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La disponibilité émotionnelle optimale de la mère, dont sa capacité d'accepter l'ambivalence de l'enfant, permet à l'enfant d'investir la représentation du Self avec l'énergie libidinale. La crainte de perdre l'amour de l'objet devient plus évident, au lieu de la crainte de perdre l'objet d'amour. Pendant la « crise du rapprochement », alors que l'enfant abandonne progressivement l'illusion de sa propre grandeur, souvent par des luttes dramatiques avec sa mère, il peut typiquement utiliser la mère comme un prolongement du Self , un processus qui permet à l'enfant de nier temporairement la conscience douloureuse d'être séparé d'elle. Fondamentalement, le recul de l'omnipotence infantile est compensé par les identifications sélectives avec la mère dotée de qualité de compétence, de tolérance et d'affection (Blum, 2004b). La réalisation de la constance de l'objet pendant la période de 24 à 36 mois et de la constance du Self , représente la sous-phase finale du processus de séparation-individuation et un jalon majeur du développement. Les deux épreuves principales de cette période sont le développement d'un concept stable du Self et un concept stable de l'autre ; ils sont organisés autour des coparticipants dans toutes les relations d'objet de l'enfant (Greenberg et Mitchell, 1983). Idéalement, l'enfant peut désormais garder un sentiment de sa propre individualité, ainsi que le sentiment de l'autre comme une présence interne positivement investie. Il peut fonctionner de manière autonome en l'absence de la mère/autre, avec la capacité de mieux comprendre l'expérience distincte du self et de sa mère, de son propre esprit distinct et des intentions et intérêts de l'autre. En assimilant la bienveillance de sa mère et de ses fonctions régulatrices, il peut désormais mieux tolérer les séparations, les frustrations et les déceptions. Au 36 ème mois, la maturation des fonctions du Moi et la constance libidinale de l'objet permettra la consolidation de l'identité du Self ainsi que le potentiel de séparation. Mahler a su créer une interface entre la théorie classique de la pulsion et la théorie développementale des relations d'objet en utilisant le concept de la symbiose pour désigner la relation dans la réalité ainsi que le fantasme interne déterminé par la libido (Greenberg et Mitchell, 1983). L'usage que fait Mahler des concepts « d'environnement moyen prévisible » (Hartmann, 1927 [1964]) et « d'adaptation » (Hartmann, 1939) a décalé le modèle de la pulsion dans une direction qui donne à la relation à l’autre un rôle central bien plus important (Greenberg et Mitchell, 1983, p.282). Afin de spécifier l'environnement moyen prévisible, Mahler (Mahler 1961 ; Mahler et Furer, 1968) s'est aussi inspiré du concept de la « mère dévouée/suffisamment bonne ordinaire » de Winnicott (1960). De cette façon elle assimile l'environnement précoce de l'enfant à la personne spécifique de la mère. La théorie contemporaine de la séparation-individuation inclut la mère réelle et l'enfant, ainsi que les concepts d'intégration et de représentation interne. La théorie de Mahler met en corrélation l'observation obtenue par l'analyse avec les transformations développementales intrapsychiques : « Les changements intrapsychiques peuvent comporter une évolution dans les limites du Moi ( ego ), la différentiation des représentations d'objet et de soi, la cohésion ou le clivage de ces représentations et l'accomplissement de la constance du self et de l'objet. Les deux partenaires dyadiques doivent être pris en compte 192 » (Blum, 2004b, p 551). Dans la modification et la reformulation contemporaine proposée, Harold Blum (2004b) intègre les conclusions menées par la recherche ultérieure dans le domaine du développement (Stern 1985
192 N.d.T. Citation traduite pour cette édition
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