Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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l'accomplissement d'une identité individuelle stable, dans un monde où les autres sont perçus de manière prévisible et réaliste. Ce processus s'appelle la « séparation-individuation » ou la « naissance psychologique » de l'enfant. Processus complémentaires, mais aussi développementaux et distincts, la séparation, quant à elle, se définit par l'émergence de l'enfant par rapport à la fusion symbiotique avec la mère : l'individuation représente les accomplissements qui mènent l'enfant à ses propres caractéristiques individuelles (Mahler et al, 1975, p.4). Au départ, la théorie de Mahler supposait que l'enfant se développe à partir d'un « autisme normal » par une période de symbiose, et de quatre sous-stades qui se déploient de manière séquentielle dans un processus de séparation-individuation, de différentiation, de pratique, de rapprochement et de constance de l'objet (Mahler, Pine et Bergman, 1975). En réalisant plus tard que depuis la naissance les enfants montrent des signes de conscience vis-à- vis de leur environnement et des objets qu'il contient, elle renonce alors au concept pour la période des deux premiers mois de la vie néonatale qui au départ était perçu comme étant une phase autistique normale fondée sur le narcissisme primaire et une barrière des stimuli. Dans ses théories ultérieures, la barrière des stimuli devient un « filtre aux stimuli », terme que lui avait suggéré Blum (Blum, 2004b). Cependant, bien que Mahler elle-même avait abandonné la phase autistique et modifié ses conclusions au sujet de la phase symbiotique, de nombreux analystes européens ont gardé sa description initiale des deux phases en ce qu'ils représentent des précurseurs archaïques (la « préhistoire ») de l'émergence du Self qui seraient potentiellement et manifestement présents dans des pathologies sévères du self chez les enfants et les adultes, selon leurs différentes conceptualisations. La description originale de Mahler explicite que la phase normale autistique comprend une absence relative d'investissement de stimuli externes et que les processus physiologiques, plutôt que psychologiques, dominent. Dans cet état de narcissisme primaire absolu, l'objectif est d'atteindre un équilibre homéostatique de l'organisme dans le nouvel environnement externe. L'état autistique est un état d'indifférenciation, ou de fusion avec la mère, dans lequel le Moi n'est pas encore différencié du non-Moi, et où la réalité, interne et externe, commence seulement progressivement à être perçue de manière différenciée. À partir du second mois, c'est-à-dire la phase symbiotique, il était alors supposé que l'infans fût seulement faiblement conscient des objets, dans un état de fusion « somato- psychique délirante » (Mahler et al, 1975, p.45), un état positif d'être en relation ayant lieu dans un contexte intrapsychique d'absence de limites entre le self et l'autre (Fonagy, 2001). C'est ainsi que la mère, en phase avec l'enfant, effectue et maintient un dialogue affectif et moteur approprié, par le contact avec les yeux, les expressions du visage, le toucher, le holding , etc., ce qui contribue à ce que l'enfant puisse intégrer la capacité de moduler et de réguler ses affects (Blum, 2004). Dans sa description initiale, la phase symbiotique commence au point où la barrière des stimuli, ou la coquille autistique qui tient à distance les stimuli externes, commence à se briser. L'infans commence à avoir une conscience vague de l'objet satisfaisant ses besoins, qui

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