Le Dictionnaire Encyclopédique de la Psychanalyse

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Pour lui, nous sommes divisés entre le « moi-bon » ( good-me ), ce que j'aime de moi, le « moi- mauvais » ( bad-me ) celui que je n'aime pas et le « non-moi » ( not-me ), étant des aspects du self tellement anxiogènes qu'ils doivent être désavoués par la dissociation. La vision du self multiple de Sullivan, ainsi que son invocation des processus dissociatifs d'autoconservation, est parvenu à l'avant-garde des conceptions relationnelles du self contemporaines, que les travaux de Philip Bromberg (1998, 2006, 2011) et Donnell Stern (1997, 2010) ont exemplifiés. Sullivan a développé le concept du « système de soi » ( self - system ) pour élucider la configuration des traits de personnalité et d'opérations de sécurité conçues afin de conserver pour soi un sentiment relatif de sécurité et de stabilité. Ce self-system est conçu pour protéger une personne d'angoisses et de hontes inutiles par l'usage de mécanismes tels que la dissociation et l'inattention sélective . L'accent que pose Sullivan sur « l'autre » comme source de danger est en consonance avec les perspectives interpersonnelles two-person contemporaines. Sur la trace de la tradition sullivanienne d'une perspective de la théorie du champ, Bromberg ( 1998) conçoit l'esprit comme « une configuration d'états de conscience mutatifs et non-linéaires dans une dialectique permanente avec l'illusion nécessaire d'un être-soi (selfhood) unitaire. » (p. 7) 201 . À la suite de Sullivan, Bromberg (1998, 2006, 2011) considère que les expériences « non-moi » sont omniprésentes et inévitables. Il affirme que les processus dissociatifs peuvent être une fonction adaptative saine de l'esprit humain, servant une fonction primaire d'autoprotection similaire au refoulement de Freud, ou au self-system de Sullivan. Ainsi pour Bromberg, « le self » est par définition un ensemble d'états du « moi » et du « non- moi » désavoués. Puisqu'un certain degré de dissociation est inévitable, Bromberg insiste sur le point que c'est le degré de dissociation dans les états du self ( self - states ) qui détermine le niveau de psychopathologie, avec les plus extrêmes exemples que constituent les expériences psychotiques. La théorie du champ relationnel contemporain considère que le self présente des incidences permettant de comprendre les interactions. Pour Bromberg et d'autres penseurs relationnels contemporains, (par ex. Stern ; Levenson), une interaction entre deux selfs implique une imbrication en perpétuelle évolution d'éléments conscients et inconscients qui affectent, et sont affectés par, autrui. Pour Bromberg, un traitement réussi implique la reconnaissance de ces self - states dissociés, parce qu'ils sont énactés dans la relation analytique pour qu'ils puissent être réorganisés par le patient dans la relation analytique. Bromberg (1998) considère qu'une condition saine représente la capacité de nos self - states multiples à se rejoindre les uns les autres, sans les entraves des processus dissociatifs de défense. Cette capacité qui représente un idéal est une aptitude à « se dresser entre les espaces » entre les états du self , ou comme il le dit lui-même : « la capacité de se sentir soi-même tout en étant multiple » (p. 274) 202 . Stephen Mitchell (1991) considère aussi que le self est multiple et discontinu, qu'il est constitué d'un ensemble de self-states similaires aux relations d'objet internalisées. Cependant

201 N.d.T. Citation traduite pour cette édition. 202 N.d.T. Citation traduite pour cette édition.

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