qu’il peut très facilement abuser autrui. » (1960b, p 144). Pour la personne, il existe dans cette situation la perte du sens profond du self pour lequel un lien intime entre psyché et soma est essentiel. Winnicott est intentionnellement vague quand il aborde le thème du vrai self . Pour lui, « Définir l’idée d’un vrai ‘ self’ n’a que peu d’intérêt, si ce n’est pour tenter de comprendre le faux ‘ self’, car le vrai ‘ self’ ne fait guère plus que rassembler dans ses détails l’expérience liée au fait de vivre. » (1960b, p. 148). Le vrai self est un potentiel inné, unique pour chaque personne et fondamentalement dépendant d'un environnement favorisant pour qu'il soit articulé et vécu. C'est la source de la créativité de se sentir réel et vivant : « Au stade le plus primitif, le vrai self est une position théorique d’où provient le geste spontané et l’idée personnelle [...] Le vrai self provient de la vie des tissus corporels et du libre jeu des fonctions du corps [...] Il est étroitement lié à l'idée du processus primaire » (ibid.). C'est-à-dire qu'il a un profond rapport avec l'inconscient et le rêve. Dans l'un des articles de l'ouvrage Playing and Reality ( Jeu et réalité ), Winnicott écrit au sujet du « rêve profond » qui est au centre de la personnalité (1971, p 109). C'est-à-dire le vrai self est primaire, et « […] le concept de la réalité individuelle intérieure des objets s'applique à un stade plus tardif que celui auquel s’applique le concept de ce qu'on appelle le vrai ‘ self’. » (1960b, p 149). Dans l'article à la fois riche et complexe « Communicating and Not Communicating Leading to a Study of Certain Opposites » (« De la communication et de la non- communication, suivi d’une étude de certains contraires », 1963), Winnicott approfondit sa pensée au sujet du vrai self et lui donne une qualité plus énigmatique. Il suggère que « […] chez l'individu bien portant, il y a un noyau de la personnalité qui correspond au vrai ‘ self ’ de la personnalité morcelée. Je pense que ce noyau ne communique jamais avec le monde des objets perçus et que l'individu sait qu'il ne doit jamais entrer en communication et qu'il ne doit pas être influencé par la réalité extérieure. [...] Au cœur de chaque personne se trouve un élément de non-communication qui est sacré et dont la sauvegarde est très précieuse. » (1963, p 187). Ce « self » central est « […] pour toujours inaccessible au principe de la réalité et pour toujours silencieux. » (Ibid., p192) Il est silencieux dans le sens ou n'existe aucune communication avec le monde extérieur ainsi que dans le sens où il existe une communication silencieuse ou personnelle, une communication onirique avec des objets et phénomènes subjectifs qui « portent en eux un sentiment du réel » (ibid., p 184). Réel, puisque cela implique une connexion avec l'élément central profond personnel de l’individu. L'accès à ce centre interne non-communiquant est inhérent à la capacité de la personne saine d'être seule, car c'est à partir de là que provient la capacité spontanée de créer le lien. Winnicott qualifie de « directe » la communication centrale silencieuse et la communication avec des objets externes d’ « indirecte » . Elle est indirecte dans le sens qu'elle n'a qu'une connexion dérivée avec le centre de la personnalité, et en même temps elle rend vivante la communication avec l'autre.
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